Réalisée par l’actrice Maïwen, une docu fiction réaliste et poignante
Le quotidien des policiers de la BPM (Brigade de Protection des Mineurs) ce sont les gardes à vue de pédophiles, les arrestations de pickpockets mineurs mais aussi la pause déjeuner où l’on se raconte ses problèmes de couple ; ce sont les auditions de parents maltraitants, les dépositions des enfants, les dérives de la sexualité chez les adolescents, mais aussi la solidarité entre collègues et les fous rires incontrôlables dans les moments les plus impensables ; c’est savoir que le pire existe, et tenter de faire avec… Comment ces flics parviennent-ils à trouver l’équilibre entre leurs vies privées et la réalité à laquelle ils sont confrontés, tous les jours ? Fred, l’écorché du groupe, aura du mal à supporter le regard de Melissa, mandatée par le ministère de l’intérieur pour réaliser un livre de photos sur cette brigade
« Polisse » une fiction sur sujet réaliste, un film profond, rythmé et vivant.
Maïwenn choisit de faire un film sur la brigade de la protection des mineurs (ceux qui interviennent en cas de pédophilie, viol, enlèvement, abandon, pornographie d’ado…). Sujet grave qu’elle mène sans montrer de scène de violence ou d’ambiance malsaine. Elle choisit de prendre le point de vue de la police en nous plaçant comme les spectateurs d’une équipe.
Nous suivons « Mélissa » jouée par Maïwenn; cette jeune femme intègre une équipe de la BPM pour un reportage photographique, elle sera notre judas pour nous faire connaitre les membres d’une équipe et sa mission.
Ainsi nous sommes les témoins de situations traitées et recadrées par la BPM. Maïwenn montre des visages ordinaires afin d’incarner des actes déviants. Sans les juger, elle leur donne une voix, une justification forcément subjective. Et comme la police on veut entendre pour comprendre, et comme la police on n’aura rien d’autre à faire qu’à entendre du risible au méprisable.
Mélissa intègre progressivement l’équipe et nous découvrons les relations qui se sont tissées entre les membres (empreint de jalousie, transfert, amour). Des relations affectives qui aident à travailler même si parfois elles débordent. Subtilement la question est ouverte : est-ce parce qu’il y a une mission qu’il y a une équipe ou le contraire ?
En parallèle on apprend à connaitre leur sphère privé : certain se séparent, d’autres tentent d’avoir un enfant, d’autres encore tombent amoureux. Chacun vise le bonheur selon son histoire, sa naïveté, son bon sens.
Melissa poursuivant son reportage, nous apercevrons les écueils de la sphère professionnelle (la soumission au supérieur, l’abus de pouvoir, les copinages, la hiérarchie entre les polices, l’absence de reconnaissance…) Et toujours en filigrane la vie qui se larve. Mélissa va se découvrir pleine de contradiction, pas meilleure que les autres. Et le temps passe, les parcours individuels aussi.
Le film est construit entre ses deux courbes, l’identité personnelles et l’identité professionnelle, entrelacées, interdépendantes. L’histoire se terminera d’ailleurs sur un point de jonction. Sans moralité toute faite, sans prétention Maïwenn dépeint des portraits humains, conscients mais pas fatalistes. Elle met harmonieusement en scène des histoires, et laisse à chacun le soin de continuer la sienne.
Déstabilisant mais indispensable ?
critique par: Marika Garguet