Until Dawn – Un jeu vidéo, sans le plaisir

Canada, 2025

★★1/2

Avec le succès de produits culturels inspirés de jeux vidéo récents tels que Last of Us ou Fallout, il est de plus en plus fréquent de croiser les adaptations cinématographiques d’expériences vidéoludiques populaires. Le récent Until Dawn, adapté par David Sandberg (Lights out, Annabelle: Creation) est une nouvelle tentative de présenter aux cinéphiles l’attrait du jeu éponyme, paru en 2015. Ce sera malheureusement une transition ardue, alors que la tension et l’attrait principal du matériel d’origine ne se retrouvent pas dans le résultat final, plutôt insipide et peu inspiré.

Si le film Until Dawn ne reprend pas exactement la structure narrative du jeu vidéo duquel il est issu, il en conserve tout de même le contexte et la trame de base. On y suivra une poignée de jeunes adultes, en voyage au cœur d’un mystérieux paysage forestier américain, alors qu’ils tentent de retracer les derniers moments de leur amie Melanie, portée disparue dans cet environnement inhospitalier. Bien vite, le groupe constitué de personnages tous plus stéréotypés les uns que les autres se retrouvera dans enfermé dans un centre d’accueil abandonné, traqué par des présences surnaturelles qui les assassinera les uns après les autres…

… Jusqu’à ce qu’ils reprennent vie, revenant à leurs esprits quelques moments avant leur horrible décès. Le groupe semble avoir droit à une nouvelle chance de survivre à cette chasse à la mort, tout comme dans le jeu Until Dawn, où plusieurs fins pouvaient être atteintes par la personne ayant le contrôle de la manette, selon les choix pris en cours de partie. Le groupe en apprendra donc davantage sur l’univers dans lequel ils sont prisonniers, analysant les forces et les faiblesses de leurs effrayants ennemis jusqu’à développer une stratégie optimale pour mieux s’en sortir.

Le concept assez intéressant (bien que déjà vu plusieurs fois au cinéma, comme le mentionnera même l’un des personnages lors d’une des nombreuses boutades autoréférentielles du récit) n’est toutefois pas exploité à sa juste valeur. Alors qu’on aurait pu exploiter les différentes avenues et choix moraux à prendre dans chacune des variations de la soirée meurtrière, laissant ainsi place à de nombreuses situations de tension qui auraient alimenté le récit, on préférera aller dans des avenues drastiquement différentes à chaque fois. L’aspect répétitif que cette boucle temporelle aurait pu créer, donnant une force narrative à l’ensemble, est donc éclipsé par l’accumulation de situations de plus en plus absurdes, se terminant majoritairement par des scènes de décès peu inspirées. Alors que le jeu comportait son lot de morts sanglantes grotesques, presque la moitié de celles du film consistent en un personnage qui boit une gorgée d’eau le faisant mystérieusement exploser au bout de quelques secondes. Pourquoi? Pas la peine d’essayer de comprendre.

Les règles internes de l’univers qui ont créés sont donc floues et variables. Il est difficile de s’attacher à qui ou quoi que ce soit, tant l’ensemble est régi par des commandements aléatoires qui ne font aucun sens. Bien sûr, on ne s’attend pas à une rigueur réaliste dans ce type d’intrigue, mais l’absence de sens interne ne permet simplement pas de croire à ce qui se passe dans le film. On assiste donc à la mort et la réincarnation de tous ses personnages, luttant contre des monstres moindrement originaux ou intéressants, dans des scènes peu inspirées malgré quelques moments de tension efficace. Mais malgré deux ou trois idées bien senties, l’ensemble tombe à plat très rapidement.

L’idée derrière Until Dawn était pourtant brillante. Il y aurait eu matière à livrer ici un scénario intelligent, à contourner les règles intrinsèques du jeu vidéo et surprendre le public en retournant la forme sur elle-même. Mais, bien qu’on établisse très rapidement dans le film les clichés habituels propre au genre, on ne finira jamais par en faire quoi que ce soit, se contentant d’une structure des plus linéaires, sans surprise, et surtout sans la magie qui a fait du jeu original le succès qu’on lui connaît.

***

Durée : 1h43
Crédit photos : Sony Pictures Releasing

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