One Battle After Another : L’Amérique pleure dans le rétroviseur de Paul Thomas Anderson

États-Unis, 2025
★★★★1/2

Chaque sortie d’un long-métrage du réalisateur américain Paul Thomas Anderson est un événement dans la communauté cinéphile. Depuis le début de sa carrière, l’artiste parvient à conserver un style éclaté, mêlant humour, violence et intelligence au-travers de sa mise en scène. One Battle After Another ne fait pas exception à la règle. Le film épouse une forme classique permettant au réalisateur d’exprimer son talent en haute voltige, tout ceci doublé par une distribution de qualité et une intrigue engageante.

Avec Inherent Vice, sorti il y a maintenant plus d’une décennie, il s’agit maintenant du deuxième long-métrage du réalisateur adapté d’un roman de Thomas Pynchon. Ici, la satire politique de l’œuvre originale cadre tout à fait avec les personnages complexes et tourmentés que sait déjà mettre en scène Anderson.

On rencontrera d’abord un groupe militant américain, se surnommant les French 75, revendiquant justice sociale, égalité et liberté par des moyens d’action violents. Perfidia (Teyana Taylor), figure de proue de la rébellion, orchestre différents coups avec un maître dynamiteur se faisant appeler Ghetto Pat (Leonardo DiCaprio). Leur chimie révolutionnaire se confondra vite en passion sexuelle et amoureuse, au grand dam du Colonel Lockjaw (Sean Penn), qui voit en l’arrestation des membres du groupe une mission personnelle, tout ceci doublé par une fascination sexuelle grandissante qu’il voue à Perfidia. Lors d’une action révolutionnaire qui tourne mal, la femme est arrêtée par le miliaire, forcée à révéler l’identité des membres de son alliance.

Perfidia ayant trahi ses camarades, le groupe finit par se dissoudre et tous ses membres prennent un nouveau nom, cachés au-travers de l’Amérique. C’est 16 ans plus tard que Lockjaw reviendra dans le décor, voulant retrouver les membres des French 75, particulièrement Bob, qui vit désormais avec une adolescente qui se trouve à être la fille de Perfidia.

Dans One Battle After Another, Anderson se permet donc une satire d’une Amérique raciste, colonialiste, dont la classe dirigeante est composée d’une élite blanche forte, incarnée de main de maître par Sean Penn qui vole la vedette tout au long du film par son interprétation musclée. Mais la véritable surprise est Chase Infiniti, interprétant l’adolescente au cœur de l’intrigue, qui porte finalement le film sur ses épaules avec un jeu précis et puissant. DiCaprio, lui, est fidèle à son habitude, prenant une allure rappelant de plus en plus certains rôles de Jack Nicholson.

Au-delà de sa lecture sociale qui, au final, demeure tout de même plutôt simpliste, faite de personnages grossiers et caricatures à-peine camouflées, c’est la mise en scène du réalisateur qui se démarque. Le travail est maîtrisé, Anderson se permettant quelques moments de tension qu’il étire à leur paroxysme, aidé par la bande sonore hypnotique de Johnny Greenwood qui permet une escalade dramatique d’une grande efficacité. Quelques séquences du dernier acte dont on taira évidemment la nature ici sont des leçons de tension et de montage.

Évidemment, le film ne pourra plaire à toustes. Le filmographie de Paul Thomas Anderson est variée et éclectique, et celui-ci se range davantage dans la zone de There Will Be Blood que dans l’intrigue intimiste du plus récent Phantom Thread. Mais le réalisateur parvient dans son œuvre la plus récente à livrer une histoire de manière claire, précise, avec une énorme efficacité narrative.

***

Durée : 2h50
Crédit photos : Warner Bros. Pictures

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