Films de la décennie : le meilleur de l’Asie partie 2

Plusieurs membres de l’équipe de Cinémaniak ont proposé, compilé et discuté des films qu’ils considèrent comme ceux de la décennie. Pour écouter le dévoilement et les débats entourant le classement, rendez-vous sur la page du balado produit en partenariat avec CISM. Pour cette partie du dossier des films de la décennie, Cinémaniak vous propose la liste des 20 films asiatiques qui ont obtenu le meilleur pointage. Voici les positions 10 à 1.

Pour la première partie, c’est ici.

 

POSITION 10

LONG DAY’S JOURNEY INTO NIGHT de BI GAN | Chine et France

2018

Film dont la traduction française serait « Un grand voyage vers la nuit » ou encore la traduction plus littérale du titre chinois « La dernière nuit de la terre ». Dans ce film, on suit Luo Hongwu qui a quitté sa ville natale Kaili il y a longtemps. Il y revient non pour la mort de son père, mais pour retrouver une femme nommée Wan Quiwen. Le film est le second long métrage de Bi Gan et multi primé en festivals notamment pour sa photographie et ses effets sonores.
On bascule après une heure de film noir et maniériste durant laquelle le personnage central rumine des meurtres mafieux, un héritage compliqué et la quête d’une femme disparue dans sa ville natale. Toujours à sa recherche, il est sur une piste mais un peu en avance, il entre dans une salle de cinéma, le personnage principal chausse ses lunettes et invite le spectateur à faire de même. Le film commence en son milieu exact, à 1h10 le titre apparaît, rappelant la grande transition coupée en deux de Mulholland Drive.
Un grand voyage au bout de la nuit, entre film, rêve, quête et souvenir est finalement un plan séquence pour les 1h10 restantes. Virtuose et l’un des plus complexes de l’histoire du cinéma, sans aucune colure numérique, et le tout en 3D. 70 minutes d’enregistrement, une douzaine de changements de décors, figurants, animaux, trajets par voie aérienne… Pour le spectateur cela devient une course sportive, l’enjeu des acteurs à la chorégraphie millimétrée, si l’un d’entre eux rate son coup au billard, c’est toute la prise qu’il faudrait refaire. Avec ce film biphasé, Bi Gan nous offre un grand moment de cinéma et assurément un morceau de bravoure d’une longueur mémorable. – D.R.
 
 
POSITION 9

I SAW THE DEVIL de JEE-WOON KIM | Japon

2016

Comme le suggère son titre, I Saw the Devil n’est pas une histoire joyeuse. Le devil en question qui est-ce? Un meurtrier en série (le détestable Choi Min-sik). Jee-woon Kim débute son film sur une scène classique dans le genre du thriller : une femme en détresse attendant la remorqueuse sur le bord d’une route, la nuit, à cause d’une crevaison. Elle est kidnappée le jour de son anniversaire, jeune fiancée, en plus d’être enceinte. Sans pitié, l’homme la tue. Cette victime sera peut-être la dernière de ce meurtrier puisqu’elle est la fille du chef de la police retraité, Chief Jhang (Jeon Gook-Hwan). Mais surtout fiancée à Soo-hyeon (Lee Byung-Hun) un agent secret qui le traquera, sa mission étant de le faire autant souffrir que sa fiancée bien aimée. Commence alors un jeu cruel de chat calculateur et souris au moins persévérante. Pourquoi un jeu cruel? Parce que la stratégie du fiancé éploré est de torturer sa victime pour le relâcher, le torturer à nouveau, puis le relâcher… Résultat : un film graphique, bien calculé dans son montage, son rythme et ses moments de tension. La musique, sans subtilité, est bien dramatique pour appuyer les situations tragiques. La réalisation est somme toute classique, mais parfaitement efficace. C’est ce que l’on demande à un film de vengeance. Jee-woon Kim se permet tout de même quelques essais stylistiques, quelques risques formels qui payent, entre autres la scène du taxi, un massacre de quelques victimes parmi plusieurs. I Saw the Devil n’est pas un film pour les âmes sensibles. Tout au long des quelques deux heures, le cinéaste n’épargne rien à son spectateur : destruction de talon d’achille, massacres de main, joue, brûlure de cigarette, lames (au pluriel), cannibalisme, massacre à la clé à molette, coups de tige de métal, fracture de crâne ouverte, marteau à viande au visage, décapitation, artères tranchées, écartèlement de mâchoire à mains nues, guillotine. Pour citer une ligne de dialogue du film : « Revenge is for movies… ». Effectivement. – M.-A.L.


POSITION 8

A TOUCH OF SIN de JIA ZHANGKE | Chine

2013

A Touch of Sin de Jia Zhangke est un film chinois en quatre segments suivant quatre personnages vivant dans des coins différents et plus ou moins isolés de la Chine. Quatre fragments de violence, parfois ordinaire parfois non, quatre cas très différents où le personnage va être amené à se débattre contre une oppression, à répondre à la violence. C’est l’extériorisation soudaine d’une révolte muette où des citoyens ordinaires victimes de l’exploitation, de l’intolérance ou de la misère retournent contre leurs bourreaux ou contre eux-même, la violence qu’ils ont subie. Un ouvrier qui lutte contre la corruption de son village avec le fusil. Un travailleur migrant qui fait vivre sa famille en tuant et volant. Une réceptionniste de sauna humiliée qui se fait guerrière de kung-fu. Ou encore, un jeune ouvrier, qui ne parviendra jamais à s’élever socialement ni à trouver un sens à ses jobs minables et aliénants, finit par se suicider.
Un film qui souligne et soulève les conséquences d’une société chinoise au libéralisme sauvage. Une jungle où les plus faibles n’ont pour survivre que leur instinct. Cette animalité est parsemée dans le film dans les rencontres avec les bêtes (un cheval martyrisé, des buffles qui vont à l’abattoir ou une vipère qui glisse sur l’asphalte). Un film plus mélancolique que violent, il ne faut pas s’y tromper. La morale a beau être flagrante, certaines scènes restent poignantes (celle où la jeune femme se fait gifler longuement avec une liasse de billets pour avoir refusé de se prostituer). A Touch of Sin, l’instant de péché où les remords viendront mais plus tard, l’instant de basculement dans le mal où les personnages acceptent de devenir monstrueux à leur tour, pour leur bien. Une mise en scène et direction photo (Nelson Lik-wai Yu) exemplaires qui vont à l’essentiel sans perdre de temps. Peu de paroles mais beaucoup de symboles pour un film qui traite beaucoup de choses en quatre histoires sans être étouffant. Quatre fragments qui empruntent les formes favorites du cinéaste : le polar, le film de sabre, les histoires de chevalier errant et l’opéra chinois que l’on peut retrouver dans sa filmographie. – D.R.

 

POSITION 7

POETRY de CHANG-DONG LE | Corée du Sud

2010

Poetry de Chang-dong Le c’est l’histoire de Mija 66 ans (sublime Jeong-hie Yun), qui vit avec son petit fils, un collégien qu’elle élève seule avec peu de moyens en faisant le ménage et l’aide soignante chez un homme riche et handicapé. Mija a quelques soucis de santé, un début d’Alzheimer mais s’intéresse à la beauté des choses. Elle s’inscrit à un cours de poésie offert par la maison de la culture de son quartier. En parallèle on suit les retombées de l’affaire d’une collégienne qui s’est suicidée après avoir été violée à plusieurs reprises par six élèves dont le petit fils de Mija.
Un film qui effleure beaucoup de sujets sans se perdre ni en faire des thèmes inexploités. Ainsi, la maladie, le viol ou la justice rendue pour une victime de viol ne sont pas les sujets du film. Le titre ne ment pas. Le film se concentre sur le personnage, cette belle femme, Mija qui ne comprend pas que les mots lui résistent soit à cause de la maladie, soit parce qu’elle ne parvient pas à écrire un poème. Une femme qui ne renonce pas à voir la beauté des choses, celle des fleurs ou des abricots éclatés au sol pour que leur renaissance advienne. Pour apprivoiser ces mots qui lui échappent, Mija apprend à regarder. Le film prend son temps mais sans longueur aucune, dévoile la poésie et la noirceur humaine en même temps. La beauté et la laideur sont étroitement imbriquées comme ce premier plan, en ouverture, le cours d’eau paisible d’un fleuve qui défile… et sur lequel flotte le cadavre d’une jeune fille. Ou encore, en écho final, le plan de clôture sur ce même cours d’eau avec la déclamation d’un poème très beau mais qui signe les adieux à cette jeune fille abusée mais aussi à Mija qui se retire sobrement.
Poetry est tout ce que dit le titre et beaucoup plus, une réflexion sur la beauté au-delà de la laideur, le portrait d’une fin de vie, lente, simple, banalement tragique. – D.R.

 

POSITION 6

TRAIN TO BUSAN de SANG-HO YEON | Indonésie et États-Unis

2014

Impossible de bouder son plaisir devant Train to Busan de Sang-ho Yeon, un des meilleurs films de zombies des dernières années! En Corée du Sud, un père absent, obsédé par le travail, doit raccompagner sa petite fille en train à Busan chez sa mère. Un zombie s’infiltre dans l’un des wagons du train semant inévitablement le chaos. Alors que la mort rôde si proche, les instincts humains de ce père de famille se révèlent. Le film est d’une efficacité redoutable. Ses scènes d’action sont à la fois haletantes, divertissantes et terrifiantes. Ce qui distingue ce film des autres du même genre est l’engagement émotionnel élevé qu’il arrive à susciter chez le spectateur. Le scénario porte une attention particulière à tous les personnages, même les plus secondaires, leur offrant un arc narratif et émotionnel prenant qui fait en sorte que le spectateur devient complètement investi dans leur destin alors que la mort est si proche.
Il en résulte un film de morts-vivants doté d’une belle humanité. – J.C.

 

POSITION 5

SHOPLIFTERS de HIROKAZU KOREEDA | Japon

2018

Ses films y ayant été très souvent sélectionnés, Hirokazu Koreeda est un habitué du Festival de Cannes. En 2018, il signe Shoplifters, une chronique naturaliste qui nous fait découvrir une famille japonaise reconstituée, poussée par l’indigence à recourir à diverses activités illégales pour survivre. Il remporte enfin sa première Palme d’Or avec ce film que l’on pourrait qualifier de quintessence de son œuvre.
Koreeda demeure fidèle à ses thématiques favorites : la famille, l’enfance, la pauvreté et surtout les liens, très humains, qui se créent à l’intérieur de ces univers. On retrouve également sa touche dans la réalisation : dépouillée, naturelle, attentive aux détails, aux petits moments, aux expressions faciales. Une réalisation qui laisse toute la place aux personnages et au scénario. Une réalisation patiente présentant à quelques reprises de très longs plans où il ne se passe rien d’autre que l’émotion que le cinéaste laisse vivre à ses personnages et aux spectateurs.
Koreeda a écrit un film sur le bonheur que l’on trouve ailleurs que là où la plupart des gens le cherchent. Hors du carcan de la morale, des lois, du politically correct. Le bonheur pour Koreeda se trouve dans la proximité et non dans l’isolement. Les personnages de son film sont heureux avec presque rien. Certaines scènes du film sont particulièrement belles à cet égard. On pense ici à une simple sortie à la plage en famille, à la construction d’un bonhomme de neige sale à seulement deux boules ou à la scène durant laquelle les membres de la famille réunis, avec chacun un grand sourire au visage, écoutent les feux d’artifice à défaut de pouvoir les voir, symbole frappant de l’écart qui les sépare du reste du monde.
Cette démonstration du bonheur dans l’intimité de ce qui tient lieu de famille est mêlée à d’intéressantes réflexions sur la relativité de nos valeurs et sur l’institution de la famille. – J.C.

Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.

 

POSITION 4

SNOWPIERCER de BONG JOON HO | Corée du Sud et République Tchèque

2013

Dans un monde post-apocalyptique, les derniers survivants de la Terre vivent dans un train en constant mouvement. Les plus riches occupent les wagons du devant alors que le prolétariat occupe les derniers wagons. Une rébellion s’organise. Un groupe occupant les derniers wagons tentera une ascension vers les premiers, non sans quelques épreuves et affrontements.
Avec Snowpiercer, Bong Joon Ho présente un film d’action et d’aventure rafraîchissant puisque plus intelligent, plus audacieux et plus original qu’une version générique de ce que ce genre de film aurait pu être. Tout comme dans la majorité des films de Bong Joon Ho, l’intrigue est haletante, divertissante et angoissante. Elle explore des thèmes sombres comme les inégalités sociales et les luttes de classes de manière ingénieuse, jamais dans la lourdeur.
Les tons sont parfaitement balancés. Grave, mais avec une certaine légèreté, violent sans être complaisant, engagé d’un point de vue social, politique et écologique sans être lourdement appuyé.
Adapté du roman graphique français Le transperceneige, le film de Bong Joon Ho est une belle ode à la résistance. – J.C.

 

POSITION 3

MADEMOISELLE / THE HANDMAIDEN de PARK CHAN-WOOK | Corée du Sud

2016

En lice pour la Palme d’or au Festival de Cannes de 2016, Mademoiselle, est le dixième film du Sud-Coréen Park Chan-wook. Il y explore le désir féminin dans un thriller érotique et psychologique.
Sook-hee, une jeune orpheline coréenne, se retrouve impliquée au sein d’un complot visant à délester sa riche patronne Japonaise (la séduisante Hideko) d’un héritage familial, grâce à l’aide de son complice Fujiwara qui se fait passer pour un comte. Elle deviendra la servante dévouée et aimante, dédiée à faire de ce dernier un époux idéal pour sa maîtresse.
Adapté du roman Du bout des doigts de la Britannique Sarah WatersPark Chan-wook déplace l’intrigue de son dernier film dans la Corée des années 30. S’éloignant de son escapade américaine (Stoker), il renoue avec son pays d’origine et réalise un film d’époque, saisissant l’occasion de traiter des clivages sociaux comme à l’accoutumée dans son œuvre. Avec un langage visuel qui lui est propre, il égratigne alors au passage l’aristocratie et dénonce certaines absurdités liées au rang social (comme dans Sympathy for Mister Vengeance).
Toujours à l’affût d’ingéniosité en matière de cadrage, entre plans vertigineux et travellings alléchants, il n’a de cesse d’alterner drame épique et thriller saphique avec cette aisance qui le caractérise. Par sa durée (2h25), il étire le temps en multipliant les points de vue dans 3 parties distinctes qui donnent à voir à travers les yeux de Sook-hee, d’Hideko et de Fujiwara. Si chacune d’entre elles possède un ton singulier, c’est pour mieux surprendre à chaque changement de registre, le dénominateur commun étant l’amour qui lie les deux femmes. En outre, pour fidéliser son public, le cinéaste a recours à un humour qui, sans faire rire aux éclats, met en exergue les différences de caractères et d’opinions des deux personnages, sous l’œil complice du spectateur.
Loin d’abandonner ses obsessions maladives, Park Chan-wook livre une œuvre complexe et alambiquée dont les mises en abîme et les split screens ont contribué depuis des années à imposer son style. Par l’entremise d’une réalisation inventive, le réalisateur fait de sa Mademoiselle un film singulier, en accord avec le classicisme de l’époque dépeinte, qui, néanmoins, rassemble ses thèmes de prédilection : la vengeance, le sadisme et la justice. – A.-B.

Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.

 

POSITION 2

BURNING de CHANG-DONG LE | Corée du Sud

2018

Burning est l’un des grands chefs d’oeuvre de la dernière décennie. Chang-dong Le nous offre un sixième film, chargé mais en subtilité. Librement inspiré de la nouvelle Les granges brûlées de Haruki Murakami, nouvelle elle-même inspirée de Barn Burning de William Faulkner, raconte l’histoire de Jong-su (Yoo Ah-In) qui croise par hasard Hae-mi (rayonnante Jong-seo Jun, dans son premier rôle), une amie de jeunesse. Romance et insécurité se mélange avant le départ de Hae-mi pour un long voyage. Jong-su l’attendant à l’aéroport est surpris de la voir accompagnée de Ben (Steven Yeun). Commence alors un étrange triangle amoureux qui prend subitement fin à la disparition de Hae-mi. À ce moment, Burning change de registre en se transforme en un thriller d’enquête pour comprendre ce qui est advenu de la jeune femme. Le réalisateur sud-coréen maîtrise la lenteur, les champs contre champs, les poursuites en voiture, les moments de nervosité et les scènes de filature, mais ce mélange et cette efficacité sont étrangement sur un même ton : la douceur. Rien n’est spectaculaire, mais rien n’a besoin de l’être. La musique est minimaliste, si elle est présente dans une scène. Mais derrière cette histoire de triangle amoureux classique, le film pullule d’éléments permettant à ses spectateurs et spectatrices de voir en Burning plusieurs lectures possible. Un doux puzzle aux diverses possibilités d’interprétations (littérales et figurées). Un grand film d’une rare richesse douce amère. – M.-A.L et Pascal Plante.

Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.

 

POSITION 1

PARASITE de BONG JOON HO | Corée du Sud

2019

Très pauvre, la famille de Ki-woo (Choi Woo-sik) vit dans des conditions précaires. Au chômage, ses membres survivent tant bien que mal en pliant des boîtes de pizza. Lorsqu’un jour un ami de Ki-woo lui offre de prendre sa place de professeur d’anglais auprès d’une jeune fille de famille aisée pendant son séjour à l’étranger. Ki-woo accepte évidemment, mais il devra d’abord se fabriquer de faux papiers et un faux diplôme universitaire pour obtenir le poste. L’emploi lui sera rapidement confié et il réussira même à obtenir un boulot pour sa sœur (Park So-dam) en tant que professeure d’art pour le cadet de la famille. Par de brillantes astuces, le frère et la sœur se débarrasseront ensuite du chauffeur et de la gouvernante de la famille cossue, vite remplacés par leur père (Khang-ho Song) et leur mère (Jang Hye-Jin). Bientôt, tels des parasites, tous les membres de la famille de Ki-woo, les Kim, auront infiltré la famille aisée des Park sans que le lien familial qui unit les nouveaux employés ne soit révélé. Il ne restera donc plus qu’à garder ce secret… Avec l’infiltration d’une famille aisée par cette famille dépourvue, l’opposition des classes sociales est au cœur du film
Au début de Parasite, on se moque de cette différence des classes, elle amuse, elle fait rire férocement, on prend plaisir à voir l’ingéniosité des démunis et la crédulité des riches. Bong Joon Ho, conteur d’histoires exceptionnel, maître des changements de tons et de registres, maîtrisant les codes de plusieurs genres, fait passer son film de la comédie satirique au drame social puis au suspense haletant. L’opposition des classes, présentée d’abord de manière comique, se transforme avec brio et naturel en désespoir puis en révolte. Car même si l’on rit beaucoup, il y a quelque chose de totalement désespérant et révoltant dans Parasite. La mobilité sociale, principe sociologique qui présuppose que les classes sociales existent sans être figées, y est présentée comme un mirage, quelque chose d’impossible à atteindre, malgré ce que le début du film suggère.
Malgré la violence et le cynisme de son message, Bong Joon Ho a tout de même concocté un des films les plus jouissifs et divertissants des dernières années. Sa mise en scène d’une grande virtuosité, la composition ultra précise de ses plans, son utilisation de la musique et du montage, sa réappropriation de différents genres, le jeu de ses acteurs, son humour redoutable, son sens du rythme, son écriture impeccable qui ne laisse rien au hasard, tout cela participe à créer une œuvre à la fois accessible et impressionnante. Son discours politique frappe d’autant plus fort. – J.C.

 

Cette compilation est une collaboration entre Marc-Antoine Lévesque, Alexandre Blasquez, Jules Couturier et Diane Rossi.

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