I Don’t Belong Anywhere – Chantal Akerman

Un propos intéressant qui aurait gagné à être formellement plus audacieux. ♥ ♥♥

I Don’t Belong Anywhere ; magnifique surtitre pour un documentaire sur Chantal Akerman. Car oui, quand on regarde la filmographie de la célèbre réalisatrice belge décédée un peu plus tôt cette année, on peine à trouver dans quel courant elle s’inscrit. D’origine belge, elle n’est pas identifiée à un courant national fort comme c’était le cas pour d’autres cinémas nationaux dans les années 1970, période ou elle a pris son envol. De son parcours émane solitude, introspection et contemplation. Façonné par une méthode furieusement libre et indépendante, le documentaire s’attarde sur l’œuvre de la cinéaste avant tout.

Le film prend principalement la forme de témoignages de Chantal Akerman sur sa carrière de réalisatrice à travers les années. Elle nous offre histoires, souvenirs et anecdotes sur sa vie et son métier qui sont entrecoupés de (trop ?) nombreux extraits de ses films connus et moins connus. La réalisatrice Marianne Lambert donne la parole à des collaboratrices de longue date (monteuse, actrice) et des pairs (nommément, le cinéaste Gus Van Sant, grand admirateur du célèbre Jeanne Dielman, qui intervient à plusieurs reprises, mais à des degrés de pertinence divers).

akerman

Une intégrité inébranlable

Dès le départ, nous sommes charmés par plusieurs anecdotes sans doute inédite pour l’admirateur à temps partiel ; nous apprenons par exemple que Chantal Akerman a financé son film La Chance grâce à de l’argent subtilisé à un cinéma porno gay dans lequel elle travaillait ! Son école, c’est le cinéma radical et expérimental. Apprécié de Jonas Mekas, les extraits de ces films ont l’occasion de nous rappeler son approche très lente, très répétitive, où, comme elle le dit elle-même dans le documentaire, elle souhaite que le spectateur sente le temps passer plutôt que le contraire. Elle se servait souvent de sa méthode pour traiter de sujets sensibles avec profondeur ce qui a parfois résulté en des outrages profond chez les spectateurs (Les rendez-vous d’Anna en sont une belle preuve). L’occasion permet également à Akerman de revenir sur l’influence de sa mère sur son cinéma de façon très touchante – influence qui est aussi remarquée dans son dernier film présentée également aux RIDM cette année, No Home Movie.

Si le film se révèle riche en anecdotes et témoignages, il se révèle sommes toute convenu et décevant au niveau de la forme. Se voulant avant tout un hommage à la cinéaste, les extraits d’entrevues et de ses films s’enchainent dans une linéarité plutôt banale qui ne tient guère compte de l’audace de Chantal Akerman. Par ailleurs, les extraits de films qui prennent beaucoup de place pour un film d’une aussi courte durée en viennent à relativiser le propos du documentaire qui est à cheval entre la leçon de cinéma, l’hommage ou le témoignage. Malgré une incursion intime parfois impressionnante sur son travail, c’est au niveau formel que l’on aurait pu faire le plus bel hommage à Chantal Akerman.

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