Un portrait inégal, mais authentique, d’un haut lieu de la culture musicale américaine. ♥♥♥
Memphis, loin d’être le portrait d’un seul homme, est l’illustration de l’âme d’une ville. Scène musicale incontournable des Etats-Unis, elle est ici montrée dans ses particularités et ses recoins qui ont tant charmé et continue de séduire des générations de musiciens qui s’y rencontrent aux confins de styles que tout semble opposer.
Le film prend pour prétexte le chanteur blues Willis Earl Beal, qui tourne et se retourne à Memphis, mais rapidement, la caméra de Tim Sutton en dépasse le cadre. Celle-ci s’immisce si naturellement dans la vie des gens, que les frontières entre la fiction et le documentaire sont floues à plusieurs moments. Certaines scènes, puissantes, dissonantes, surprennent complètement, semblent provenir d’un autre monde. Puis, le film reprend son cours tranquillement.
Ces moments, couplés avec l’atmosphère très moelleuse et légère, illustrent tout simplement magnifiquement la dualité de cette ville avec la folie et l’intensité. La ville d’Aretha Franklin ou de Justin Timberlake qui abrite le fameux Graceland a plus d’un tour dans son sac. La caméra virevolte dans les rues de Memphis, comme dans les forêts des environs dans un portrait éclaté à l’image de ses habitants.
Le documentaire n’échappe pas totalement aux pièges tendus par une approche aussi globale à savoir ; un effleurement de trop de sujets pour une si courte durée (84 minutes) et la perplexité du spectateur face à la présentation d’autant de personnages atypiques dont on peut peiner à voir le lien ou la pertinence. À la fin, nous avons l’impression de n’avoir qu’effleuré un sujet si vaste sur un lieu si mythique. Toutefois, l’authenticité et l’amour pour leur milieu transparaissent dans chaque plan et c’est un cadeau au mélomane doublé d’un festin visuel pour les amoureux du sud des États-Unis.
Bonjour.
Je me permets d’ajouter quelques informations concernant Memphis, ayant assist√© √† la premi√®re du film et √† sa pr√©sentation par le r√©alisateur.
Memphis n’est ni un documentaire, ni une fiction, mais un film que Tim Sutton a construit en temps r√©el, processus cr√©atif qu‚Äôon retrouve d√©j√† dans son film Pavilion, sorti en 2012.
Il est question ici de montrer la réalité du cinéma, dans la continuité des travaux de Jean-Luc Godard et à la Nouvelle Vague, autour des thèmes de la liberté, de l’amour, de l’indépendance, du droit au rêve et au bonheur.
Memphis, ou la captation d’une multitude d’instants de vie, de moments touch√©s par la po√©sie de la culture des personnes rencontr√©es pendant la r√©alisation du film, de la beaut√© d‚Äôun artiste en qu√™te de son identit√©.