Entre deuil et belles promesses, l’animation en 2014 aura montré de belles réussites en salles, pas toujours méritées et quelques pépites.
Les belles réussites
En 2014, l’animation aura dit au-revoir de la plus belle des manières au mythique studio Ghibli, avec la présentation des derniers longs-métrages de ses cofondateurs : Le conte de la princesse Kaguya, d’Isao Takahata et Le vent se lève, d’Hayao Miyazaki. Ces deux immenses réalisateurs marquent incontestablement l’année, au-delà de ce qu’on qualifie souvent trop simplement de cinéma d’animation.
Orphelins, on cherche avec avidité des remplaçants à ce cinéma poétique, intelligent et graphiquement superbe. Cette année, Mizuho Nishikubo a montré, avec L’île de Giovanni, qu’il mettait ses pas dans les traces du réalisateur du Tombeau des Lucioles, revisitant avec émotion les côtés sombres de l’histoire japonaise.
Le box-office aura en 2014 couronné un film uniquement composé d’éléments légos : La grande aventure Lego (Lego movie), recyclage délirant de la firme de jouet danoise et de nombreuses autres licences (super-héros DC Comics, NBA, Tortues ninja…). On a cependant peur de l’indigestion avec déjà deux suites prévues pour 2018 et 2019 et deux spin-offs : Ninjago pour 2016 et Lego Batman en 2017.
Même s’il n’a pas connu le succès qu’il aurait mérité, on a aussi retrouvé avec plaisir les charmes de l’animation image par image à l’ancienne, avec Les trolls en boîte (Boxtrolls), qui nous rend impatient avant le nouveau film du studio Aardman (maître du genre), Shaun le mouton, en 2015.
Pour montrer que le genre n’est pas réservé qu’aux seuls enfants, Bill Plympton a livré avec Les amants électriques un nouveau chef d’œuvre, dans une indifférence générale regrettable.
De nouveaux créneaux
De nouvelles pistes ont été lancées par les studios, qui tentent de s’adresser à de nouveaux publics et à explorer de nouveaux thèmes.
Disney a lancé avec Les nouveaux héros (Big Hero 6), une nouvelle saga à la jonction entre dessin animé classique, manga et film de super-héros. Réussite formelle, le film peine cependant quelques peu à trouver le public promis.
La 20th Century Fox a cette année commencé à s’adresser au public latino en misant sur La légende de Manolo, conte mexicain assez mièvre dont le seul intérêt aura été de corriger l’imagerie trop souvent associée aux pays latins (place de la femme, sauvagerie de la corrida…).
L’animation française continue de laisser sa trace avec l’inattendu et inclassable Minuscule (plus 1,2 millions de spectateurs France), l’original et poétique Jack et la mécanique du coeur et la reprise à succès de la série Astérix par Louis Clichy, avec un scenario d’Alexandre Astier (Astérix et le domaine des dieux).
Les déceptions
Le manque d’inspiration a encore marqué l’année avec de nouvelles suites, de grosses campagnes de promotion, mais peu de réussite formelle, après de premiers opus déjà décevants : Planes 2 et Rio 2 auront certes réussi au box-office mais auront aussi sans doute fortement mis à mal leurs sagas respectives. La critique aura été plus clémente avec Dragon 2. Et ce n’est pas près de se terminer puisque le très moyen Opération casse-noisettes verra lui aussi une suite début 2016.
Autre manière de profiter de ses acquis sans se renouveler : les spin-offs commencent eux aussi à concerner le cinéma d’animation, avec Les pingouins de Madagascar, qui divertit sans vraiment réussir à marquer et Clochette et la fée pirate, très lisse et défraîchi. Ce manque d’inspiration n’augure rien de bon pour Les Minions, qui risquent de beaucoup décevoir en 2015, après le phénomène Moi, moche et méchant (Despicable Me).
Enfin, Le monde magique d’Oz est devenu l’un des flops les plus importants de l’histoire du cinéma d’animation avec une perte estimée à 100 millions de dollars. À croire qu’après la déception qu’a été Le monde fantastique d’Oz en 2013, il ne suffit plus de miser sur l’univers d’Oz pour remporter la mise.