Canada, 2025
★★★1/2
Ayant de la difficulté à s’intégrer en société à cause de troubles anxieux sévères, Paul – le sujet de ce nouveau documentaire de Denis Côté – est tout de même parvenu à pallier à ce manque à sa propre manière, dans des paramètres qu’il est en mesure de contrôler. L’homme, offrant ses services sur diverses plateformes en ligne, se propose ainsi pour faire du ménage à domicile, mais pas chez n’importe qui. Il faut que ses clientes soient des femmes fortes, dominatrices, qui soumettront Paul pendant l’exercice de ses fonctions.
C’est donc autour de plusieurs visites chez ses clientes que s’articulera Paul, alors que la caméra de Côté s’immiscera dans ces moments intimes, montrant parfois le visage des femmes que le sujet côtoie lorsque celles-ci le permettent, mais en leur laissant parfois l’anonymat, focalisant ainsi sur la relation entre Paul et ces femmes, et le plaisir qu’il retire aux situations de soumission qu’il recherche.
Paul traite de sujets assez peu abordés dans le cinéma documentaire et le réalisateur a la délicatesse de ne jamais juger les actions de son protagoniste. On aura donc accès à des grands moments de vulnérabilité où l’homme, après quelques séances de domination, se confie intimement aux femmes qu’il côtoie, montrant ainsi une facette plus tendre et bienveillante de ce type de relation de pouvoir, souvent mises de côté lorsqu’on traite du sujet. On ne peut que s’interroger sur la relation entre le documentariste et Paul, dans ces moments de partage où l’homme en dévoile énormément sur son intimité, ses peurs et ses besoins.
Avec sa durée de 90 minutes, le film parvient à dresser un portrait d’ensemble de la situation particulière que vit l’homme, autant sur ses réseaux sociaux que lors de ses visites privées. On ne pourra s’empêcher de ressentir un peu de redites au fil des différentes rencontres, qui finissent malgré tout par se ressembler, et on en demeure à la présentation sommaire du personnage, sans trop l’approfondir.
Dans sa mise en scène, Denis Côté décide parfois de diriger son sujet, laissant place à quelques scènes s’apparentant davantage à de la fiction, à l’image de Paul, suivant docilement les indications qu’on lui propose. Mais le documentaire demeure somme toute de facture assez conventionnelle, respectant l’intimité de son sujet, nous permettant d’en être témoin sans en travestir la vérité.
***
Durée : 1h27
Crédit photos : Mongrel Media
