Si l’on ne regarde pas dans le détail, et comparativement aux trois dernières années où des leaders tels que La vie d’Adele, Intouchables ou encore The Artist ont mondialement fait parler d’eux, 2014 semble une année bien terne pour le cinéma français. En effet, pour les productions hexagonales, point de Mommy pour s’auto-congratuler.
Malgré de nombreuses sélections, les œuvres ont rarement brillé en festival.
Tout juste le dernier Resnais (à qui on disait au revoir), Amour Boire et Chanter a obtenu le Prix Alfred Bauer à la Berlinale en début d’année (prix que Denis Côté avait reçu en 2013 pour Vic + Flo ont vu un ours), Party Girl a obtenu la caméra d’or à Cannes et Adieu au langage le prix du jury (comme une sorte de pied de nez sans doute au réalisateur qui criait aux télévisions du monde entier qu’il ne souhaitait pas recevoir de prix…) . A Venise enfin Romain Paul, jeune comédien de 13 ans a remporté le Prix Marcello Mastroianni du meilleur jeune espoir pour Le dernier coup de marteau d’Alix Delaporte…
Tout ça est bien maigre lorsqu’on regarde l’année dans son ensemble.
A Cinemaniak, nous avons encensé les premières ou secondes œuvres cette année (deux tout au plus) comme celles capables d’apporter un vent de fraicheur par rapport aux autres productions :
- Les Combattants leader de notre piste aux étoiles de décembre
- Respire seconde réalisation de Mélanie Laurent
Audrey Dana avec son premier long, Sous les jupes des filles, fait mieux qu’ Aronofsky et Clooney au box-office français…Mais il est bien difficile d’apprécier si le public s’est déplacé en masse pour voir ses actrices ou pour la qualité de son film.
Si les espagnols avaient Alex de la Iglesia et les anglais Edgard Wright, les français ont désormais Thierry Poiraud et Benjamin Rocher qui signèrent en début d’année un excellant Goal of the dead (présenté au Québec à Fantasia). Le cinéma de genre, trop peu représenté dans le cinéma français gagnerait grandement à élargir ses champs de compétence.
Il reste encore plusieurs valeurs sûres telles que Lucas Belvaux (Pas son genre) qui offre au passage un rôle en or à Emilie Dequesne; Anne Fontaine qui convainc cette fois-tout le monde avec Gemma Bovery; Tony Gatlif qui choisit l’irrésistible Céline Salette comme Géronimo…
Reste après ça les succès « box-office », Lucy plus gros carton de Besson à date (mais qui ne devrait pas devenir un classique tel que Léon), Samba, nouveau long métrage du duo Toledano/Nakash (Intouchables) ou La belle et la bête du papa du Pacte des loups.
Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu, la comédie phénomène de 2014 et qui gênera plus de 12 millions d’entrées en France ainsi que Supercondriaque, retour plutôt sympathique pour Dany Boon se détachent du lot en matière d’humour… Derrière, de nombreuses comédies à succès rarement drôles (Babysitting, les 3 frères le retour, Barbecue) se taillent, elle aussi une part du gâteau…
Au total 17 productions françaises ont dépassé le million de spectateurs (en date du 15 décembre); c’est suffisant pour annoncer que le secteur est bien viable et bel et bien rentable… (d’ailleurs les productions françaises représentent 44% de part de marché, soit 10,2 points de plus qu’en 2013) Mais pour la qualité cette année…c’est autre-chose !