Looking, un sitcom «dramatique» réussi, créé par Michael Lannan et réalisé par Andrew Haigh ♥♥♥♥
Dans les années 2000, HBO révolutionnait la série-télé avec des séries comme Six feet under, The Sopranos, Deadwood, Carnivale, Rome et The Wire , de sa manière de la fabriquer à sa réception critique. Grâce à eux, aujourd’hui, la série-télé n’est plus considérée comme le petit frère pauvre du cinéma, mais comme un cousin qui partagerait ses ambitions. Si, dans les premières années de cette nouvelle ère, HBO était sur un piédestal, maintenant presque tous les grands canaux ont adopté les barèmes HBO.
Si cette nouvelle vision de voir la télévision a changé drastiquement les dramatiques, les sitcoms, quant à eux, sont restés fidèles à leur forme d’antan avec leurs gags récurrents, leurs clichés et leurs rires en cannes. 2 Broke Girls, Rules of Engagement ou New Girl n’ont, outre un langage plus coloré, rien de plus à offrir que I Love Lucy et the Dick Van Dyke Show. Looking, avec quelques autres produits HBO récents (Girls, Veep, Bored to death, How to make it in America et le précurseur de tous, The Entourage), tente de changer la donne. En fait, ce que fait HBO, c’est voir le sitcom comme une dramatique qui durerait une demi-heure au lieu d’une heure, disons une dramatique plus légère.
Adieux aux rires en cannes, adieux aux gags usés, adieux aux décors de plateaux, Looking, à instar de ses frères cités plus haut, est tourné dans les naturels, sans le côté théâtral qu’ont les sitcoms. Il y a un vrai travail sur la mise en scène, la mise en image, la lumière; le virage cinématographique que les séries dramatiques ont pris, les sitcoms le prennent maintenant. La série est réalisée en grande partie par Andrew Haigh, le cinéaste qui nous a livré Week-end, l’un des meilleurs films LGBT des dernières années. Il apporte son souffle, ses silences et sa délicatesse à un format qui en manquait clairement. C’est toute l’esthétique qui a envahit le cinéma indépendant américain des 15 dernières années qui semble trouver une nouvelle originalité dans le format de la demi-heure.
Dans son récit aussi, Michael Lannan, le créateur et scénariste principal, tente de montrer les choses telles qu’elles se vivent aujourd’hui. On est loin de la provocation facile de Queer as Folk. Au fil des épisodes de cette première année exceptionnelle, on suit trois personnages qui vivent leur quotidien de façon assumée. Et surtout, ils ont le mode de vie de leur salaire. Exemple: l’un des personnages vit dans un sous-sol crado. C’est ce coté réaliste des situations qui manquait beaucoup trop aux sitcoms des dernières décennies (aux versions américaines toutefois). Espérons que le scénariste et le réalisateur garderont cet air d’aller pour une deuxième saison.
Hormis un filtre bleu vert un peu d√©suet, c’est une s√©rie tr√®s honn√™te et int√©ressante sur 3 amis gays de San Francisco
Loin des Chroniques de SF mais assez addictive quand m√™me 🙂