Abderrahmane Sissako

Sur la scène mondiale, le cinéma africain a sans l’ombre d’un doute la plus petite part du marché. Parmi la petite poignée de cinéastes à avoir une réputation enviable à l’international, deux sont notoires: le tchadien Mahamat Saleh Haroun (voir article d’Éloi Mayano-Vinet sur le cinéma Black) et Abderrahmane Sissako. Cette année, c’est la deuxième présence officielle de Sissako. La première remonte à 2002 quand Heremakono avait été sélectionné dans le programmation d’Un Certain Regard. Aujourd’hui, c’est pour la sélection officielle que Le Chagrin des oiseaux (ou Timbuktu) est retenu. En occident, Sissako est surtout connu pour deux films: La Vie sur terre, son premier véritable long métrage, sorti 1998 et faisant partie d’un série de films produits par Arte sur le passage à l’an deux mille et Bamako sorti en 2006, film qui a remporté le Prix Lumière du Meilleur film francophone.

Sissako est un cinéaste de peu de moyens, un faiseur de vues (pour reprendre l’expression de notre ami Robert Morin) qui tricote ses trucs avec des bouts de ficelles. C’est le cinéma de la simplicité, mais toujours sans être simpliste. La Vie sur terre est un film sur la communication: il montre les gens du village de son père se 358331battre pour avoir un moyen de communiquer avec le monde extérieur. Il y a un plan du film qui montre une affiche gouvernementale où il est inscrit : « Notre priorité, un téléphone pour tous« . Pour ce village, il n’a qu’un téléphone qui marche par intermittence. Le moyen de communication le plus fiable reste toujours le vélo pour aller directement parler a celui ou celle à qui l’on a quelques choses à dire. La bicyclette est d’ailleurs omniprésente dans son film. Sissako nous montre cette précarité des communications de façon douce-amère, voir mélancolique,  presque bucolique,. Plus son film avance et grâce au contraste avec la vision extérieure donné par la radio qui 1311961000Bamako_Postertransmet les nouvelles sur du passage au nouveau millénaire à travers le monde, le ton se durcie et se finit par une citation citation de Aimé Césaire à la fois optimiste et revendicatrice.


Bamako
pousse encore plus loin le coté revendicateur. Le film mets en scène un procès imaginaire contre le FMI. La forme du film est particulière et percutante, le procès se trouve dans la cour arrière d’un immeuble d’habitation. Les revendications et les attaques envers les pays colonisateurs ne sont plus atténuées que par une mise en scène remplie de mélancolie, comme c’était le cas dans La vie sur terre, elles sont finalement franches et directes. Les constats exposés sont attristants, le procès est sans fin véritable, mais le film s’achève avec le suicide de l’un des protagoniste. Si verdict il y a, il est fatal!

Pour son 4e film, Le Chagrin des Oiseaux, Sissako semble adopter une forme plus conventionnelle, mais le propos ne semble pas moins grave.

 

Laurent

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