Into the forest ou le futur proche placé dans une obscurité réelle : Plus d’électricité, plus d’essence, plus de courant tout simplement. Les deux sœurs d’une famille vivant dans les bois y survivront-elles ? ♥♥♥½
Le dernier film de Patricia Rozema suit le récit de Jean Hegland dont le roman d’anticipation situait son action dans un futur proche non-identifié. Très vite les appareils électriques (bien que sophistiqués) cesseront de fonctionner. Partout sur le continent nord-américain, les populations chercheront à s’en sortir.
En d’autres termes, comment survivre sans électricité ? Au vu de la quasi-entièreté du film, la réponse serait plutôt : « assez bien merci ». Lorsqu’on a une grande et belle maison au milieu de la forêt, forcement il y a de quoi s’occuper et survivre ! Et quand bien même cela durerait des semaines, on trouvera toujours quelques activités sylvicoles et de la nourriture ici et là. On est donc bien loin de Koh Lanta ou Survivor même si le scénario apportera ici et là quelques embuches histoire conserver l’attention du spectateur.
Au-delà de l’histoire finalement moyennement captivante, c’est plutôt la mise en scène et tout l’enrobage du film qui est lui, réussi. Si le style est très loin des inspirations européennes, on n’est jamais trop proche des comédiens et la photo est superbe (rappelant par moment les plus beaux plans de Ex-Machina). En outre la musique et le montage prennent une part primordiale qui permet au film de réserver certaines séquences magnifiques et particulièrement intenses.
C’est d’ailleurs de ce film d’Alex Garland que nous pourrons rapprocher Into the Forest. Les deux évoluent dans un futur extrêmement sensoriel et où la nature prend une place importante. Aux couleurs vertes de la photographie s’ajoutent un mixage sonore fort à propos et qu’il conviendra d’apprécier comme une œuvre d’art (et la comparaison s’arrêtera là puisque Into the Forest n’est pas science-fiction pour deux sous)
Vendu comme mettant en vedette Ellen Page, le film fait pourtant la place encore plus belle à Evan Rachel Wood dont le personnage évolue tout au long du film. La jeune comédienne se révèle la belle surprise d’un film huit-clos parfait pour les deux comédiennes.
Œuvre singulière définitivement tournée vers les arts et la nature plutôt que vers un récit à rebondissements Into the Forest n’est donc pas le thriller anxiogène annoncé. Les spectateurs avides d’œuvres libres sensorielles devraient toutefois y trouver leur compte !