Dans un futur proche, un homme décide d’utiliser une toute nouvelle technologie de réalité augmentée pour se rapprocher d’une femme qu’il convoite. Creative Control jette un regard froid sur l’évolution des rapports humains à une époque où la technologie est devenue omniprésente. ♥
Œuvre de science-fiction à l’esthétique très « clipesque », Creative Control met en scène des personnages ayant de plus en plus de mal à communiquer à un âge où la frontière entre réalité et monde virtuel est devenue de plus en plus floue. Le postulat de départ est peu original mais le film se différencie par un parti-pris esthétique plutôt osé. En effet, le noir et blanc contraste fortement avec l’aspect résolument moderne du long-métrage. Creative Control fait par exemple apparaître à l’écran les messages et applications des téléphones portables de chacun.
Creative Control se rapproche du film Her de Spike Jonze dans sa capacité à mettre en avant l’handicap social d’un homme à l’ère du numérique. Mais là où Her réussissait à émouvoir en provoquant une véritable empathie chez le spectateur, Creative Control ne permet aucune forme d’implication émotionnelle. Le long-métrage de Benjamin Dickinson se caractérise par sa froideur qui est indéniablement renforcée par le noir et blanc choisi par le metteur en scène. Si on ajoute à cela des personnages foncièrement antipathiques, la mise à distance émotionnelle est alors trop forte.
L’ajout très Kubrickien de la musique classique paraît également superflu. Si l’on prend l’exemple d’Eyes Wide Shut qui semble avoir également été une forte influence sur Benjamin Dickinson, la musique classique souligne l’état d’esprit des personnages tout en insufflant une certaine mélancolie au long-métrage. Ici, elle est intégrée de manière maladroite et rien ne justifie sa présence. En réalité, tous les effets de style du film semblent cacher un propos finalement assez pauvre et simpliste. La frustration sexuelle, les difficultés de communication et l’aliénation de l’être humain par la technologie sont des sujets qui ont tous été mieux traités ailleurs.