Into the Woods, Promenons-nous dans les bois [Dans les bois]

Comment casser les codes du genre … tout en ennuyant son public ? – ♥½

Adaptation moderne de plusieurs fameux contes des Frères Grimm, Into the woods entremêle Cendrillon, Le petit chaperon rouge, Jack et le haricot magique et Raiponce, en les liant par une histoire originale impliquant un boulanger et sa femme ensorcelés par une sorcière.

into-the-woods-afficheAprès le succès de Maléfique revisitant la jeunesse de la sorcière de la Belle au bois dormant, les studios Disney continuent de revisiter les contes en adaptant au cinéma la comédie musicale de Stephen Sondheim. Quatre contes des frères Grimm sont donc entremêlés pour explorer les conséquences de leurs souhaits, dans une comédie musicale. James Lapine, déjà présent pour la version sur scène, a écrit un scénario qui nous propose de très bonnes idées, de bons moments, mais aussi malheureusement beaucoup de temps morts. On dynamite avec un plaisir communicatif les codes du genre, et de la comédie musicale avec un second degré bienvenu (comme lorsque l’un des personnages, dans un retournement, se demande s’il ne s’est pas trompé d’histoire) mais aussi du conte : les destinées de chacun seront chamboulées, le « happily everafter » est ici oublié et les traits des personnages sont redessinés (comme le prince qui « a été éduqué pour être charmant, pas pour être sincère »). On prend plaisir à ces bouleversements, cette modernité et quelques répliques bien écrites.

Mais Rob Marshall, qui nous avait proposé un excellent Chicago, retombe dans les mêmes défauts de Nine, à la distribution alléchante mais au rendu très ennuyeux. Il continue de mettre en avant des personnages féminins forts, prenant en main leur destin, comme Emily Blunt (la boulangère), quitte à délaisser totalement d’autres personnages (le conte de Rapunzel aurait tout autant pu être mis de côté). Les pièces musicales, assez inégales elles aussi, mettent en valeur la sorcière, plus que la qualité de jeu de son interprête Meryl Streep, en mode automatique. Le réalisateur délaisse les bribes des contes originaux pour s’intéresser aux nouvelles interrelations de tous ces personnages, en offrant à Johnny Depp une apparition tout aussi ridicule qu’hideuse en loup (mention spéciale de la scène la plus kitsch de l’année quand il hurle sous la lune) et au spectateur beaucoup de passages plats et ennuyants.

Le gâchis est d’autant plus regrettable que la maternité, la recomposition de la cellule familiale, l’affirmation de leur individualité par les femmes sont autant de thèmes originaux et intéressants chez Disney et dans la comédie musicale. Proposant aussi un quasi huis-clos dans les bois (d’où le titre Into the woods / Promenons-nous dans les bois), on sent l’inspiration que Marshall a pu avoir de la pièce de Shakespeare le songe d’une nuit d’été, quand, la nuit aidant, les personnages errent, se perdent, se mélangent, se retrouvent et se laissent, avant l’aube où chacun aura vu sa vie changée, à jamais.

Et si vous n’êtes pas encore tannés des adaptations de Cendrillon, sachez que Disney a confié à Kenneth Branagh une énième version « live », qui sortira sur nos écrans l’année prochaine, avec Helena Bonham Carter, Cate Blanchett, Lily James et Richard Madden.

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