Bilan du cinéma mondial 2015

Difficile de faire un bilan en cette fin d’année 2015 tant il reste ici et là encore quelques grands films à sortir sur les écrans d’ici le 31 décembre ( Joy, The Hateful Eight, Star Wars: The force Awakens, The Big Short, Brooklyn, The Danish Girl). Il est toutefois possible d’évaluer plus de onze mois de réalisations. Petit bilan en dehors du milieu francophone de ce qui a plu cette année : C’est le bilan mondial 2015 !

Durant cette année remplie de déceptions et de surprises, on a retrouvé plusieurs grands noms qui ont comblé nos attentes: ils ont été nombreux les cinéastes à revenir en force en 2015 après des absences qui nous ont laissé l’eau à la bouche. Voici une dizaine de noms à retenir, qui ont livré parmi les longs métrages les plus marquants et originales de l’année jusque dans leurs modestes imperfections: l’américain contemporain Paul Thomas Anderson, qui continue la déconstruction de l’Amérique amorcée initialement dans There Wild Be Blood (2007) avec le film intoxiqué Inherent Vice, œuvre qui s’imprime délibérément de façon diffuse dans la mémoire du spectateur; le cinéaste suédois Roy Andersson, qui avec A Pigeon Sat on a Branch Reflecting on Existence, clôt sa trilogie existentielle en 39 tableaux ironiques qui forment une pénible réflexion sur le malheur de la vie humaine; le réalisateur français Olivier Assayas, dont le  Sils Maria aura donné un magnifique duel d’interprètes féminines entre l’illustre Juliette Binoche et la jeune Kristen Stewart dans une œuvre qui s’inscrit dans un contexte de postmodernité; le déjanté Quentin Tarantino avec son plus récent western spaghetti ultra-violent voir même choquant, mais terriblement Bad Ass avec The Hateful Eight ( le film n’est pas encore sorti je ne peux pas encore en dire plus !); Arnaud Desplechin dont la force lyrique de Trois souvenirs de ma jeunesse est poignante, douloureuse et nostalgique; Todd Haynes et son mélodrame sensuel servi par le sublime jeu de regard de ses actrices Cate Blanchett et Rooney Mara dans Carol; la démarche mythique et mélancolique d’Oscar Isaac dans la somptueuse cinématographie des années 80s de A Most Violent Year de J.C. Chandor; David Robert Mitchell qui a livré un film d’horreur prodigieusement maîtrisé avec It Follows, proposition novatrice sur le slasher movie qui emprunte énormément à John Carpenter et à la subversion des codes de l’horreur;

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Denis Villeneuve continue de surprendre, cette fois-ci avec Sicario, film viscéral et visuellement abouti où la tension dramatique est à son point culminant; finalement, entreprise bizarre, sensorielle et mémorielle, The Forbidden Room, film canadien coréalisé par Guy Maddin et Evan Johnson, offre une exploration incomparable des zones du rêve et de l’inconscient.

Ce groupe de réalisateurs singuliers aura empêché l’année 2015 de totalement sombrer avec des œuvres qui seront longtemps gravées dans nos mémoires grâce à leurs prouesses cinématographiques et leurs empreintes stylistiques.

Des charmantes surprises auxquelles on ne s’attendait pas:

Si quelques films attendus de l’année auront déçu (c’est notamment le cas pour Spectre, Irrational man , 50 Shades of Grey, Evrything will be fine, Black Mass ou suranticipé comme Trainwreck et Youth ), il reste néanmoins que les plus belles surprises de l’année seront arrivées (comme c’est souvent le cas) sans trop faire de bruit: On peut penser à la première œuvre claustrophobe d’Alex Garland Ex Machina, le long métrage Taxi Téhéran de Jafar Panahi qui filme un Iran renfermé et contrôlé, Room qui a remporté le prix du public à Toronto et qui pourrait causé des surprises aux Oscars (voir par ailleurs), le film transgenre et son filtre orangé avec Tangerine, le documentaire-choc The look of Silence qui fait complément à The Act of Killing (voir par ailleurs), la splendide performance de Nina Hoss dans le magnifique Phoenix, le western traditionnel, mais surprenant avec Slow West, le récipiendaire du meilleur film à Cannes dans la catégorie un certain regard White God, le film austère, Leviathan, dans la représentation d’une Russie corrompue, les deux comédies sur les crises identitaires de Noah Baumbach Mistress America et While we’re Young qui représentent à merveille le cinéma indépendant américain, la comédie absurde, mais charmante She’s funny that way, l’adaptation romantique au grand écran de Far from Madding Crowd, ou encore le thriller espagnol La isla Minima qui s’inspire de la série True Detective. Ces trésors indépendants projetés à travers la planète dans des petites salles de cinéma auront fait le bonheur des cinéphiles à l’encontre de certains succès préfabriqués et préannoncés. Tout cela pour dire que la curiosité est bel et bien la meilleure solution contre les attentes et espoirs qui peuvent ultimement nous décevoir.

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Et finalement, le film le plus divertissant de l’année revient à l’incontournable œuvre postapocalyptique Mad Max : Fury Road de George Miller (qu’on retrouve très haut dans les classements annuels). Dans une année où les suites de franchises cultes se sont avérées d’amères déceptions (Jurassic World, Terminator : Genisys) – et en attendant de savoir enfin de quoi aura l’air le prochain Star Wars (bon, les premières critiques sont excellentes!!!)–, le retour inespéré de George Miller aura anéanti la compétition avec une leçon de réalisation d’action, où la lecture des événements chaotiques n’est jamais compromise par un montage déchaîné et une caméra surexcitée (comme c’est trop souvent le cas). Sans contredit le film le plus décadent, fou et jubilatoire de 2015. Outre ce film dopé à l’adrénaline, qui est dans une ligue à part, on retrouve quelques blockbusters à succès autant au niveau commercial que chez les critiques comme le dernier opus de The Hunger Games, Bridge of Spies, Mission Imposible: Rogue Nation, The Martian, Crimson Peak et Kingsman. Tandis que d’autres films comme Magic Mike XXL, Ted 2, Tomorrowland, The Secret in their Eyes auront été décevant.

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Finalement, il y a ceux qui ont été tout simplement mauvais, c’est les cas notamment pour Les 4 Fantastiques, Hot Poursuit, Get Hard et Aloha (voir article sur le pire de 2015).

Côté animation maintenant; Comme d’habitude il y a eu du très bon et du moins bons. Ainsi Home et Les minions n’ont clairement pas répondu aux attentes alors que Shaun le mouton et forcement Inside Out sont les deux grands gagnants de l’année. Ils ont su également réconcilier critique et public et devraient donc figurer assez haut dans notre palmarès annuel (publié le 31 decembre)

A noter que Le petit prince (encore inédit au Québec) est devenu le plus gros succès à l’international pour un film d’animation hexagonal avec 12,5 millions d’entrées en 2015 (selon Unifrance)

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Si de nombreuses déceptions ont découragé certains cinéphiles en cette année 2015, ils pourront néanmoins se contenter des bijoux du cinéma indépendant qui est en grande forme en termes de qualité malgré les restrictions budgétaires. En attendant les plus grosses sorties d’ici les deux prochaines semaines, croisons les doigts et espérons que ces importants derniers films, qui seront sûrement de la cérémonie des oscars, nous permettront de retrouver notre foi et surtout notre force à l’égard du septième art!

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