Drame, nature et relation père-fille – ♥♥♥♥
Accusé d’un crime, le père de Hella risque la prison et elle d’être placée en famille d’accueil. Hella (Clara Christiansson) décide alors de fuir dans les bois, avec lui pour échapper aux autorités. Leur rencontre avec la nature et leur lutte pour la survie change les rapports qu’ils entretenaient jusque là.
Ce film au thème sombre, interroge la culpabilité, la relation père-fille, le courage et la résolution, sans jamais sombrer dans la facilité, l’exagération ou la surenchère. Ce magnifique portrait d’une jeune fille abandonnant définitivement l’enfance et sa naïveté pour se construire face à la vie est porté par une formidable jeune actrice au jeu sobre, juste et troublant. On ne sait quasiment rien des personnages au début et c’est au fur et à mesure, en suivant leur évolution et leur introspection face à la Nature, que l’on en apprendra davantage, par bribes très adroitement dispersées. Leur fuite désespérée dans la forêt nordique, dans leur sanctuaire, les mettra à l’abri des lois des Hommes pour se retrouver comme une famille et dénouer les non-dits et les points de friction, tout en sachant que cela ne pourra durer qu’un temps. Cette découverte de la Nature comme pure et reposante, curative des maux, des peurs et des douleurs, est très bien rendue par les prises de vue. Le grand angle montre la force vive de la Nature, son caractère immuable et la petitesse de l’homme en son sein. Les plans rapprochés capturent à l’inverse le désarroi de l’Homme et la fragilité de son existence. Les circonstances extrêmes reconstruisent le lien entre un père (Jakob Cedergren, désemparé et dévoré par sa culpabilité) et sa fille (mue par des pulsions de vie et de mort et troublée par la fin de son enfance) et le rêve d’un ailleurs (Faro au Portugal) où tout serait oublié et pourrait recommencer leur semble s’éloigner un peu plus chaque jour. Ce drame n’est cependant pas plombé par ses thèmes et son intrigue mais Fredrik Edfeldt nous offre ici une belle bulle lumineuse accompagnée d’une musique sobre et enveloppante de Gustaf Berger, et cette bulle nous est aussi appréciable qu’on la sait éphèmère.