Une deuxième partie beaucoup plus convenue et à caractère unidimensionnel. ♥♥1/2
C’est plein d’espoir après une première partie prometteuse que je suis arrivé pour découvrir la deuxième partie de Nymphomaniac cette semaine. Ayant finalement réalisé que mes désirs charnels incontrôlables ne seraient sans doute pas plus rassasiés dans la seconde partie que dans la première, je me résignai donc à me concentrer sur le développement narratif et formel laissant de côté mes inhibitions extérieures. Si, malgré les coupures importantes, le premier film m’avait agréablement surpris, je suis resté sceptique face au ton et au déroulement bâclé de la seconde partie du diptyque prouvant encore une fois ma théorie que Lars Von Trier réussi ses films a un ratio constant de 50% .
Le film reprend exactement là où il l’avait laissé avec la simple modification que Stacy Martin sera remplacée très rapidement par Charlotte Gainsbourg. Celle-ci livrera elle aussi la marchandise de façon admirable, mais avec une approche tout autre de son personnage qui témoigne d’une transformation profonde de l’approche narrative. Si celle-ci est indubitablement nécessaire au niveau narratif, elle sera amenée de façon bâclée ou superficielle par le réalisateur qui retrouvera davantage ses bons vieux tics de vouloir en mettre trop plein la gueule du spectateur.
Effectivement, alors que Stacy Martin nous avait habituées à un personnage complexe, expressif et varié, Jo devient (tout comme le film) plutôt unidimensionnelle et on se détache peu à peu de notre intérêt pour elle (comme pour le film). Exit les rencontres diverses hétéroclites, les changements de ton, les ruptures narratives, les effets de mises en scène et les procédés formels ingénieux. Joe plongera rapidement et sans concession dans le côté sombre de son âme pour y virevolter jusqu’à la fin du film dans une atmosphère inquiétante, glauque, qui ne sera pas réchappée par Stellan Skarsgard qui se fait beaucoup plus discret au niveau de ses amusants apartés. Lars von Trier s’efface au profit de cette descente aux abîmes qui a pour conséquence de devenir beaucoup plus banale puisqu’elle ne sera pas réchappée par ses talents de metteur en scène si habilement exposés dans la première partie.
Lars Von Trier semble par ailleurs s’être servie de son alter ego masculin comme d’un porte-étendard personnel à quelques moments clés du film. Alors que le clin d’œil sur la différence entre antisionisme et antisémitisme faisait sourire dans le volume 1, une longue diatribe féministe sortie de nulle part et aussi subtile qu’un film de Lars Von Trier chez les bonnes sœurs est plutôt lourde et rien de plus qu’une réponse malhabile de Lars Von Trier aux critiques qui lui sont systématiquement adressées à chaque film. Ces éléments éditoriaux, si amusants peuvent-ils être dans le cadre du processus réflexif, semblent tout simplement trop en marge de l’histoire pour y être intégré de façon limpide et cohérente.
Ainsi, ce caractère plus simpliste ou unidimensionnel fait en sorte que la progression dramatique et bien ficelée du premier acte se perd complètement jusqu’au dénouement tant attendu. On reprend à ce moment une tension dramatique efficace en appliquant rigoureusement les codes du genre, mais la finale laissera sans doute beaucoup de spectateurs perplexes (le mot est faible) quant aux intentions profondes du réalisateur. Une déception après le premier acte, mais on attend encore la version originale de 5h30 avec impatience.