Un film de genre québécois furieusement efficace!♥♥♥½
Les films de genre sont un créneau qui manque cruellement de diffusion dans notre cinématographie nationale. Lorsque nous regardons l’histoire de notre cinéma, les cinéastes reconnus qui s’y sont intéressés se font très rares (on peut penser à Robert Morin ou Robin Aubert). D’où l’importance et la nécessité d’un film comme Pouvoir Intime de Yves Simoneau.
Le film raconte l’histoire d’un gangster prénommé Théo qui s’entoure d’une équipe de truands afin de dévaliser un fourgon blindé dont le contenu est de première importance pour plusieurs personnes. Le plan sera toutefois rudement mis à mal alors que les malfrats se sauveront avec le fourgon blindé et l’un des gardiens coincé à l’intérieur…
À partir d’un fait divers, Yves SImoneau a réussi à développer un suspense d’une grande efficacité qui se dévoile au compte goutte. Après avoir habilement illustré les motivations des protagonistes et le fonctionnement de leur coup, tout s’écroule lors de l’exécution et les spectateurs seront pris à leur siège tant les situations débouleront de façon imprévus pour eux comme pour nous. La tension dramatique progresse efficacement jusqu’à une finale des plus inusitée sans pour autant être dénouée de réalisme.
Les personnages sont décrits très justement; plutôt que magnifiés comme l’était trop souvent la norme à l’époque dans les films de gangsters, ils sont davantage représentés comme de pauvres gens normaux, ne voyant dans leur mesquinerie que la seule façon d’échapper à leur condition misérable vers un monde meilleur (qu’il soit au Brésil ou aux États-Unis). On doit à ce sujet saluer le scénario efficace et sensible coécrit par Simoneau et Pierre Curzi.
Comme le faisait toutefois remarquer Pierre Curzi durant une séance de question/réponse à la Cinémathèque après la projection du film lors du Festival Fantasia, son personnage et celui de Marie Tifo ont un langage assez remarquable pour des gangsters. On avait en effet quelques craintes à voir Pierre Curzi se glisser dans la peau d’un malfrat et celles-ci se confirment lors du visionnement alors que son style d’acteur qui diffère très peu de celui qu’il préconisait dans le Déclin de l’Empire Américain sortit la même année. Il en résulte une paire de gangsters assez atypiques et manquant un peu de crédibilité. Reste que cela entache peu l’ensemble qui demeure au final un suspense bien mené, d’une belle intelligence et d’une rare efficacité.