Ilo ilo c’est une province des Philippines d’où est originaire Terry, le personnage central de la plus récente caméra d’or du festival de Cannes. ♥♥♥♥
Produit avec un peu moins de 400 000 euros, il est le premier film singapourien à remporter un prix prestigieux à l’international, un prix qui d’autant plus est fort mérité. Il est le portrait touchant d’une famille de la classe moyenne qui se voit dans l’obligation, avec la crise financière, de renvoyer leur bonne dans sa Philippine natale.
Le film joue sur deux niveaux, d’abord dans la relation de la bonne avec le fils de la famille, un apprivoisement et dans une autre mesure la relation de bonne avec la mère de la famille, une confrontation. Si, dans les liens avec l’enfant, le réalisateur Anthony Chen, qui signe également le scénario, reste dans le convenu, c’est dans le rapport avec la mère que le film prend son ambleur. Les rapports de classe ont pour la mère, une importance tel qu’elle se durcit de plus en plus quand, au fil des mois qui passent, elle voit son fils se lier d’un amour maternel avec la philippienne, même quand la famille sombre sous les dettes, elle reste attaché au caste social. Yann yann Yeo, formidable actrice d’origine malaisienne, dans le rôle de la mère, tient à elle seule le film sur ses épaules, elle éclipse tous les autres comédiens, y compris Angeli Bayani qui tiens le rôle portant central du film.
La mise en scène de Chen est agile et délicate, parfois elle fait même penser à Zhuangzhuang Tian (The Blue Kite) ou Edward Yang (Yi yi). Le prix qu’il a gagné, porte pour lui justement son nom, caméra d’or, puisqu’on sent que Chen et son chef opérateur, Benoit Solder, se sont amusé avec leur caméra. Changement de focal, de texture, d’angle, parfois même à l’intérieur d’un même plan, bref une virtuosité technique pour un film hyper-intimiste le tout judicieusement dosé.
Un premier film réussit, qui sera assurément parmi les grands films de l’année!
