Souvenirs sincères de jeunesse en transformation.♥♥♥
Avec Trois Souvenirs de ma Jeunesse, bien reçu à Cannes et maintenant présenté au FNC, Arnaud Desplechin revient aux sources, notamment en ramenant le personnage de Paul Dedalus qu’il avait crée il y a 20 vingt dans Comment je me suis disputé…(ma vie sexuelle). Après l’avoir recrée dans Un conte de Noel en 2008 sous la peau de Émile Berling, c’est le toujours efficace Mathieu Amalric qui reprend le flambeau pour ses Trois Souvenirs de ma Jeunesse. Dans celui-ci, le personnage de Dedalus est anthropologue et revient en France après un séjour de plusieurs années au Tadjikistan. Plus précisément, ces Trois Souvenirs de ma Jeunesse sont des remémorations de son passé; des souvenirs d’enfance à Roubaix (lieu de tournage du film), un voyage d’adolescent en URSS et une histoire d’amour fou avec une lycéenne de son village.
Souvenirs de jeunesse en mode tryptique
Séparé en trois parties (en plus d’un prologue et un épilogue) ces Trois Souvenirs de ma Jeunesse sont des portraits somme toute touchants, quoiqu’inégaux par moment (autant en qualité qu’en durée), de parcelles de vie adolescente. Les sauts dans le temps entre les époques et les événements sont franchement réussis et mettent la table à un ensemble de souvenirs marquants pour le Dedalus aujourd’hui d’âge mûr.
Les souvenirs d’enfance sont efficaces et dressent bien la table sur ce que sera le Paul Dedalus devenu adulte. La mère, le père, la famille, ils présentent l’environnement dans lequel a grandi le personnage et introduisent également le segment le plus solide du film; le voyage en URSS. En effet, mettant d’une certaine façon en image le passage à l’âge adulte, ce voyage verra le personnage de Paul Dedalus remettre son passeport à un jeune juif fuyant l’URSS. Mettant sur la table les caractéristiques idéalistes, romantiques et atypiques de l’adolescent roubaisien au centre du récit, on y aborde des sujets aussi variés que la politique, la société, l’amitié ou l’entraide dans un rythme soutenu.
Malheureusement, le troisième segment est bien plus conventionnel et sommes toute moins intéressant que les deux précédents, ce qui est particulièrement dommage puisqu’il dure plus longtemps que les deux autres réunis! Cette histoire d’amour fou et obsessif est assez standard et linéaire dans sa progression. Un peu embrouillée, on y voit également les limites de la narration neutre et typiquement française du récit. Sans véhiculer de fausses conceptions, on manque plutôt d’audace dans le sujet et d’originalité dans l’approche. La jeune Esther (Lou Roy-Lecollinet) est cependant excellente en vulnérabilité et tient un rôle de séductrice qui lui colle à merveille. Malheureusement, la dernière (longue) portion (suivi d’un épilogue à sauce mélo qui laisse perplexe) ne permet pas de mettre de l’avant le montage narratif efficace des premiers segments. On finit sur une note plus faible, mais on en tire quand même de beaux moments.