Drame esthétique – Japon – ♥♥♥♥ – 123 min. – 1591 : Rikyu, le maître du thé, est assigné à résidence. Le chancelier Hideyoshi lui ordonne de se suicider selon les règles du rituel. Il repasse alors dans sa mémoire les évènements de sa vie qui l’ont amené à déclencher les fureurs du pouvoir.
Cette adaptation du roman de Kenichi Yamamoto met en images la vie de Sen no Rikyu, considéré comme la figure historique de la cérémonie du thé, mettant l’accent sur la simplicité rustique, la franchise et l’honnêteté de la démarche de soi.
La reconstitution est minutieuse et esthétiquement sublime. Chaque détail est travaillé, raffiné, tout en évitant la surenchère visuelle. Chaque beauté simple est mise en exergue, comme la pluie sur une fleur d’hibiscus à peine éclose. Ces instants, contemplatifs, parsèment le film sans pour autant le ralentir. Chacun des instants cérémoniels est comme chorégraphié. La quête résolue de la beauté attire les plus grands seigneurs de la guerre autour Rikyu, qui les amène à réfléchir et à faire preuve d’introspection. Comme son nom l’indique (Ri : lame tranchante – Kyu : repos), il s’oppose à certaines décisions belliqueuses d’Hideyoshi, ce qui finit de provoquer sa déchéance auprès du régent. Formellement, rien ne fait défaut au film, chaque acteur participant à la crédibilité de l’ensemble. La musique (Taro Iwashiro) accompagne très sobrement et élégamment le film, sans être trop présente. Mitsutoshi Tanaka nous offre ici un superbe film nous en apprenant davantage sur ce cérémoniel traditionnel, son créateur et sur le Japon de la fin du XVIème siècle.
Sans être une leçon d’histoire, et alors que le dénouement est donné dès les premières images, le film arrive à garder le spectateur rivé à l’écran.