western post-crépusculaire ? ♥♥½1870, Amérique. Lorsque John tue le meurtrier de sa famille, il déclenche la fureur du chef de gang, Delarue. Trahi par sa communauté, lâche et corrompue, le paisible pionnier doit alors traquer seul les hors-la-loi.
Loin du transcendant There Will Be Blood du grand Paul Thomas Anderson, The Salvation du cinéaste Danois Kristian Levring propose plutôt un western à la Wild Bunch (Peckinpah) ou à la Unforgiven (Eastwood). Pas exactement crépusculaire puisque beaucoup trop en retard, on pourrait le qualifier de post-crépusculaire. Dans ce déchaînement de violence, il n’y a désormais plus aucunes places pour le Good, il ne reste que des Bads et des Uglys.
Présenté hors compétition à Cannes en 2014, le film n’a malheureusement pas jouit d’une longue vie en festivals. Le manque d’originalité du scénario, qui n’avait pas les déconstructions jouissives des westerns crépusculaires, n’a pas empêché le film de proposer une horde de petits éléments qui rendent le film pas si mal. En fait, le film commence de manière plutôt singulière. Un immigrant danois va cueillir à la gare sa femme et son fils qui viennent le retrouver en Amérique. Cette petite touche historique permet une entrée en matière rarement vue dans le genre. Puis, jusqu’à la moitié du film, la rencontre avec les truands américains, le viol de sa femme et la mort de son fils ainsi que la vengeance de John (Mads Mikkelsen) sont des séquences très rafraîchissantes. C’est la deuxième moitié du film qui se gâche où rapidement, les fusillades s’enchaînent et les surprises s’estompent. Néanmoins, le requiem de guitare sèche qui, longtemps après la fin du film, reste en tête, propose une certaine fatalité du genre, un univers où seul la mort est certaine, même celle du western crépusculaire.
La vengeance de John Mads Mikkelsen
Par ailleurs, le choix de Jens Schlosser (directeur photo) de tourner avec la Arri Alexa Plus rend les paysages sud africains (eh oui, ça été tourné en Afrique!) vraiment spectaculaires. L’image est si détaillée qu’on oublie rapidement les vieux westerns à l’image râpeuse et trop contrastée…En revanche le filtrage nuit est techniquement moins réussi.
Oubliez également tous ces plans de duel à la Sergio Leone. À part quelques plans symétriques intéressants, le film ne propose rien de très inhabituel.
Je dois bien avouer que le casting de TOUS les personnages a été bien réussi. Chacun des acteurs du film suscite une crédibilité qui permet de plonger rapidement dans l’univers du film. Et que dire de Mads Mikklesen, à part qu’il est remarquable. On pense tout de suite au violent Valhalla Rising de Nicholas Van Refn. Guerrier silencieux, cet acteur n’a pas besoin de parler. Comme Clint Eastwood dans ses nombreux westerns, Mads Mikkelsen a le regard de l’emploi. Mais est-ce suffisant pour suggérer que le genre mérite encore qu’on s’y attarde !? Il y a certainement encore une place pour de bons westerns, mais ceux-ci devront attaquer par la démythologisation plutôt que de par le déchaînement de violence ! On ne sait jamais, peut-être à Denis Villeneuve l’occasion d’en faire quelque chose de surprenant !!
Auteur: Simon Plan