Une sympathique succession de vignettes sous un fil conducteur malheureusement indiscernable.♥♥½
Il y a un souhait sincère de lever le voile sur une réalité bien méconnue dans Bidonville : architectures de la ville du future, le dernier documentaire de Jean-Nicolas Orhon. Sa caméra se promène de la Turquie au Québec en passant par Marseille où Bangalore et s’attarde sur ces hommes et ces femmes pour qui cette réalité est quotidienne. On y voit leur vie, leur quotidien, leurs peurs et leurs ambitions dans une société qui, comme le disent plusieurs intervenants, n’aura tôt où tard d’autre choix que de leur donner leur place.
Il y a autant de différences entre les différents bidonvilles qu’entre les différentes villes comme le souligne un interlocuteur et c’est là le principal problème du film. En voulant traiter de façon aussi sommaire un sujet aussi large, on en vient à ne pas cibler beaucoup de choses si ce n’est qu’un portrait sommes tout aléatoires d’une situation complexe. Des bidonvilles de tentes du New Jersey aux bidonvilles de pailles de l’Inde en passant par les maisons de Kitcisakik, les réalités entre les différentes régions sont très différentes et on peine à voir les liens que le réalisateur veut effectuer entre les différents types de bidonvilles, puisque ceux-ci sont définis simplement par un regroupement d’habitations non desservies par les services publics. En 80 minutes, le défi est grand …
En ne s’intéressant guère aux origines des bidonvilles (quelles sont les causes politiques, sociales qui peuvent mener à leur création – un thème qui aurait sans nul doute permis de beaucoup mieux relier les bidonvilles entre eux), le réalisateur se concentre sur l’illustration individuelle de différents bidonvilles et de ceux qui les habitent commentée par des intellectuels et spécialistes de la question (de niveau cruellement inégal). Alors qu’ils auraient été la source idéale pour aider le spectateur à comprendre les réalités associées aux bidonvilles et relier ses différentes réalités entre-elles, il reste également en surface et à un niveau trop théorique ou conceptuel pour véritablement s’imbriquer de façon cohérente dans le récit.
Il en résulte un portrait certes sympathique de ces lieux fascinant, mais une approche qui manque cruellement d’audace. Malgré une démarche que l’on sent authentique et sincère, on peine à y décerner une vision globale et il en résulte peu à peu un effritement de l’intérêt du spectateur qu’on peine à garder intéressé pour l’ensemble de la durée du film.