« Le tour du monde est ici, dans ce jardin! » – ♥♥♥♥
Dans la Société des plantes, sur une terre agricole de la plaine de Kamouraska, Patrice Fortier cultive et perpétue semences rares et oubliées pour conserver et diffuser la richesse du patrimoine végétal, avec sa poésie et ses brins de folie.
Les silences attentifs des premières minutes nous font suivre le geste, précis et attentionné et le travail souvent solitaire, long et minutieux d’un homme passionné. Son impulsion, son énergie et sa passion communicative transportent le spectateur dans sa fougue et sa folie. Car pour Patrice Fortier, ses plantes sont comme des créatures, qui cohabitent et ont toutes sortes de relations possibles (d’où l’appellation de son entreprise « Société des plantes »). Des liens entre végétaux aux rapports sociaux, la transposition se fait naturellement. Les métaphores de la filiation et de la transmission parcourent ainsi tout le film. Il protège ses semences comme si elles étaient ses enfants, s’en occupant, les soignant, les suivant et connaissant tout de leur histoire, de leurs goûts, de leurs préférences et de leurs caractères. À la fois homme amoureux et père attentif, dévoué et passionné, il prend plaisir à intervenir et laisser faire, se faisant spectateur ému en les regardant s’exprimer, comme dans la scène, extrêmement touchante, où il parle avec beaucoup de tendresse, du roman d’amour entre amaranthe et cyclanthère. De ce rapport aux plantes, très sensuel et tactile, le film est aussi très émouvant en montrant le lien social que cet homme hors du commun a su tisser à Kamouraska et au-delà, avec beaucoup de naturel, de simplicité et d’authenticité. Mais pour Patrice Fortier, l’image et la poésie ne suffisent pas et pragmatique, il parcourt les foires aux semences, où pédagogue et patient, il explique et transmet sa passion, faisant découvrir ces semences avec des mots simples et justes, entre fougue et gourmandise. Sans être militant, ce documentaire magnifique dresse le portrait d’une agriculture à l’opposé des méthodes modernes et industrielles, mais recherchant les méthodes culturales s’inspirant des gestes ancestraux, suivant le rythme de la Nature, la guidant et l’accompagnant. Grande bouffée d’air frais, on voit le plaisir communicatif qu’a pu avoir Julie Perron à suivre la passion et les folies de cet homme pendant près de 4 ans et 100h de tournage. La caméra ne bouge que très peu, laisse le temps d’apprécier la Nature et de faire découvrir un autre artiste, pour qui l’Art fait partie de la vie même et n’a pas besoin d’être épinglé à un mur.
Retrouvez notre entrevue avec Julie Perron
Réalisatrice : Julie Perron, Production : Julie Perron, Image : Geoffroy Beauchemin, Samie Mermer, Alex Margineanu & François Vincelette, Montage : Michel Giroux & Alexandre Leblanc, Son : Claude Beaugrand & Francine Poirier, Durée : 80 min.
ce doc est un bien joli moment passé dans la vie de Patrice Fortier