L’accident de piano : Lorsque Quentin Dupieux rencontre Jackass

France, 2025
★★★1/2

Dans L’accident de piano, le réalisateur français Quentin Dupieux propose une structure narrative plus conventionnelle que pour ses plus récentes œuvres, qui adoptaient un ton décalé et absurde jusque dans la forme du récit. Mais même si le schéma est simple, le propos demeure aussi méta et champ gauche que ce à quoi on peut s’attendre. Sans être dans les grandes œuvres de l’artiste, cette dernière proposition est maîtrisée, efficace et atteint son objectif.

À cause d’une condition particulière qui fait qu’elle ne peut ressentir aucune douleur physique, la jeune influenceuse Magalie (Adèle Exarchopoulos) s’est faite connaître du public par une série de vidéos virales où elle se met en scène, s’infligeant d’horribles tortures. Mais suite à un mystérieux accident impliquant un piano suspendu à une grue, la femme est plus que jamais forcée de demeurer à l’écart des médias, seule dans un chalet avec Patrick (Jérôme Commandeur), son assistant personnel qui lui obéit au doigt et à l’œil. Lorsqu’une journaliste entre en contact avec Magalie, la forçant à la passer en entrevue sans quoi elle pourrait révéler des informations vitales, l’influenceuse est poussée à s’afficher, provoquant le chaos dans ses habitudes.

Fidèle à lui-même, Dupieux propose une histoire qui sort de l’ordinaire avec une galerie de personnages décalés qui pourraient difficilement être crédibles hors de son univers. L’exploration méta qu’on lui connaît depuis les débuts de sa filmographie est moins radicale que dans certaines œuvres précédentes, mais on reconnaîtra rapidement chez le personnage de Magalie la figure de l’artiste marginal qu’est le réalisateur. Sans cesse questionnée sur les raisons la poussant à créer de manière si impulsive et différente, l’influenceuse répondra en entrevue qu’il n’y a pas toujours une raison précise à la création, et que même l’absence de raison peut tout à fait être ce pourquoi un artiste crée. La pensée renvoie à la philosophie de Dupieux, et plus directement au célèbre monologue d’ouverture de son classique Rubber.

On est donc en terrains connus dans la thématique de L’accident de piano. Même si la prémisse est originale et que l’exécution est maîtrisée, on épuisera un peu le sujet avant sa conclusion hâtive. Il n’y a pas beaucoup de chair autour de l’os cette fois-ci, et malgré une œuvre divertissante et exécutée avec brio, il ne s’agit pas d’une majeure de l’artiste. Le film s’inscrit tout de même dans la continuité de l’œuvre de l’auteur préférant sortir plusieurs œuvres courtes et explorer sa philosophie sous tous les angles, même si ces derniers sont parfois un peu plus raboteux.

***
Ce film a été vu dans le cadre du Festival du Nouveau Cinéma 2025.
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Durée : 1h28
Crédit photos : Diaphana Distribution

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