Les Frères Coen

Dans les années 80, une nouvelle génération de réalisateurs américains indépendants a émergée: David Lynch, Steven Soderberg, Spike Lee, Jim Jarmusch, Sam Raimi, John Sayles, Oliver Stone, Errol Morris, Ethan et Joel Coen, sans oublier tout le courant du New Queer Cinema avec, à sa tête, Gus Van Sant et Gregg Araki. Même si certains ont commencé leur carrière lors de la décennie précédente, c’est dans la décennie reaganienne qu’ils attirent véritablement l’attention du public et des critiques.

En 1984, furent créés, aux États-Unis, les Friends of Independents Awards (maintenant connus comme les Independent Spirit Awards), l’équivalent, pour le cinéma indépendant, des Oscars. En 1978, le festival du film Sundance, spécialisé dans les productions réalisées à l’extérieur des pays majeurs, voit le jour grâce à Robert Redford. Cependant, en 1985, le festival change un peu de statut pour devenir un organisme à but non lucratif ayant pour mission d’aider à la fois la production et la diffusion du cinéma indépendant.

De cet âge d’or du cinéma indépendant, il y a un nom qui se détache du lot. Par une production cinématographique toujours réussite, un public fidèle et des récompenses des plus grands festivals et palmarès du monde (Palme d’or à Cannes, Oscar du Meilleur Film à Hollywood), deux frères se démarquent. Effectivement, le cinéma des frères Coen a toujours (sauf pour LadyKillers – Prix spécial du Jury à Cannes, et Intolerable Cruelty), fait la quasi-unanimité de l’ensemble de la presse. Leur 16e et dernier film, Inside Llewyn Davis, n’aura pas démanti cette constance. Déjà récipiendaire du prix du Grand Jury à Cannes, le film a accumulé les nominations dans les différentes remises de prix de fin d’année (3 nom. aux Independent Spirit Awards, 3 nom. aux Golden Globes).

Des débuts remarqués grâce à Blood Simple

La carrière des frères Coen commence en 1981 alors que Joël Coen fait partie de la production de The Evil de Sam Raimi (qui co-scénarisera The Hudsucker Proxy réalisé par les Coen en 1994). Toutefois, c’est en 1984 qu’ils réalisent leur premier film, Blood Simple. Le film fera d’ailleurs l’objet d’un surprenant remake en 2009 par l’un des plus grands réalisateurs chinois contemporains, Zhang Yimou. Blood Simple marque leur première rencontre avec Frances McDormand qui deviendra l’épouse de Joël et qui tournera à 6 reprises avec les Coen (dont Fargo en 1996, qui lui permettra de mettre la main sur l’Oscar de la Meilleure Actrice). Blood Simple est à la fois leur première réussite ‘festivalière’ (prix du meilleur film de fiction à Sundance), mais préfigure également presque tous leurs films à venir : des gens ordinaires croisent la route de personnages étrangers et mystérieux et les entraînent dans des aventures rocambolesques et dramatiques. Le tout en questionnant et remettant en question l’ordre établit et les institutions. Dans Blood Simple, comme ce sera le cas dans Fargo, c’est le corps policier qui en prend pour son rhume. Autrefois, ce sera le tour d’un studio hollywoodien (Barton Fink), de l’institution du mariage (Intolerable Cruelty), de la grande entreprise (The Hudsucker Proxy), de la CIA (Burn After Reading) ou de la mystique scène folk des années 60 (Inside Llewyn Davis).

Les Coen ont, comme John Ford avec la John Ford Stock Company, une équipe de fidèles collaborateurs et acteurs fétiches qui les suivent film après film. Carter Burwell est le plus fidèle des collaborateurs des frères Coen, car si on exclut le court-métrage du collectif Paris je t’aime, Inside Llewyn Davis marque le premier film des Coen sans une musique de Burwell. Barry Sonnenfeld fut, avant de passer à la réalisation (Les Addams Familly et les Men in Black), le directeur photo attitré des Coen jusqu’à Millers Crossing en 1990, alors que Roger Deakins prendra le relais. La British Academy of Film and Television Arts récompensera Deakins à trois reprises pour un film des Coen: The Man Who Wasn’t There en 2001, No Country for Old Men en 2008 et True Grit en 2011. Pour Inside Llewyn Davis, en plus de faire équipe avec un nouveau compositeur, les Coen font également équipe avec un nouveau directeur photo, le français Bruno Delbonnel, surtout connu pour sa collaboration avec Jean-Pierre Jeunet sur Amélie Poulain et Un Long Dimanche de Fiançailles. Chez les acteurs, en plus de Frances McDormand, Steve Buscemi et John Goodman ont également tourné à six reprises avec les deux frères, alors que Jon Polito fut de la distribution à 5 reprises ainsi que John Turturro, à 4 reprises dont Barton Fink qui lui donnera l’occasion de remporter le prix du Meilleur Acteur à Cannes.

Le webzine américain Vulture a annoncé qu’après un film avec le bluegrass comme décor sonore et un film dans l’univers du folk, l’opéra serait le décor de leur prochain film. Par ailleurs, d’autres rumeurs insinuent que le prochain film des Coen serait peut-être un péplum. Avec la réputation qu’ils ont, sûrement que lorsque le projet sera définitif, on en réentendra parler.

 

Coen Bros

FILMOGRAPHIE:

  • 1984 : Blood Simple
  • 1987 : Raising Arizona
  • 1990 : Miller’s Crossing
  • 1991 : Barton Fink [Palme d’or à Cannes]
  • 1994 : The Hudsucker Proxy
  • 1996 : Fargo [Prix de la Mise en Scène à Cannes et Oscar du Scénario]
  • 1998 : The Big Lebowski
  • 2000 : O’Brother Where Art Thou?
  • 2001 : The Man Who Wasn’t There [Prix de la Mise en Scène]
  • 2003 : Intolerable Cruelty
  • 2004 : The Ladykillers [Prix Spécial du Jury]
  • 2007 : No Country for Old Men [Oscar du Meilleur Film]
  • 2008 : Burn After Reading
  • 2009 : A Serious Man
  • 2010 : True Grit
  • 2013 : Inside Llewyn Davis [Grand Prix du Festival à Cannes]

Laurent

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