Récipiendaire d’un prix à Sundance et de plusieurs autres, ce documentaire sur fond d’Amérique protestante et post-industrielle décrit un pays ravagé par le chômage. Mais on a beau avoir un prix à Sundance, on ne plaît pas à tout le monde…♥
Dans le Dakota du nord, une ruée vers l’or moderne attire les chômeurs de tous les coins des États-Unis. À leur grande déception. Le pasteur Jay, entouré de sa famille, les accueille et tente de leur apporter son aide. Malheureusement, la communauté voit d’un très mauvais œil l’arrivée massive de ces travailleurs. Préjugés, crise économique et individualisme auront raison de cet acte de foi.
L’Amérique se dépeint ici dans ce qu’elle a de plus mesquin : écrasement des classes ouvrières par les géants industriels, fermeture d’esprit d’une société individualiste, et bigoterie religieuse.
Le discours et le message de Jesse Moss sont percutants. On ne cessera pendant plus d’une heure et demie de s’offusquer face à la tragédie, ou de rire jaune face à la stupidité de cette Amérique profonde, non éduquée et paralysée dans le conservatisme.
La forme du film est à sa façon également, si américaine. Démonstrative et pédagogue. On retrouve ici une manière de faire le documentaire, par le biais d’une mise en scène appuyée, cherchant plus le spectacle que la confession. La structure narrative est aussi solide qu’un film hollywoodien (à petit budget), faite de retournements de situation et d’un climax époustouflant. On aimera (ou pas).
Le film de Jesse Moss n’est pas mauvais, loin de là. Dans le style décrit ci-dessus, il maîtrise parfaitement son média, et son propos résonne. Mais la sincérité du pasteur nous toucherait si elle n’était pas reconstruite, et par conséquent dénuée de toute spontanéité. Tout comme l’intimité qui se partage avec divers protagonistes, mais semble toujours plaquée. Fort dommage, car la tragédie et la dignité de plusieurs nous donnent envie d’une proximité plus authentique.
The overnighters à tout de l’Amérique. En particulier cette propension à démontrer ses vertus, avec plus ou moins de sincérité, mais toujours en grand.