Contrairement aux attentes, le film de Gabriel Carrer THE DEMOLISHER qui était présenté au Festival Fantasia, n’a pas autant «démoli» qu’on l’aurait souhaité.
Dissimuler derrière un drame (qui aurait pu être puissant, mais qui s’est avéré plutôt faible), ce faux film d’action/horreur a fait poussé quelques soupirs pendant la projection. Disons que la bande-annonce, avec sa musique à la Prometheus, m’a bien berné. Il faut dire que je n’avais pas lu le petit texte en dessous de la description du film qui dit: « Ne laissez pas le titre vous induire en erreur et vous faire vous attendre à 90 minutes de chaos et de carnage. THE DEMOLISHER se préoccupe davantage des dommages psychologiques que de la destruction systématique ». Honte à moi!
THE DEMOLISHER, un film d’horreur ?
Bref, ce film raconte l’histoire de Bruce, un homme qui s’improvise justicier depuis une blessure à la colonne vertébrale qui a confiné sa femme ex-policière sur un fauteuil roulant. Or, la force qui pousse Bruce à détruire ceux qui ont détruit sa vie est brute, mais surtout incontrôlable. Cette colère termine sa course sur une jeune femme qui détient quelque chose qui lui appartient. S’en suit plein de péripéties, des beaux plans au ralenti avec une grosse ambiance sonore et voilà, on a un gros film d’action/horreur !
Un scénario inégal.
Le film commence avec une séquence de nuit avec le Demolisher où il tabasse violemment un type en pleine rue. Ça part fort en fait ! On se dit « woah, ça va être violent ! ». Mais ensuite, on tombe dans un espèce de drame cheap où les personnages ne réussissent pas à créer l’empathie chez le spectateur. On sent vraiment le scénario, on sent qu’ils ont beurré trop épais sur le drame et ça passe pas. Parfois, le femme en chaise roulante tombe par terre à vouloir trop atteindre un objet ou désirant retrouver son mari. Ces séquences auraient pu être si tristes et si touchantes, mais ça ne fonctionne pas. On est au bord du rire tellement c’est gras, tellement c’est trop. Et l’acteur qui incarne THE DEMOLISHER (Ry Barrett) est inégal dans son jeu. Parfois ordinaire, parfois intense dans les scènes où la colères l’envahit. On comprend qu’il est un acteur physique, un bon ! Mais pour le reste, il y a place à amélioration. Puis à la fin du film, on nous balance une grosse morale lourde, un gros message d’espoir, DAMN ! Le genre de message qui aurait pu fonctionner dans un autre cadre, et ça aurait été excellent, mais pas dans ce film. Je sais que j’ai l’air dur avec le film mais vous auriez compris si vous l’aviez vu !
Un film esthétique mais vide.
Au niveau esthétique, le film de Gabriel Carrer est plutôt réussi. On sent un désir fort d’esthétisme, un sens du cadre et un plaisir pour les ambiances. Plusieurs courtes séquences sont insérées dans le film pour appuyer une écorchure psychologique du personnage de Bruce, pour évoquer le mal et le chaos qui semblent l’envahir. Ces séquences au ralenti sont souvent très esthétiques, très graphiques. Mais ça ne suffit pas. D’abord par la manière dont elles sont amenées, par une ponctuation en fondu au noir comme dans Dead Man de Jim Jarmusch. Ensuite, parce qu’elles auraient été plus frappantes si elles avaient été plus subliminales, ou intégrées au montage d’une autre manière, de manière peut-être plus subtile. Cette ponctuation les rend trop visible, trop soulignées. Il y a en fait trop de ralenti esthétisant. Le ralenti ne suffit plus pour exprimer quelque chose désormais, il doit servir l’histoire sinon, il devient vide. C’est bien ce qui ressort beaucoup de ce film, une grande quantité de beau visuel vide !
THE DEMOLISHER, ne violence convaincante.
Au final, il y aura quand même eu des éléments réussis, comme la scène finale qui a manifestement plu aux amateurs de gore. Aussi, la plupart des scènes de bagarre et de violence étaient plutôt convaincantes. Mais bon, peut-être pas assez pour faire de ce film un excellent film.
https://youtu.be/8f1TK5PzsUk