Première mondiale à Fantasia du premier long métrage de Victor Zarcoff, SLUMLORD s’intègre très bien dans une historicité du genre, celui du slasher.
Claire et Ryan déménagent dans cette magnifique et douillette maison de banlieue, croyant pouvoir donner un nouveau souffle à leur couple. Le propriétaire étrange à l’hygiène douteuse leur donne des frissons dans le dos, mais pas de quoi s’inquiéter. L’absence de sexe et la surdose de travail entraîne Ryan vers une relation extraconjugale. Pendant ce temps, Gerald le propriétaire (tout droit sorti de The Texas Chainsaw Massacre) les espionne, ajoutant chaque jours de nouvelles caméras miniaturisées. Caché dans le sous-sol de leur maison, il savoure chaque moments, spectateur de la plus réaliste des téléréalités, attendant dans l’ombre le meilleur moment pour entrer en scène.
SLUMLORD et les codes du slasher.
Plusieurs choses se distinguent du slasher et c’est justement ce qui rend ce film intéressant. Dès l’ouverture, nous sommes conscient que nous avons à faire à un psychopathe. Mais le cinéaste n’opte pas pour un meurtre sordide en scène d’ouverture, il joue plutôt sur le suspense et sur l’attente. Beaucoup plus près de Psycho et de Peeping Tom que d’Halloween. Multipliant les points de vues sur le réel par ses caméras de surveillance, le film nous plonge dans un thriller hyperréaliste où les personnages sont loin des clichés du genre. Le jeune homme, PJ McCabe, offre d’ailleurs une performance tout à fait juste dans la position du trompeur démasqué. Neville Archambault, le psychopathe, a tout à fait la tête de l’emploi. L’homme au physique à la fois désarticulé et monstrueux nous effraie dès son apparition à l’écran.
Un regard sur la société.
Autre chose qui m’a interpellé, c’est cette idée du Bacon Burger, qui semble être le seul aliment que consomme Gerald. J’aime penser que cette forte présence du hamburger, objet hégémonique du fastfood, est à la fois une réflexion sur une société de surconsommation où le film d’horreur lui-même devient rapidement du fastfood cinématographique. L’idée aussi que des personnages comme Gerald sont les symptômes de sociétés profondément troublées, des sociétés où des Luka Rocco Magnotta jouissent d’une sur-médiatisation inouïe, provoquant un voyeurisme morbide global.
Au final, SLUMLORD s’en tire plutôt bien.
Bref, le voyeurisme pervers reste un sujet extrêmement actuel. Les téléréalités et internet nous positionnent constamment comme voyeur, devenant ainsi trop souvent spectateur plutôt qu’acteur. SLUMLORD, par son approche hyperréaliste est à la fois un beau clin d’oeil aux nouveaux comportements, aux excès et aux débordements, ainsi qu’aux films d’horreur en général. Il réfléchit bien le genre, proposant une vision originale et rafraîchissante. Peut-être seulement la fin à la Tarantino qui m’a énervé, l’humour n’ayant presque pas eu sa place dans le film, elle jaillit à la dernière seconde, nous laissant sur un sourire un peu forcé. Quand même un très beau projet, SLUMLORD saura satisfaire un public avide de suspense et d’horreur!