Présenté en compétition officielle dans le cadre du Festival de Cannes, Aquarius est un drame brésilien qui raconte l’histoire d’une retraitée en confrontation avec une agence immobilière qui désire racheter son appartement au bord de la mer. ♥♥♥♥
À priori, la prémisse de ce deuxième long métrage du cinéaste brésilien Kleber Mendonça Filho (les bruits de Recife) semble être une recette parfaite pour un mélodrame classique, mais Aquarius est rempli de bonnes surprises et est au-delà des suppositions.
Lorsque Clara (Sonia Braga), une veuve sexagénaire et critique de musique à la retraite, refuse de vendre son appartement situé à Recife (Brésil) où elle a vécu la majeure partie de sa vie, elle se retrouve en conflit avec non seulement une société immobilière très puissante, mais également avec des membres de sa famille qui remettent en question son jugement. Heureusement, Mendonça Filho évite les écueils du cinéma de type « feel good ». Ici, il élabore un drame crédible, complexe et satisfaisant dans son ensemble.
« Quand vous l’aimez, il est vintage. Lorsque vous ne l’aimez pas, il est vieux. »
La clé du succès de cette critique sociale est la présence charismatique de son interprète principale, Sonia Braga, dont la force de caractère, l’intelligence et la vitalité sont essentielles pour le personnage de Clara, une femme persévérante, mais terriblement têtue. En dépit d’avoir été frappé par le cancer du sein dans les années 80 (un prologue révèle les origines de son attachement à ce même appartement) et le décès de son mari, elle a élevé une famille, fait un nom en tant qu’écrivaine et conservée son amour pour la musique et la vie en général.
La performance envoûtante de Braga assure que le spectateur ne la prenne pas par pitié, mais ce dernier espère tout de même qu’elle réussira à surmonter la pression pour survivre aux tactiques de plus en plus agressives de cette agence immobilière déterminée par son rachat — ou, peut-être, lui prouver à quel point il est dangereux qu’une dame de son âge vive seule dans un immeuble dépouillé de ses résidents.
Au fur et à mesure que la narration progresse, Aquarius s’ouvre à d’autres interprétations; en plus d’être une étude rétrospective d’une femme sous oppression, l’œuvre est également un portrait d’une société où beaucoup de valeurs traditionnelles, comme ses bâtiments, sont à risque d’être anéanti tout simplement pour le plaisir de la modernité et de l’argent. La vertu d’Aquarius — le titre, d’ailleurs, fait allusion au nom du bloc où Clara vit — est qu’il ne ressent jamais le besoin de sermonner. Ses idées éthiques, politiques et psychologiques sont soigneusement contenues dans un récit toujours convaincant qui est fluide, pertinent et authentique, surtout dans un contexte économique comme le Brésil où la corruption est de plus en plus problématique.
Aquarius sera présenté dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma le samedi 15 octobre à 18h au Cineplex Odeon Quartier.