Les acteurs Brie Larson et Jacob Tremblay s’évadent dans cette adaptation confinée du best-seller d’Emma Donoghue, Room. Le cinéaste irlandais Lenny Abrahamson semble incertain dans la façon de traduire le roman à succès au septième art, mais ses interprètes semblent plus confiants dans leur démarche. ♥♥♥L’histoire d’une femme kidnappée dans son adolescence et gardée en captivité pendant des années dans une toute petite pièce avec son fils de 5 ans.
Le roman Room de l’écrivaine irlandaise Emma Donohogue, habitant maintenant au Canada, était une sensation littéraire peu de temps après sa publication en 2010 – et à juste titre. Raconté du point de vue de Jack, un garçon de cinq ans qui ne connaît rien du monde extérieur autre que la petite chambre dans laquelle lui et sa mère ont vécu durant toute la vie du môme. C’est une histoire de survie troublante qui justifie l’affirmation de la vie sans être ouvertement manipulatrice. Le triomphe du roman réside dans l’habile façon dont Donoghue pénètre dans la psyché d’un enfant ignorant de tout- un exploit qui n’est guère facile.
Lenny Abrahamson (sirupeux Frank) est l’homme derrière l’inévitable adaptation au grand écran, et tandis que le film possède des performances exemplaires, le film ne parvient pas à s’inscrire sur un niveau aussi profond que sa source à cause d’une adhérence parfois fragile de son réalisateur sur le matériel. Néanmoins, le scénario, écrit par Donoghue elle-même, distille l’essence du livre, sans renoncer à son pouvoir élémentaire. Le nouveau venu, Jacob Tremblay, est une révélation surprenante en tant que Jack, un gamin aux cheveux longs complètement inconscient de la cruelle vie dont sa mère passe chaque jour et qui trouve malgré tout, la volonté de continuer à vivre. Dans le rôle principal, Joy (Brie Larson) s’inscrit comme un être insensible à la douleur puisqu’elle a été forcée à endurer la souffrance depuis qu’elle a été enlevée et retenue captive par un homme menaçant et sinistre que Jack ne connaît que par son surnom, « Old Nick » (Sean Bridgers). Il n’y a pas d’autre moyen de contourner cela : sur papier, le sujet est sombre et impitoyable. Mais vue à travers les yeux de Jack, leur existence quotidienne est curieusement fantasque et intime. Après tout, c’est tout ce qu’il sait.
Ce facteur est essentiellement ce qui fait le roman de Donoghue un pur plaisir et non une corvée. Mais sur pellicule, l’effet d’ensemble peut être insinuant, en raison d’une voix off superflue, ainsi qu’une bande sonore surmenée qui est plus ennuyeuse qu’efficace sur un angle affectif. Abrahamson triche aussi imprudemment sur la perspective de l’enfant pour accentuer la marge de manœuvre pour le personnage de Larson et leur ravisseur, Old Nick. Ce faisant, il supprime l’effet d’émerveillement et de crainte qui a fait l’histoire de Donoghue si convaincante et unique. Cependant, le cinéaste présente plus de confiance derrière sa lentille dans la deuxième partie, plus impliquant de Room, lorsque l’action se déplace à l’extérieur de la cabane que Joy et Jack appellent « maison ». L’incapacité de Jack de se connecter avec son nouvel environnement est terriblement rendue, aidée énormément par la performance remarquablement crédible de Tremblay, et la douleur palpable de Larson. Joan Allen et William H. Macy prêtent soutien de façon notable dans la peau des parents endeuillés de Joy. Quoi que ce soit, Room prouve que Abrahamson est un maître incontesté dans la direction d’acteurs. Par contre, sa vision globale est confuse et maîtrisée maladroitement.
Auteur: Justin Charbonneau