Histoire Hippie est honnête et touchant dans sa mise à nu des principes inflexibles d’un personnage haut en couleur.♥♥♥
Souvent, certains personnages historiques sont iconiques à un point tel qu’un documentaire à leur sujet s’impose de lui-même. Les Churchill, de Gaulle, Martin Luther King ou Malcolm X sont par exemple de ceux-là. À l’inverse, certains personnages plus inconnus du public ont eu une vie si originale qu’un documentaire s’impose tout autant lorsqu’on en vient à s’attarder à eux. Près de chez nous, Jean-Paul Colmor de Carcasses répond à tout point de vue à cette définition. Avec Histoire Hippie, Jean-André Fourestié nous en présente un autre en la personne de Martin stone.
Le film raconte ainsi l’histoire de Martin Stone, un homme ayant gardé en vie les idéaux hippies des années 1960-1970 contre vents et marées depuis 50 ans. En 1966, il est parti avec ses 2 filles pour la communauté hippie de Hog Farm. Il n’a depuis jamais renié ses principes de vies qui l’ont éloignée peu à peu de sa femme et de sa famille. Aujourd’hui, le film s’attarde aux amis, comparses et enfants de ce personnage atypique.
Mêmes idées, différentes époques
D’entrée de jeu, il est fascinant de voir l’évolution des différentes personnes ayant croisé le chemin de Martin tout au long de sa vie. Chacun a fait son petit bout de chemin dans sa direction personnelle alors que lui n’a jamais flanché; il a gardé les mêmes idéaux (et le même appartement) depuis 40 ans. Ses attachements ne sont donc pas filiaux, sentimentaux ou générationnels, mais d’une certaine façon amicaux, ou idéologiques. La galerie de personnages qui passent par son appartement ne se regroupe pas en âge (de 17 à 77 ans), sexe, origine ou langue parlée. Tous apprécient Martin pour ce qu’il est en lui même.
Crédit Photo : Voir
Le film ne tombe pas plus dans le piège d’idéaliser à outrance le mouvement hippie. Le nouveau mari de l’ancienne femme de Martin qui a pris les enfants sous son aile se montre ainsi (judicieusement) plutôt critique entre autres envers le manque de responsabilité de Martin à l’époque. Ainsi, on voit que celui-ci ne fut pas un père des plus présent pour ses filles et que le manque d’encadrement de sa propre vie s’est reflété dans toutes les sphères de celle-ci.
En abordant la vie de l’homme dans l’ensemble, on effleure par contre beaucoup de sujets et on en vient à regretter que certains ne soient pas creusés plus profondément. On aurait aimé l’entendre davantage nous expliquer sa philosophie de vie, ou nous parler de son histoire personnelle (certaines péripéties en fin de parcours viennent couper court l’évolution narrative qui prédominait). Tout de même, il s’agit d’un portrait touchant et honnête d’un personnage haut en couleur.