Passions, tourments de la jeunesse, meurtre et révolution poétique – ♥♥½
Allen Ginsberg, 17 ans, est admis à la prestigieuse université de Columbia à New York. Il y fait la connaissance de Lucien Carr, qui l’entraine dans le monde de la nuit, de la littérature censurée et des drogues. Il y fait la connaissance de William Burroughs, de Jack Kerouac et de David Kammerer, jusqu’à l’assassinat de celui-ci par son amant et protégé.
Après un Howl (Rob Epstein & Jeffey Friedman, 2012) hésitant pompeusement entre documentaire et biopic, ce nouveau long-métrage sur Allen Ginsberg présente ici sa naissance à la création poétique, de son arrivée à Columbia jusqu’à son renvoi de la prestigieuse université. John Krokidas (qui rassemble ici les casquettes de réalisateur, scénariste et de co-producteur) centre son propos sur la relation qu’Allen Ginsberg (Daniel Radcliffe) entretient avec le charismatique et mystérieux Lucien Carr (Daniel DeHaan), jusqu’au meurtre par ce dernier de son protecteur et amant, David Kamerrer (Michael C. Hall). Même s’il montre (de manière assez résumée et superficielle) ses racines, ses créateurs et ses motivations, ce film sympathique, plus que de présenter la naissance de la beat generation, se concentre davantage sur les tourments de l’entrée dans l’âge adulte, entre ouverture à une littérature plus sulfureuse, évacuation des carcans d’une famille dysfonctionnelle et découverte des passions. La photographie de Reed Morano et la reconstitution des décors sont particulièrement bien travaillés et ancrent rapidement le spectateur dans le contexte, mais à mi-parcours, le surdécoupage frénétique inutile et le choix de musiques contemporaines déconnectées du contexte et de l’intrigue nous éloignent du récit. On perd aussi rapidement les personnages secondaires (William Burroughs / Ben Foster et Jack Kerouac / Jack Huston), qui ne restent qu’esquissés, et le film semble alors changer de style, l’intrigue devient quasiment policière, s’engluant sur l’assassinat de Kamerrer et les raisons de celui-ci. Au final, ce qui est surtout ici notable est l’effort, transpirant dans chaque plan, que met Daniel Radcliffe pour faire oublier son personnage de la saga Harry Potter, cherchant à le faire oublier et à s’imposer en réel acteur au travers de quelques scènes plus « adulte ».
Réalisateur/Co-scénariste/Producteur : John Krokidas, Co-scénariste : Austin Bunn, Producteurs : Michael Benroya, Christine Vachon et Rose Ganguzza ; Directeur de la photographie : Reed Morano, Distribution : Daniel Radcliffe, Dane DeHaan, Michael C. Hall, Jack Huston, Ben Foster, David Cross, Jennifer Jason Leigh et Elizabeth Olsen ; Origine : États-Unis, Durée : 104 mins.