Nikolaï est un perdant magnifique. À trente et un ans, il mène une vie simple faite de repas frugaux. Il s’adonne à la lecture des grands auteurs mais jamais ne termine les romans qu’il commence. Ne pouvant se plier à aucun horaire, il se sait inapte au travail. Il a de grands projets, de grands idéaux mais, immanquablement et malgré lui, il les perd de vue avant qu’ils ne se concrétisent.
Clara, comme Nikolaï, ne semble pas faite pour ce monde. Elle mène une existence double; enseignante dans une classe de troisième année le jour, fêtarde invétérée la nuit. Elle sort tous les soirs, se saoule, se drogue et couche avec des hommes, des femmes ou les deux à la fois. ♥♥♥
Premier long d’Anne Emond mettant en scène Catherine de Léan (Les hauts et les bas de Sophie Paquin) et Dimitri Storoge, Nuit#1 est un huit clos entre deux êtres qui se sont rencontrés lors d’une soirée. A mi-chemin entre le drame et la réflexion sur le sexe et l’amour entre les êtres, ce film est incroyablement pessimiste malgré les apparences. Lorsqu’il reste à l’état de réflexion passionnelle sur les rencontres, ce film est un bijou, parfaitement maitrisé et bien écrit. Lorsqu’il devient plus personnel, la mule se charge peut-être inutilement décrivant une jeunesse désespérée. La réalisatrice évoque même l’idée de « projet social » (je doute que bien des personnes aient l’idée un jour de se dépeindre aussi méchamment, surtout aux yeux d’un/une inconnu(e)…)
Bien écrit mais frôlant parfois l’exercice de style… (l’unique scène d’extérieure est très chorégraphiée) le tout est un film concept où les dialogues sont souvent très proches du théâtre. C’est intelligent, savoureux parfois même mais pour du cinéma, cela aurait peut-être pu gagné en naturel.