Films de la décennie : le meilleur de l’Asie partie 1

Plusieurs membres de l’équipe de Cinémaniak ont proposé, compilé, classé et discuté des films qu’ils considèrent comme ceux de la décennie. Pour écouter le dévoilement et les débats entourant le classement, rendez-vous sur la page de la baladodiffusion produite en partenariat avec CISM. Pour cette partie du dossier des films de la décennie, Cinémaniak vous propose la liste des 20 films asiatiques qui ont obtenu le meilleur pointage. Voici les positions 20 à 11.

Découvrez les films du Commonwealth partie 1 et partie 2.

 

POSITION 20

OKJA de BONG JOON HO | Corée du Sud et États-Unis

2017

Une société agro-alimentaire a mis au point une race de cochons hybrides s’apparentant à des hippopotames mais se comportant comme des chiens. Sa directrice annonce que les 26 premiers spécimens seront envoyés dans 26 différentes régions du monde. Et dans 10 ans, un concours élira le plus beau et le plus gros des cochons. Okja est l’un d’entre eux. Il vit dans les montagnes sud-coréennes en compagnie de Mija et de son grand-père. Ayant grandi avec l’animal toute son enfance et n’ayant pas eu vent du concours, la jeune fille est alors très surprise quand des employés de la compagnie américaine viennent chercher son ami à la peau pachydermique. Sa mission de sauvetage l’emmènera jusqu’aux Etats-Unis où elle pourra compter sur l’aide des membres de l’ALF (Front de Libération des Animaux). Sixième long métrage écrit et réalisé par Bong Joon Ho, Okja est un film de science-fiction co-produit entre les États-Unis et la Corée du sud. En compétition officielle au Festival de Cannes de 2017, le film est au cœur d’une polémique avec The Meyerowitz Stories de Noah Baumbach, pour avoir été produits par Netflix qui n’assure aucune sortie en salle. Une première. Comme dans Barking Dogs Never Bite et Memories of Murder, le réalisateur confronte la réalité coréenne et l’imaginaire dont les caractéristiques empruntent au cinéma de genre. En ce sens, Okja n’est pas un film hollywoodien. Malgré la présence de Paul Dano, Tilda Swinton et Jake Gyllenhaal, celle d’acteurs asiatiques de premiers plans ne se conforme pas au format habituel du blockbuster (Bong Joon Ho réitère l’expérience qui avait participé au succès de Snowpiercer). D’ailleurs, on retrouve ici des thèmes se rapprochant aussi bien de Spielberg (la musique appuyant le côté fable écolo) que de Miyazaki (la jeune fille qui s’émancipe et triomphe à la fin). Le cinéaste se permet alors de critiquer ouvertement le système américain (qui pourtant le produit en parti), au moyen d’une satire relevant parfois de la farce absurde, comme en témoigne le travail de la photo par Darius Khondji (couleurs surexposées), les extravagances des costumes et les excentricités des personnages. Derrière le divertissement attendu, se cache une vraie réflexion sur la surconsommation de viande dans notre société capitaliste. Le réalisateur dénonce, au passage, les grands groupes industriels qui mentent au public pour vendre une image empreinte d’une idéologie souvent peu scrupuleuse, régie par l’appât du gain dont les profits vont à l’encontre des valeurs humaines. À méditer. – A.B.

 

POSITION 19

SHIN GOJIRA / SHIN GODZILA de HIDEAKI ANNO et SHINKI HIGUCHI | Japon

2016

Débutons premièrement par un élément qui peut dérouter le spectateur : la première incarnation du monstre qui apparaît dans le film. Une marionnette peu convaincante aux yeux fixes… Il faut le mettre dans son contexte, Shin Gojira rend hommage à la série et à son évolution à travers les années. Parce que cette marionnette ne sera présente que pour les 20 premières minutes, le monstre mutant en une créature disons plus contemporaine technologiquement parlant. Le film a un montage rapide et mélange plusieurs sources d’images : film, found footage, des images d’apparence de stock images, image de reportage à la télévision et bien sûr les images du film en soi. On alterne entre le milieu politique (où la gestion de crise se produit) et l’attaque sur la ville. Des plans larges, quasi fish-eye, avec une bonne dose d’humour parsèment les 1h45 du film. Les cinéastes démontrent d’une finesse en jouant avec les constructions de plans : plaçant presqu’à tout coup des gens hors focus en premier plan alors qu’un personnage s’adresse à la foule au loin, un peu comme si un monstre (le corps humain disproportionné à l’image) obstruait constamment la vue. C’est ce genre de détail qui élève le film, lui permettant de se démarquer des autres moutures récentes. À la suite de la première attaque, le film fait une ellipse temporelle. C’est à ce moment que le Godzilla, dans sa forme, disons convaincante, fait son apparition. La représentation visuelle du monstre n’est pas la seule perspective historique présente, un peu comme les autres films qui le précèdent, Shin Gojira fait référence au traumatisme des bombes nucléaires lancées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 par les Américains. La première attaque (du monstre ou des Américains) laisse le Japon sur ses gardes, craignant le prochain désastre. Inquiétude confirmée par son retour, mutation à l’appui, d’un Godzilla plus fort, mais surtout nucléaire. Les scientifiques réalisent alors que toutes les attaques de l’armée sont inutiles parce que l’ennemi est en fait constitué de nucléaire. Un bon Godzilla, si mis dans son contexte, les non-initiés peuvent éviter. Mais les initiés adoreront. – M.-A.L.

 

POSITION 18

LE VENT SE LÈVE de HAYAO MIYAZAKI | Japon, France et États-Unis

2013

Le film est une biographie de deux heures sur un ingénieur en aéronautique, librement inspirée de Jirō Horikoshi, le concepteur des chasseurs bombardiers japonais nommés « Chasseur Zéro ». Le film est une œuvre à part entière du Studio Ghibli qui nous a habitués à des créatures fantastiques et des univers oniriques. Ici le film retrace scrupuleusement l’évolution de l’aéronautique au Japon de 1918 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Cet intérêt pour l’aviation n’est pas nouveau (ni celui pour la machinerie en général) puisqu’il y a déjà eu Porco Rosso (1992) et que le studio tire son nom de l’avion Ghibli dont l’inventeur n’est autre que l’ingénieur italien Giovanni Caproni présent dans le film comme mentor et idole. Il apparaît en rêves au personnage principal.
Supposé être le dernier film de Hayao Miyazaki, il est difficile de ne pas y voir un autoportrait de l’artiste dans le personnage de Jiro. Avec une forte part d’autocritique voire d’autoflagellation puisque Jiro est un égoïste fini aux allures de doux rêveur, si passionné par son métier qu’il en oublie le reste. Artiste ou ingénieur, les deux ont l’obligation de créer, quels qu’en soient le prix ou les conséquences, car les deux, Jiro et Miyazaki, se dédouanent de toute responsabilité politique. Le couple que forme Jiro avec une jeune femme condamnée par la tuberculose est aussi significatif de son égoïsme puisqu’il accepte qu’elle refuse de se soigner pour rester à ses côtés avant de s’en aller mourir discrètement, cachée pour ne pas déranger. Le jeune homme épuise ceux qui l’entourent, touché par leurs souffrances, il continue à marcher sur sa route tandis qu’ils tombent derrière lui. Quand le vent se lève, à la fin, un vers tragique emprunté au poème de Valéry, c’est sur le spectacle désolé des milliers de carcasses d’avions qui ne sont pas revenus du combat, véritable cimetière aérien. Le héros seul répète le vers de Valéry en français « Le vent se lève, il faut tenter de vivre ». Seul survivant, peut-il vraiment se réjouir de ses créations? – D.R.
 
 
POSITION 17

WHY DON’T YOU PLAY IN HELL? de SION SONO | Japon

2013

Comédie d’action de Sion Sono, Why Don’t You Play in Hell? pourrait être décrit comme l’ultime film pour les cinéphiles geek. Pourquoi? Parce que cette offrande de Sono met en scène la rencontre hasardeuse entre une équipe de tournage amatrice (constituée de jeunes cinéastes pour le moins motivés nommée The Fuck Bombers) et un clan de yakuza. Rencontre qui provoquera une suite de situations inusitées… et violentes. Situations au pluriel puisque le film dure plus de deux heures. Why Don’t You Play in Hell? est avant tout une comédie d’action qui se fait un plaisir à faire référence à tout ce qui est cinéma : des plus précises dans sa séquence d’ouverture par son hommage au film Combat sans code d’honneur de Kinji Fukasaku, un film de 1973, le court métrage Le ballon rouge de Albert Lamorisse ou encore une petite référence à The Color of Money de Martin Scorsese avec Tom Cruise et Paul Newman. À des références plus générales : les Oscars, le festival de Cannes, ou encore le célèbre habit jaune avec lignes noires de Bruce Lee  dans Game of Death de 1978. Dix ans auparavant don Muto, chef d’un clan de yakuza, s’est fait attaquer par un autre yakuza Ikegami, son rival. Cette opposition s’est conclue par l’emprisonnement de sa femme, mère de sa fille, jeune actrice qui a à son crédit une pub de dentifrice. Avant la sortie de prison de sa femme, Muto invite les jeunes cinéastes à compléter le film de ses rêves… en filmant une véritable attaque de yakuza (des plus sanglante). Il faut ajouter à cela une belle histoire d’amour, et Why Don’t You Play in Hell? plait à tout public… – M.-A.L.
 
 
POSITION 16

THE RAID 2 de GARETH EVANS | Indonésie et États-Unis

2014

The Raid 2 propose une histoire d’infiltration policière dans une triade de gangsters assez bancale et confuse. L’intérêt du film ne se trouve certainement pas dans son intrigue. Or, le film se retrouve quand même dans ce palmarès des meilleurs films asiatiques de la décennie. C’est qu’avant tout, The Raid 2 est un film d’action, et tout un! Ses scènes d’action font probablement partie des plus incroyables présentées au cinéma dans les dernières années.
Que ce soit un duel dans une cuisine, une poursuite en voiture, un affrontement dans le métro ou une émeute en prison, entre autres, toutes relèvent du grand art et viennent prendre le spectateur aux tripes.
Les chorégraphies en soi spectaculaires et intenses sont filmées techniquement avec virtuosité de manière à en mettre plein la vue par son réalisateur Gareth Evans. À voir pour son spectacle. – J.C.

 

POSITION 15

THE WAILING de HONG-JIN NA | Corée du Sud et États-Unis

2016

Troisième long métrage du réalisateur, sélectionné hors compétition à Cannes. The Wailing c’est plus de 2h30 de film, deux ans et demi d’écriture, six ans de production, l’équivalent de quatre mois de tournage en décors naturels dans une dizaine de villes différentes de Corée du Sud. Un film qui mélange les genres, avec un scénario alambiqué, presque illisible et parfois pénible à suivre. Na Hong-Jin voulait créer un nouveau genre après ses précédents film, en mettant en scène un policier de village médiocre qui va se transformer en père courage pour sauver sa fille du mal qui la ronge ou du démon qui la possède, on ne sait plus trop, ce que l’on sait c’est que ce sera vain. Pas de happy-end ni de résolution, ni même un début de solution. Le récit fleuve, dans sa structure, un parti pris où la forme colle au propos, pour perdre le spectateur dans la brume, la boue, la densité labyrinthique de la forêt, un paysage épais pour un récit fourre tout qui ne l’est pas moins. On reconnaît les qualités de la direction photo déjà présente dans les précédents films de Hong-Jin. Dans son troisième film, le réalisateur voulait s’écarter de la violence des deux premiers en explorant la douleur de ceux qui restent, ceux qui, confrontés à la perte d’un être cher par une mort violente, sont également des victimes de cette violence. Si l’on peut passer à côté du propos du film, en revanche il serait regrettable de passer à côté de ce cinéaste dont les précédents films ne déméritent pas, bien au contraire. – D.R.
 
Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.
 

 

POSITION 14

DRUG WAR de JOHNNIE TO | Chine et Hong Kong

2012

Avec plus d’une quarantaine de films à son actif (dont les succès internationaux PTU, Exilé, Breaking News et Élection), Johnnie To réalise en 2012 Drug War. Grand prix du festival international du film policier de Beaune, le métrage s’est fait remarquer pour sa mise en scène implacable et son récit aux nombreux retournements de situations. L’action de Drug War se déroule sur 72 heures seulement. Elle raconte l’histoire de Timmy Choi (Louis Koo) qui, après s’être fait pincer par le capitaine Zhang (Sun Honglei) lors d’un accident de voiture, n’a pour seule échappatoire que de devenir un informateur dans le but de faire tomber le chef du cartel pour lequel il travaille. Il faut savoir qu’en Chine, malgré le contrôle des armes très strictes, de nombreux policiers se font régulièrement tuer en raison de la sévérité de la loi ne laissant que peu de choix aux trafiquants de drogue. En effet, un simple 50g de méthamphétamine peut vous coûter la peine de mort. Si le réalisateur ne délaisse pas son humour noir (lors d’un interrogatoire, un policier cache une partie d’un panneau d’instruction où il est écrit « pas de tortures pour les suspects pour obtenir des confessions »), les scènes d’actions musclées rendent compte de la tension chez les deux camps que le cinéaste se plait à filmer à la manière d’un western (duel face à face, les yeux dans les yeux). En ce sens, le final n’est pas sans rappeler le meilleur de Heat de Michael Mann, la camera offrant des vues en plongées ou d’ensemble avec de grands angles. Aussi, la scène du hangar est un classique du genre qui surprend par l’utilisation de sourds et muets pour procéder aux opérations des trafiquants de drogues. Ils sont ici très habiles malgré leur handicap sur lequel il ne faut pas se fier. D’ailleurs, cette histoire vraie a inspiré Wai Ka-fai, l’acolyte de longue date de Johnnie To au scénario. Ils se sont adjoints les services d’une douzaine de policiers de la région pour rendre compte de la réalité du terrain. Ordinairement, les trafiquants sont joués par les chinois mais pour renverser la vapeur et ne pas tomber sous le poids de la censure très active en Chine, ici les méchants sont campés par les hongkongais. In fine, vous serez agréablement conquis par ce très bon polar qui glace le sang. – A.B.  

 

POSITION 13

SHADOW de ZHANG YIMOU | Chine, Hong Kong et États-Unis

2018

Zhang Yimou nous offre probablement le meilleur film de sa carrière. Shadow raconte l’histoire d’un doppelgänger d’un général d’armée malade prenant sa place à des moments clés. Ayant été élevé et formé à imiter son maître, la tenue imminente d’un duel complique les choses puisque l’enjeu du duel déterminera le vainqueur de l’affront entre deux familles royales s’opposant dans l’occupation d’une cité. Le film est visuellement remarquable avec des jeux d’ombre et une utilisation de la lumière impressionnante. En faisant le choix de faire un film quasi en noir et blanc, Zhang Yimou peint avec finesse, digne des plus grands calligraphes à l’encre de Chine, un univers narratif et visuel se répondant. Le gris domine, certes, mais la beauté qui y émane est exceptionnelle. C’est à croire que le cinéaste émérite a pris le risque de réduire le spectacle et les couleurs vives qui ont fait la marque de son cinéma pour se concentrer sur la simplicité. C’est dans cette simplicité scénaristique (un duel par un double, un affront entre deux familles royales et un triangle amoureux) additionnée à cette sobriété visuelle que toute la maîtrise cinématographique de Yimou est à son apogée. Malgré une première mondiale à Venise puis à Toronto à l’automne 2018, le film est somme toute passé inaperçu lors de sa sortie en salle en 2019. Dommage, parce qu’il s’agit d’un film qui doit être vu sur grand écran pour pouvoir bien absorber son époustouflante beauté. – M.-A.L.

Voir ce que l’on en avait dit à sa sortie sur les écrans.

 

POSITION 12

UNCLE BOONMEE WHO CAN RECALL HIS PAST LIVES de APICHATPONG WEERASETHAKUL | Thaïlande, Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne et Pays-Bas

2011

Apichatpong Weerasethakul est un habitué de la croisette. Il y a gagné le prix Un certain regard en 2002 pour Blissfully Yours et le Prix du Jury en 2006 pour Tropical Malady. En 2010, il s’est vu remettre la palme d’or sous la présidence de Tim Burton, charmé par cette histoire de réincarnation. On est en Thaïlande où l’oncle Boonmee, un apiculteur d’une soixantaine d’années souffre d’insuffisance rénale. Sa mort approche et pour s’y préparer, il s’exile dans une ferme située dans les montagnes en compagnie de sa belle-sœur et d’un jeune laotien chargé de lui prodiguer ses soins. Un soir, à la table du dîner, le fantôme de sa femme et celui de son fils, tous deux décédés, font irruption. Le vieil homme s’enfonce lentement dans la jungle tropicale et luxuriante avec sa famille pour rejoindre la mystérieuse grotte qui fut le berceau de son existence. Ses vies antérieures se rappellent doucement à lui dans une fantasmagorie envoûtante. Oncle Boonmee est l’adaptation d’un livre A Man Who Can Recall his Past Lives qui raconte l’histoire vraie de cet homme venu trouver un moine dans un temple du nord-est de la Thaïlande. Ce dernier lui avait raconté que lorsqu’il entrait en méditation, il pouvait faire revenir ses existences passées. Le film est divisé en 6 segments narratifs de 20 minutes qui ont chacun leur propre style (différence de lumière, de jeu ou encore de mise en scène). Ainsi, cela crée l’apparition de souvenirs aléatoires pour le spectateur qui vit une expérience sensorielle, émotionnelle et visuelle. Elle sonde vos peurs les plus primales pour les libérer, offrant ainsi le temps de se poser pour s’imprégner de la beauté de la nature environnante dans un esprit contemplatif. Cette nature, on oublie souvent de l’écouter bien qu’elle n’arrête pas de raconter des histoires. De fait, elle devient une actrice du film grâce au travail du son. On entend tout. Des oiseaux jusqu’aux moindres insectes, aux clapotis de la pluie et du vent qui souffle dans les arbres sur les terres où l’homme regarde, patient, son corps doucement se taire. Les yeux tournés vers l’horizon, vers un autre monde : celui des morts qui reviennent côtoyer les vivants. Une belle manière de nous signifier l’importance de vivre avec eux et qu’il ne sert à rien de les oublier car ils finiront toujours par réintégrer notre quotidien. – A.B.   

 

POSITION 11

LIKE FATHER, LIKE SON / TEL PÈRE, TEL FILS de HIROKAZU KORE-EDA | Japon

2013

À juste titre, le film s’est mérité le Prix du jury au Festival de Cannes de 2013 ainsi que le Prix du jury Œcuménique.
Ryoata est un architecte obnubilé par son travail. À tel point qu’il en oublie souvent de passer du temps avec son fils Keita et sa femme. Un jour, les parents reçoivent un appel de la maternité où leur enfant est né. Deux bébés ont été échangés à la naissance. Keita n’est pas leur enfant tandis que leur fils biologique a grandi dans un milieu plus modeste.
Dans les années 70, il n’était pas anodin qu’au Japon les enfants soient intervertit après qu’il fut prescrit d’écrire le nom des bébés sur leurs talons. Dans le film, l’infirmière en charge des bébés reconnaît avoir volontairement posé ce geste pour donner une chance à l’enfant issu d’une famille modeste de pouvoir s’en sortir dans la vie. Une sorte de pied de nez à la réalité qui rend toute ascension sociale difficile. Face à cette situation très perturbante pour les enfants, la plupart du temps les parents choisissent malgré tout l’échange. Le lien du sang prenant le pas sur l’affect. Ici, Koreeda questionne la culture nippone au travers la notion de transmission. Il s’intéresse aux chamboulement intérieurs des parents comme des enfants qui doivent apprendre à composer avec leurs idées reçus. Ryoata est persuadé qu’en ayant une bonne situation professionnelle, il pourra ainsi offrir à son fils la meilleure éducation possible. Si l’argent achète bien du confort, les moments privilégiés avec son enfant n’ont pas de prix. Au contact de la nouvelle famille de Keita, chacun à sa manière va apprendre à l’autre à s’ouvrir et revoir ses préjugés souvent erronés. Le film est une magnifique ode à la famille, mise en scène avec retenue et conviction. – A.B.

 

Cette compilation est une collaboration entre Marc-Antoine Lévesque, Alexandre Blasquez, Jules Couturier et Diane Rossi.

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