Entrevue Jérémie Battaglia : Une jeunesse française

Dans le Sud de la France, au cœur de la Camargue, une tradition ancestrale et méconnue a lieu. Dans les arènes de la région, de jeunes hommes vêtus de blanc affrontent des taureaux dans un face à face dangereux et impressionnant. Bien plus qu’un sport traditionnel, ce combat sans mise à mort du taureau, offre à de nombreux jeunes issus de l’immigration maghrébine la chance de prendre leur place dans l’arène comme dans la société française. Parmi eux, Jawad et Belka, deux raseteurs à la croisée des chemins. Jawad, suite à une blessure majeure, se questionne sur son avenir dans ce sport. Belka lui, suit les pas de son père. Il voit en sa passion une opportunité pour se sortir d’un avenir incertain et réaliser son rêve de devenir champion de France. Le film offre une plongée dans l’intimité des personnages. Par leurs mots, pudiques, ils racontent leur réalité en tant que jeunes français d’origine maghrébine. En dehors des arènes, c’est un combat contre le racisme qu’ils doivent mener.

***
Bonjour Jérémie, comment as-tu connu la course camarguaise et qu’est-ce qui a motivé l’écriture de ce film?

Jérémie Battaglia : Pour moi, le point de départ, ça a été les attentats de novembre 2015 à Paris. Il s’avère que j’étais dans la capitale avec des amis la veille des fusillades, à une des terrasses qui s’est faite attaquer. Je prenais l’avion le lendemain pour rentrer à Montréal. Ça a été tout un choc pour nous, car à 24 heures près, on se retrouvait là où cinq personnes allaient être tuées. Ayant grandi dans la région de Marseille, j’ai côtoyé beaucoup de jeunes maghrébins de mon âge. Certains se sont radicalisés. J’ai alors eu le désir de comprendre. Mais très vite, je me suis aperçu que je ne voulais pas faire un film sur la radicalisation car le problème à ce moment-là, c’est que le message dominant dans les médias était centré sur ces jeunes hommes français d’origine maghrébine. J’avais envie de faire un portrait différent d’eux, surtout que la plupart ne franchissent pas le cap. Je cherchais donc un sujet, une approche et j’ai fini par aller à Lunel, une petite ville dans le sud de la France. Mon père avait vécu là et mes grands-parents y sont enterrés. J’avais entendu parler d’un grand nombre de jeunes partis faire le djihad depuis cet endroit. De fait, j’ai eu envie d’aller voir si je pouvais trouver d’autres histoires, des histoires positives dans cette commune où il s’est passé beaucoup de choses traumatisantes.

Finalement, c’est un peu par hasard que tu as trouvé ton sujet une fois sur place.

JB : Exactement. C’est par hasard. Une personne du coin m’aidait pour trouver des gens avec qui discuter et elle m’a parlé des courses camarguaises. Il s’avère que plus de la moitié des jeunes qui la pratiquent sont des jeunes d’origine maghrébine. Elle m’a conseillé d’aller en voir et lors de ma première fois, j’ai senti comme une évidence instantanément. C’était ça le sujet du film. Je trouvais vraiment belle la métaphore sur le combat dans l’arène et celui qu’ils peuvent mener à l’extérieur pour trouver leur place dans la société française. Très vite, je me suis arrêté sur ce sujet.

Et c’est un bon contre-pied à ce que tu ne voulais pas faire sur la radicalisation. Tu as réussi à réaliser un film très solaire, tourné vers la lumière. Tu as su garder une part de spontanéité dans la direction à prendre lors du tournage de ce que je comprends.

JB : Oui, quand même. Je suis parti avec un scénario et un plan de tournage basé sur mes recherches et ce que j’avais écrit. Mais une fois mon plan de travail établi, le scénario, je le mets à la poubelle. Je sais ce que je veux aller chercher alors je me concentre sur ce que je suis capable d’aller fouiller avec les personnages. Par exemple, je savais que je voulais une scène avec Belka et sa maman car je trouvais intéressant leurs rapports familiaux. D’ailleurs, je lui ai juste signifié que j’aimerais aller la rencontrer et je les ai laissé parler. Je n’ai rien eu à leur dire. Ils ont fait la scène tout seul, avec plein de petits détails que je n’avais pas prévu et qui sont vraiment venus nourrir le film. Il y a toujours une grande part de spontanéité, surtout sur ce projet-là, avec deux jeunes gars dans la vingtaine, dans le Sud de la France. C’était un peu compliqué d’organiser le tournage avec eux. Il fallait parfois que je leur cours après avec des feuilles de temps pour tourner. Je pense qu’au début, il y avait un enjeu de créer un lien de confiance pour qu’ils embarquent et qu’ils comprennent aussi ce que je voulais faire. D’ailleurs, je pense que le déclic pour Jawad a eu lieu au bout de deux semaines de tournage. J’étais là avec sa blonde dans une arène et je le filmais. Belka venait de se faire une grosse blessure. J’étais dépité. Je me demandais s’il allait bien et comment j’allais pouvoir gérer cet imprévu dans le film. Je me suis fait plein de scénarios dans la tête. Je me disais : « s’il est gravement blessé, qu’est-ce qu’on fait ? ». Égoïstement, je pensais à finir mon film. Il me restait encore trois semaines de tournage. Et c’est là que Jawad et sa blonde ont eu un déclic et se sont dit qu’ils allaient m’aider. D’un coup, il n’y avait plus aucune réticence et il s’est abandonné complètement, en toute confiance. Il a compris qu’il y avait un réel investissement de ma part, mais aussi que je me souciais d’eux. Au-delà de mon désir de faire le film, j’étais aussi super inquiet pour Belka, je voulais aller le voir à l’hôpital. J’avais cette envie de raconter leur histoire et je leur ai dit que c’est ensemble qu’on allait le faire ce projet-là. Parfois, il y a des coïncidences de ce genre qui aident au bon déroulement du tournage.

J’ai trouvé dans le film qu’il était beaucoup question de déconstruire le déterminisme social. Jawad explique que son père a préféré quitter la ville pour éduquer ses enfants à la campagne, pour rompre un cercle dans lequel il est facile de se perdre, notamment dans la drogue. Dans les quartiers, un personnage nous raconte même qu’il commençait à vendre des barrettes de shit avant de découvrir la course camarguaise. Seulement ici, la drogue, c’est le sport, c’est cette tradition. Mais pour prouver quoi selon toi?  Qu’est-ce qu’ils viennent y trouver?

JB : Je pense que Jawad et Belka y trouvent quelque chose de différent. Cependant, la chose commune entre les deux, c’est un espace d’expression qu’ils n’ont pas à l’extérieur. Ils ont l’impression que dans cette course, face aux taureaux, ils sont tous égaux. Même s’il peut y avoir des réticences dans le milieu des courses camarguaises, étonnamment, dans ce milieu-là qui est très conservateur, elles sont beaucoup moins présentes que dans la société à l’extérieur. Même les gens les plus fermés d’esprit ou les plus racistes de ce milieu ont conscience des sacrifices nécessaires pour pratiquer cette tradition. Ça leur inspire du respect je pense.

Un respect qui dépasse la couleur de peau donc.

JB : Exactement. Et là, grâce à la course, ils ont quelque chose qui leur permet en affrontant les taureaux de gagner de l’argent, de gagner même leur vie car ça peut devenir intéressant quand tu montes les échelons. Et cette opportunité, on ne leur offre pas à l’extérieur. Ils n’arrivent pas à trouver de boulots à la hauteur de leurs expériences professionnelles et des études qu’ils ont pu faire. On ne leur donne pas leur chance, ou que très rarement. Après, Jawad et Belka ont selon moi deux approches très différentes. Je pense que Belka est vraiment une tête brûlée. Il a vraiment ce désir-là de réussite et d’être reconnu par la communauté, par les autres. Là où Jawad, il me semble, est peut-être dans quelque chose de plus pur. En tout cas, c’est comme ça que je l’ai abordé dans le film. Il a vraiment une relation au taureau qui est plus…

Noble?

JB : Oui plus noble entre guillemets, mais je ne veux pas non plus dénigrer Belka dans sa relation au taureau où il est vraiment question d’une passion pour l’animal et pour la culture camarguaise. Les deux hommes ont ces deux facettes d’une même pièce selon moi.

Tu filmes les balcons des bâtiments qui s’apparentent aux boxes des taureaux où chacun est enfermé dans son milieu. Plus tard, tu cadres par un travelling un raseteur qui fait sa ronde de gardien de nuit sur un parking où les emplacements vides sont autant de cases dans lesquels il n’est pas facile de rentrer. C’était une réelle envie de filmer l’environnement social des raseteurs comme quelque chose qui les conditionne et duquel il est difficile de sortir, de se départir?

JB : Oui, il y avait vraiment cette idée de l’enfermement, notamment avec Belka qui a grandi dans des quartiers plus difficiles. En même temps, je voulais que ce soit beau également. Je ne souhaitais pas le filmer de façon glauque ou misérabiliste parce que c’est de là qu’il vient. Il ne s’est pas passé que des mauvaises choses pour lui. Vu que tout se passe à travers leur regard, je voulais aussi que l’image corresponde un peu à ce qu’ils en disent. Par exemple, Belka trouve que c’est difficile de grandir dans ces quartiers-là car il n’y a pas beaucoup d’options qui s’offrent à eux pour s’en sortir et faire de l’argent à part la drogue.

Ça me fait penser à ce travelling le long d’un bâtiment en contre plongée qui donne, je trouve, une sensation d’inaccessible vu que l’horizon n’est pas visible. Ça vient appuyer cette idée il me semble.

JB : Oui. Le côté solaire dont tu parlais tantôt était dès le début une des choses que je souhaitais mettre de l’avant avec l’ambiance de cette région à la lumière si particulière. J’aimais le contraste du soleil extrêmement généreux du Sud et qui, en même temps, peut s’avérer être dangereux. J’aimais aussi beaucoup le contraste avec la nuit où le taureau, tout en noir fait face aux raseteurs habillés de blanc. Cette notion de dualité que je trouvais très intéressante nous signale que le danger ne vient pas forcément de là où l’attend.

C’était une façon de ne pas tomber dans la binarité?

JB : Oui, car lorsqu’on parle des jeunes maghrébins, on pense souvent aux cités, à la région parisienne. C’est glauque, c’est gris. Je trouvais ça bien de sortir de ces codes-là et de présenter une sorte de Far West provençal ensoleillé où même les cités peuvent être belles sous cette lumière-là. Sans tomber dans la naïveté non plus, parce qu’ils vivent malgré tout des choses difficiles. Ça m’importait de montrer que malgré les obstacles, il y en a qui s’en sortent à leur manière, d’une façon assez inattendue, dans des régions où le racisme est extrêmement fort. C’est dans le contexte des traditions camarguaises qu’ils arrivent à trouver leur place, dans un monde très conservateur où ils sont très appréciés. Certes, ils ont pu être rejetés parfois mais ils ne passent pas leur temps à se victimiser. Je trouvais que ça venait un peu déjouer certains dangers que je pouvais avoir aussi en tant que cinéaste. J’aimais l’idée d’aller dans des zones de gris où tout est plus complexe que les méchants immigrants d’un côté et les méchants racistes de l’autre. J’aimais que plusieurs couches se superposent. Je pense qu’à partir du moment où on a un projet commun, quel qu’il soit, on peut travailler ensemble dans la même direction et dépasser la peur de l’autre et ses différences.

C’est un beau pied de nez à l’extrême droite d’aller déconstruire ces stéréotypes qui ont la vie dure.

JB : Oui, complètement. En bout de ligne, tout le monde a un désir d’être aimé, d’être intégré, et d’être reconnu pour ce qu’il est. Beaucoup de français de souche parlent de préserver leur identité et leurs traditions. On entend beaucoup ces discours-là ces dernières années au Québec également. Pour certaines personnes, Jawad et Belka viennent de l’extérieur alors qu’ils sont nés en France je le rappelle. Qu’ils puissent avoir cette reconnaissance de la part de gens établis dans la région depuis des siècles, parce qu’ils perpétuent les traditions taurines en faisant partie de la communauté, c’est touchant.

La question de l’identité est très présente dans ton film mais aussi celle de l’argent. Ces jeunes sont souvent issus de milieux modestes, pratiquant ce sport pour arrondir les fins de mois. Néanmoins, le constat que fait un raseteur est assez sombre. En France, les métiers de gardiens de nuit et de femmes de ménage sont souvent occupés par des immigrés, des noirs et des arabes…il constate également la difficulté à trouver des stages pourtant, il ne dit pas avoir souffert du racisme et ne se victimise pas. Je trouvais que dans le fait de rebondir vis à vis de ça, il y avait cette image des raseteurs qui sautent dans l’arène pour éviter le taureau, pour éviter le danger. Est-ce que la course n’est pas finalement la recherche d’une forme d’acceptation de soi?

JB : Je pense qu’inconsciemment il y a de ça. Ils grandissent avec un message négatif « tu n’es pas d’ici, tu n’es pas français » alors qu’ils sont nés dans la région.

Il y a même un personnage qui dit d’ailleurs « Je suis français, mais d’origine marocaine ».

JB : Exactement. Moi par exemple, j’ai grandi dans la même région qu’eux mais je n’ai jamais eu à me justifier du fait d’être français. Et eux, toute leur vie, ils doivent le faire. C’est une position dans laquelle je ne me suis jamais retrouvé. Je ne pourrais jamais pleinement comprendre ce qu’ils ont vécu et la difficulté que cela représente. C’était donc important pour moi d’essayer de faire transparaître, à travers le film, cette difficulté-là où tu dois toujours te justifier de qui tu es. Ça me touchait beaucoup. Toutefois, je ne voulais pas tomber dans le misérabilisme. Au début, Jawad était hésitant à participer au film précisément parce qu’il ne voulait pas donner une image misérabiliste de lui-même. Il y a eu beaucoup d’échanges et de discussions entre nous et ce fut très intéressant.

Il ne voulait pas qu’on le prenne en pitié?

JB : C’est ça. Il hésitait aussi parce qu’il essayait de devenir pompier à ce moment-là. Il savait que certaines personnes pourraient dire : « encore un arabe qui se plaint et qui n’est jamais content ». Il y avait chez lui, d’une part, cette fierté et ce souci de ne pas être montré comme une victime et de l’autre, la peur que ça le desserve de dire les choses telles qu’elles sont. On a eu beaucoup de discussions. J’ai alors réussi à le convaincre en lui expliquant que la façon dont il souhaitait me parler lui appartenait, que lui seul détenait les clefs et qu’il serait montré uniquement de cette manière. On a fait le film ensemble. C’était tout de même important de connaître ses craintes et de les garder en tête pendant l’entièreté du tournage et du montage.

Dans une scène, on découvre chez plusieurs raseteurs une certaine sensibilité à transmettre leur passion de la course camarguaise à des enfants lors de sorties scolaires. Cette tradition ancestrale, n’est-ce pas là un moyen, pour beaucoup d’immigrés, de développer un sentiment d’appartenance très fort avec leur pays d’adoption? En domptant le taureau, ils domptent aussi l’opinion publique alors que certains leur rétorquent que ce n’est pas leur culture comme tu disais tantôt. Est-ce que la vraie victoire n’est pas finalement de faire oublier ses origines lorsqu’on brandit un trophée?

JB : C’est un peu ambivalent parce qu’ils la défendent cette culture du Sud. Ils lui permettent de survivre grâce à leur participation aux courses camarguaises par les actions qu’ils peuvent poser. Il y a des scènes avec Belka que l’on n’a pas forcément gardées où il va dans les arènes, même s’il ne participe pas lorsqu’il est blessé, juste parce qu’il fait partie de ce milieu-là. C’est vraiment son monde et son quotidien. Il participe activement à la diffusion de la tradition camarguaise ainsi qu’à sa survie puisque la culture est vieillissante. Les arènes sont majoritairement remplies de personnes plus âgées. J’ai essayé de le montrer un peu dans le film.

En effet, ça se ressent. Il y a même une personne âgée qui à un moment donné parle avec un des raseteurs et lui dit de dépasser les préjugés justement. Avec l’idée de se tourner vers l’autre en gardant le sourire et de ne pas écouter ses démons.

JB : Oui et en même temps, cette scène-là, elle est ambivalente parce que ce qu’il dit, en gros, c’est sort de l’image de l’arabe. Cette scène me met toujours un peu mal à l’aise.

J’y ai vu une forme de bienveillance pourtant de vouloir se concentrer sur le positif.

JB : Ça l’est d’une certaine façon mais selon moi, cette scène est très ambiguë parce que ce qu’il dit également derrière tout ça, c’est qu’il ne faut pas être trop arabe, trop pétulant. Il ne faut ni avoir trop de caractère, ni se faire remarquer. Il faut rester dans le rang. C’est aussi ça qu’il lui dit. Pour être aimé du public, il faut l’être d’une certaine façon et pas d’une autre. Même les gens bien intentionnés peuvent parfois, sans s’en rendre compte, tenir des propos blessants.

L’acceptation n’est finalement pas à 100%.

JB : Non, ce n’est pas un amour inconditionnel. Jawad et Belka participent beaucoup à la survie de cette culture-là. Je trouve ça beau que ce soient des jeunes dont les parents immigrés ne sont pas ou peu reconnus comme des Français, des Camarguais. En fin de compte, ils participent autant à la tradition que les gens du pays et ils deviennent très camarguais par le biais de la culture.

Ils finissent même par prendre l’accent.

JB : Oui, ils montent également à cheval pour aller aider dans les manades. Ils font tout ça pour aider à la survie aussi de l’écosystème.

Les raseteurs sont filmés comme des stars de football. Ils ont même des tee-shirt avec leurs noms écrits dessus. Dans l’arène, ils développent une raison d’être et d’exister alors qu’en dehors ils ne sont pas connus. En pratiquant ce sport, cela leur permet d’asseoir une forme de légitimité à vivre en France.  Mais au-delà de ce sentiment d’appartenance que j’évoquais plus haut, il est aussi beaucoup question des apparences. C’est un sport où l’on doit être propre sur soi, par respect pour la bête comme pour soi. Le blanc immaculé des tenues contraste avec le noir ténébreux du taureau. On voit Belka qui se peigne et qui fait même une prière. Il y a tout un rituel autour de ça. Peut-on y voir un besoin permanent d’être aimé, respecté, voire validé, un besoin fort de reconnaissance également?

JB : Oui. Ce qui est difficile dans les courses camarguaises, contrairement par exemple à la corrida, c’est que le taureau est roi. Sur les affiches, c’est lui qui est mis en avant. Il y a même des statues de taureaux dans les villages alors qu’il n’y a pas de statues de raseteurs.

Un des personnages dit même à un moment : « ça n’a pas lieu d’être d’avoir une statue de raseteur sur un rond-point » parce qu’au fond, la star, c’est le taureau. L’animal est vraiment sacré.

JB : Et le rôle du raseteur, c’est de faire briller le taureau comme ils disent. C’est comme si le rapport de force était complètement inversé par rapport à la corrida où c’est vraiment le toréador la star du show en tuant l’animal. Ça peut être n’importe quel taureau. Je trouvais ça intéressant ce renversement des valeurs et du rapport de force. Mais c’est sûr qu’au-delà de ça, il y a un désir d’être reconnu quand même.

Je l’ai surtout senti dans le rapport à la famille. Les frères de Jawad ne sont jamais venus le voir. À l’inverse, le père de Belka était raseteur plus jeune. Il ne lui dit pas qu’il est fier de lui mais qu’il a fait son travail, toujours dans l’optique de se dépasser. J’ai vraiment ressenti qu’il avait le besoin d’être validé par son père, d’être reconnu, de venir combler quelque chose, comme une absence.

JB : Finalement, je le vois aussi comme ça. Sans trop en dire sur la fin, la façon dont réagit son père, ça peut sembler dérisoire mais c’est énorme pour lui.

Oui, on sent que ça a un impact. On n’utilise pas tous le même langage de l’amour. Il y en a qui vont avoir besoin de mots, d’autres de gestes. Et pour lui, les mots ont leur l’importance, alors quand son père verbalise ses émotions, c’est le plus beau des cadeaux.

JB : Je pense que le film, de façon générale, met aussi de l’avant le besoin d’être reconnu par sa communauté, par ses pairs, tout comme par sa famille, par ses parents également. Le fait de chercher cette validation et de pouvoir entendre : « je te vois et tu as une valeur pour moi, que ce soit en tant que raseteur, en tant que fils ou en tant qu’amoureux ». Je pense que c’est aussi ça que sous-tend le film en bout de ligne.

Tu parlais tantôt du fait que les taureaux sont perçus comme des rois. Il y a quelque chose de christique autour de l’animal dans la course camarguaise. Un des personnages du film dit de lui qu’il est « un ange déguisé, il peut t’emmener au paradis ou te redescendre en enfer car c’est lui qui décide ». Tu filmes même une croix en contre plongée, comme de nombreuses statues de taureau érigées dans les villes accentuant cette glorification de la bête qui semble trôner au-dessus de l’homme. Est-ce que selon toi la course camarguaise se pratique comme une religion?

JB : Ce qui est sûr, c’est que la culture traditionnelle est intimement reliée à la religion catholique. On s’est beaucoup questionnés sur le fait de garder une scène de messe traditionnelle reliée aux courses camarguaises qui se déroule pendant la période des Fêtes de la Pescalune. On trouvait ça important de rappeler que les courses se pratiquent dans un contexte connoté religieusement.

Et qui est différent en plus de la religion que Jawad et Belka connaissent.

JB : C’est ça. Ils sont de confession musulmane et même pratiquants.

Et les deux ne sont pas incompatibles. Les gens ressentent souvent le besoin de compartimenter leurs pensées pour apprivoiser l’autre. C’est pour ça tantôt que je te parlais des cases où il faut rentrer. Je trouve que ça vient casser ces préjugés qu’on peut avoir sur les musulmans.

JB : Oui, c’est vrai.

À un moment l’ombre d’une statue d’un taureau sur le bitume grossit à mesure qu’un bus passe. Elle ressemble à la noirceur qui gagne l’intérieur des raseteurs. Il y a une aura mystique qui plane au-dessus d’eux, comme une force inéluctable que l’on ne contrôle pas, qui leur échappe. Jawad dit qu’il ne va pas aux enterrements pour ne pas être refroidi, il ne veut pas se confronter à la réalité. Pour lui, la seule façon d’arrêter, c’est d’avoir un enfant, alors que Belka continue malgré la naissance des siens. Ils nourrissent tous deux la même passion et minimisent autant la dangerosité du métier. Belka semble cependant plus lucide. Il ne souhaite pas que ses enfants suivent ses traces car il est conscient des sacrifices qu’il faut faire. C’est comme s’il se sentait obligé, contraint de suivre ce chemin-là parce que les autres voies ne sont pas envisageables. Y vois-tu une sorte de fatalité ou au contraire de survie?

JB : Belka, c’est un personnage vraiment intéressant, plutôt tragique.

Je voyais vraiment la fatalité l’habiter, alors qu’à l’inverse, Jawad me paraît plus nuancé.

JB : Oui complètement. C’est peut-être une question de maturité, je ne sais pas… mais ce que je trouvais beau chez Belka, c’est son histoire un peu tragique, obsédé par son désir d’être reconnu, de gagner et d’être aimé, tout simplement. Son besoin d’acceptation est si fort qu’il en devient dangereux pour lui. On le voit dans le film. Il prend des risques énormes et il lui arrive des choses qui ne sont pas le fun. C’est quelque chose qui me touchait beaucoup de voir son parcours et en même temps, d’être extérieur à tout ça et de ne pas pouvoir intervenir. Quand tu filmes des personnages de documentaires, tu ne peux pas arrêter les gens pour leur dire qu’ils font n’importe quoi de leur vie. Parfois, c’est un peu compliqué de savoir où mettre les limites. On a beau avoir eu des discussions, il me semble que c’est de l’ordre de l’inconscient chez lui. Il n’a pas conscience de cette force, de ce genre de tropisme qui le pousse toujours plus loin, et plus fort.

Est-ce que ce n’est pas le propre de l’homme de toujours vouloir défier ce qui est plus grand que lui ? Le taureau est le roi dans l’arène, il est là pour gagner, mais eux aussi comme tu disais tantôt. Est-ce que les risques qu’ils prennent en valent vraiment la peine selon toi? Un raseteur dira même : « on est là pour montrer ce que le taureau a de meilleur », mais à quel prix?

JB : Oui, complètement. Je pense qu’il y a une part d’inconscience et je ne pense pas que le risque en vaille vraiment la chandelle. Après, c’est mon regard extérieur, dans la mesure où je trouve que les courses sont très dangereuses. Tu peux mourir, tu peux te blesser et te retrouver handicapé. C’est quand même beaucoup de risques de pris pour un montant d’argent peu conséquent. C’est sûr que lorsque tu es dans la ligue la plus haute, tu peux avoir des montants qui commencent à être quand même très intéressants.

C’est fou car malgré sa blessure, Belka hésite à repartir dans l’arène pour ne pas perdre de l’argent. C’est pour ça tantôt que je parlais de déterminisme social, parce que lorsqu’on vient d’un milieu modeste, le rapport à l’argent n’est pas le même. C’est très dur de sortir de son milieu d’origine et de réussir un transfuge de classe. Et je trouve que le film montre bien cette ambivalence par rapport à l’argent.

JB : C’est vrai qu’il y a toujours eu une présence de l’immigration ou d’enfants issus de l’immigration dans les courses camarguaises et ce, depuis le début. Avant les maghrébins, c’étaient beaucoup d’immigrés italiens et espagnols qui pratiquaient cette tradition.

Ils venaient se réparer.

JB : Oui. C’est une forme de réparation, une façon de trouver un ascenseur social qu’ils ne sont pas capables d’emprunter autrement. À quelque part, c’est un peu ce qui se passe également pour les joueurs de football. Tu es bon joueur de foot, on va t’accepter. Mais dès que tu vas commencer à donner ton avis sur des sujets politiques ou autres, rapidement, tu vas te faire remettre à ta place. Il faut rester dans ta case à faire ce qu’on te demande, courir après un ballon pour gagner des millions. C’est quand même assez violent je trouve. Et pour les raseteurs, c’est un peu la même chose.

J’ai trouvé que tu te servais beaucoup de la photographie pour sonder l’intériorité de tes personnages, leur zone d’ombre et de lumière, à l’image d’un premier plan du film où une sorte de split screen naturel horizontal fait cohabiter la noirceur de la nuit avec la lumière de la nature. C’est quelque chose qui reviendra tout au long du film. Était-ce une façon de mettre en image la difficulté de ces hommes qui cherchent encore leur place dans la société Française, entre deux cultures?

JB : Oui, je pense. Notamment pour le début du film, il y avait l’idée de révéler quelque chose avec la lumière de façon très frontale et aussi d’être dans un univers un peu psychique où ils sont face au taureau. Dans le fond, je pense qu’inconsciemment ils aimeraient être le taureau. Ça a toujours été ma thèse parce qu’il est un pur produit du terroir complètement accepté et désiré, vénéré et aimé, tout simplement. Je trouvais intéressant que dans la nuit, dans une sorte de contexte un peu de rêve, il y ait ce face à face entre ces deux personnages et ce taureau. Dès le début, je souhaitais mettre de l’avant la question de la noirceur et de la lumière, du blanc et du noir. Ils cohabitent ensemble mais les limites entre l’un et l’autre restent floues.

C’est comme un moyen de dompter leur peur face à l’inconnu, à l’instar de l’affiche du film?

JB : Pour l’affiche, j’aimais l’idée que l’on voit juste le taureau avec le titre du film « Une jeunesse française » car je souhaitais que l’animal soit un des personnages à part entière. Ça évoquait selon moi quelque chose de très mystérieux. Même dans mes demandes de subvention, je le mettais dans mes listes de protagonistes et j’expliquais que je voulais qu’on sente sa présence. D’ailleurs, j’ai revu le film récemment et j’ai trouvé que ça marchait bien dans le montage. On a vraiment l’impression que c’est un personnage.

Il y a le côté mystique, l’adoration autour du taureau. Ça donne quelque chose d’inaccessible, d’inatteignable et ça fonctionne très bien.

JB : C’est tellement une belle bête. C’est drôle parce que lorsque j’ai commencé le projet, j’avais bien évidemment une idée de ce à quoi ça ressemblait, mais je n’en avais jamais vraiment vu de près. C’est comme si, petit à petit, en apprenant à connaître la culture camarguaise à travers Jawad et Belka, j’avais vu pour la première fois la beauté de l’animal et je comprenais pourquoi leur passion était si forte. Il y a quelque chose de très fascinant autour de l’image du taureau. Plus ça avançait, plus je le trouvais magnifique. Je suis tombé en amour avec la figure du taureau et ce qu’il représente. C’est un animal fascinant de part sa force et son côté sauvage vu qu’ils vivent quand même en semi-liberté en Camargue. Ça m’a beaucoup inspiré. Je voulais que ce soit présent tout au long du film, soit à travers les gros plans de l’animal, soit en jouant avec les métaphores. Je ne souhaitais pas qu’à chaque apparition on le voit de plein pied. J’aimais l’idée que l’on découvre juste un œil, ses cornes, son mufle, la patte avec laquelle il gratte le sol ou encore les statues.

Il y a aussi un plan de camera magnifique qui tournoie sur lui-même, il part du box dans l’ombre pour finir dans l’arène vers la lumière. Les raseteurs ont besoin d’éprouver cette peur dans l’arène pour se sentir en vie, semblables à des gladiateurs allant au combat. Cependant leur combat à eux, il est intérieur et ils payent le prix fort pour suivre leur quête car pour épater le monde, il faut constamment se surpasser. C’est ingrat. Durant une scène, deux vieilles dames dans l’arène commentent le manque d’action par un « on va s’endormir, on souffre ». Et ça en devient complètement lunaire parce que c’est eux qui prennent les risques, mais c’est elles qui souffrent. C’était important pour toi de questionner ces limites? Jusqu’où il faut aller pour contenter le plaisir du spectateur? Finalement, les raseteurs doivent amuser le peuple en tout temps dans un rapport semblable à celui de la téléréalité.

JB : Oui, c’est vrai. Ce que j’aime de la scène avec les deux dames en question, c’est qu’elle n’était pas prévue au départ. C’est mon preneur de son qui m’a signifié avoir entendu parler ces femmes et qu’elles avaient l’air d’être des fans. Je suis donc allé les voir et elles ont accepté qu’on les filme. C’était génial parce que pour moi, ça amenait deux choses. La première c’est l’aspect culturel de la course camarguaise qui n’est pas juste du folklore, mais aussi une partie intégrante de la vie locale et de leur identité. Il faut savoir que des gens vont voir les courses toutes les fins de semaine, ils y prennent des notes et ils tiennent même des comptes rendus. La deuxième, c’est le clash entre les risques que prennent les raseteurs dans l’arène et ces deux femmes qui les trouvent paresseux, critiquant autant leurs actions que les taureaux. C’est quand même violent d’une certaine manière parce que les gars prennent des risques énormes dans l’arène.

C’est une scène qui peut faire sourire car il n’y a pas de malhonnêteté de la part des dames. Pour autant, elles ne réalisent pas l’impact que leurs mots peuvent avoir sur les raseteurs alors qu’ils se démènent et se donnent à leur maximum.

JB : En même temps, je trouve ça beau aussi de voir ces deux têtes blanches, ces dames françaises d’un certain âge qui ont de l’affection pour ces jeunes-là alors qu’ils sont d’origine étrangère. Oui, parfois elles sont intenses, mais elles ont de l’affection pour eux, elles les aiment et elles les supportent. J’aimais beaucoup cette complexité-là dans leur relation. Encore une fois, j’en reviens encore à cette notion de nuance. Je ne voulais pas qu’une scène soit juste à charge ou à décharge. Je préfère jouer sur plusieurs niveaux de lecture car je trouve que ça ramène de l’empathie quand on accorde de la complexité aux gens. Autant ceux avec qui on est en désaccord que ceux avec qui on est d’accord.

Belka raconte qu’il était turbulent petit, que la course camarguaise lui a finalement donné un cadre, un cadre avec lequel tu aimes beaucoup jouer. La course camarguaise est filmée à plusieurs reprises à travers des barreaux, à travers la petite lucarne de nos idées préconçues. Cela peut donner la sensation que pour être libre, il faut être dans l’arène. Mais finalement, sous ses apparats éclatants, n’est-elle pas plus proche d’une prison au vu des contraintes physiques qu’elle comporte?

JB : Complètement. C’est vraiment ça. Je ne voulais pas être dans la glorification du sport et de la performance, bien que le thème de la performance et du déplacement à travers le corps, c’est quelque chose qui m’intéresse beaucoup dans mes différents projets. Je suis toujours dans une position un peu ambivalente par rapport à ça, parce que ce désir de performance-là, notamment à travers le corps, peut devenir destructeur aussi. Autant je trouvais les courses camarguaises magnifiques à filmer même si elles sont terriblement difficiles à mettre en place, autant j’essayais de garder la notion de danger, d’enfermement et de toxicité également très présente. Belka représente bien cette ambivalence. Je trouve ça super qu’il ait trouvé cette passion, une vie et une identité à travers ça.

Ça le sauve j’ai l’impression. Je pense qu’il le dit à demi-mot lorsqu’il raconte le moment où il commencé à vendre des barrettes de shit. On sent que ça a été son chemin de croix et que ce fut salvateur.

JB : Oui, vraiment. Mais la ligne est fine. Tu peux basculer rapidement de l’autre côté jusqu’à ce que ça devienne dangereux et que tu tombes dans les excès. Ça peut très vite devenir une prison. Dans un autre registre, je vois souvent des hommes avoir une crise de la quarantaine et se mettre à vouloir faire des marathons ou des choses dans le même genre avec une intensité malsaine. C’est très bien de vouloir faire du sport, mais peut-être y a-t-il des choses que ces hommes peuvent faire sans aller dans des extrêmes, comme aller voir un psy.

Ils n’ont parfois pas les outils pour travailler sur eux et ils trouvent sûrement dans le sport quelque chose qui les rassure dans cette quête de la performance.

JB : Je pense qu’en tant qu’homme, on grandit souvent avec l’idée que c’est dans le sport, le culte du corps par la performance que l’on devient un homme. Cela soulève plein de questions autour de la masculinité qui m’intéressent beaucoup. C’est quoi un homme, etc. Toutefois, il faut rester vigilant car il y a un danger à ce que ça devienne une forme de prison également, à trop penser que c’est juste à travers le corps et la performance que l’on peut atteindre son plein potentiel.

« Finir 2nd, c’est déjà pas mal » mais pour un des personnages, ce n’est pas assez. J’y ai vu un parallèle avec le reste de ton travail. Film après film, tu sembles être dans une quête intime liée au corps, la rigueur des nageuses synchronisées de Parfaites (ce qu’on a en pensé ici ), le repoussement des limites de son corps et l’addiction dans Adonis. Qu’est-ce qui te fascine autant dans le rapport exigeant que chacun peut entretenir avec son propre corps? Est-ce la notion de dépassement de soi, la validation?

JB : Je ne sais pas pourquoi, mais il y a quelque chose qui me fascine beaucoup dans le corps de d’une façon générale. Je le vois comme un outil de dépassement d’une condition sociale et ça m’inspire beaucoup. Néanmoins, ça peut très vite devenir un danger. Je pense que ça vient aussi peut-être de ma propre relation à mon corps depuis l’adolescence, à mon image qui a toujours été difficile. Mon corps a beaucoup été jugé quand j’étais plus jeune parce qu’en tant qu’homosexuel, il ne répondait pas aux critères de la masculinité de l’époque… trop ceci ou trop cela.

C’est ce que tu explorais dans Adonis justement.

JB : Tout à fait. Je pense que c’est un sujet qui m’interpelle dans mon for intérieur, inconsciemment.

La première chose que l’on voit chez quelqu’un, c’est son corps, c’est sa tête. On juge beaucoup les gens sur leur apparence. Qu’on le veuille ou non, on a des tonnes d’idées préconçues sur tous les types de corps : trop mince, trop gros, pas assez musclé…

Ce qui m’intéresse beaucoup et ce que j’essaye avec mes films, c’est de dépasser ça et de montrer l’humanité derrière les corps. Parfaites, c’était vraiment l’idée. Ce sont des filles qui pratiquent la danse sous l’eau et malheureusement, sur le papier, ça a l’air nul pour beaucoup de gens. Pourtant, elles comptent parmi les meilleures athlètes au monde, mais ce sont des jeunes femmes. À cause du sexisme, on ne l’entendra jamais parce que beaucoup de gens pensent que ce n’est pas un vrai sport, alors que s’en est un des plus difficiles qui soit. Au départ, il y a des clichés et des idées reçues et par la suite, une forme de réparation vers laquelle je tends. J’ai envie de redonner aux gens la complexité qu’on leur enlève parfois socialement.

Pour sortir de la binarité dont je te parlais tantôt?

JB : Oui. Je ne sais pas pourquoi, mais je me rends compte que ça revient beaucoup. Je le vois avec Adonis, je voulais vraiment humaniser ces gens-là. Je ne voulais pas les traiter comme des freaks ou comme des monstres, stupides de surcroît, simplement parce qu’ils sont musclés et qu’ils prennent des stéroïdes. Ils ne sont pas qu’une seule chose. Ce ne sont pas juste des bourrins qui vont juste au gym et ne parlent que de ça. Ce sont aussi des jeunes hommes qui ont une histoire, une humanité, avec des failles et des difficultés à surmonter. J’aime essayer de ramener cette part d’humanité et d’empathie chez eux. J’aime créer des liens entre les spectateurs et les personnages de mes films.

***

Durée : 84 min

Pour voir la bande-annonce : https://vimeo.com/983166175

Crédit photos :  Extérieur Jour-F3M

Le film a été vu dans le cadre du Festival de films francophones Cinemania 2024.

Vous aimerez aussi

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *