Iranien

Le film soulève des questions intéressantes, mais peine à les creuser en raison de la cruelle inégalité de ses intervenants. ♥♥

On peut dire qu’Iranien arrive à un moment bien saugrenu aux Rencontres Documentaires de cette année. En effet, Mehran Tamadon, le réalisateur athée de ce documentaire a choisi d’inviter trois défenseurs de la République islamique dans sa maison familiale en Iran afin de tout bonnement discuter de religion et du la notion de vivre ensemble. Plein de bonnes intentions, le projet sera toutefois rapidement dans une impasse idéologique en raison des points de vue souvent irréconciliables des intervenants.

Rapidement, des questions religieux sensibles sont mises sur la table : l’athéisme est-il une position idéologique comme toutes les autres religions ? Le respect de la femme, d’accord, mais quand est-il du respect de l’homme ? La bonne volonté du réalisateur d’ouvrir un dialogue est rapidement mise à mal et ses intervenants ne se laisseront pas couper l’herbe sous le pied. Loin d’être une discussion ouverte et sensible, c’est bien davantage une argumentation dont le gagnant sera moins décidé par la validité de son opinion que par la qualité de sa rhétorique argumentative.

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Ainsi, le film peine à aller plus loin que les questionnements pertinents qu’il soulève en raison de la cruelle inégalité de ses intervenants, à commencer par le réalisateur lui-même. Animé d’une idée claire, celui-ci ne fait pas le poids intellectuellement face aux  adeptes de la république iranienne (surtout 1, particulièrement érudit et articulé, qui monopolise 80% de l’ensemble des interventions du groupe). Ainsi, lorsque le réalisateur se fait relancer ou confronter, il peine à maintenir le débat et esquive ou concède légèrement certaines interrogations. Clairement, il ne maîtrise pas suffisamment son point de vue et cela transparait face à ses opposants. Pour lui, l’athéisme se semble se résumer à une position de l’inexistence scientifique de Dieu et il ne semble pas pouvoir dépasser ce cadre pour développer son opinion. Dans un documentaire comme Iranien où la seule importance du propos est la qualité rhétorique, le spectateur est rapidement perdu et perplexe face à un cinéaste maîtrisant de façon aussi bancale son propos. Plein de bonnes intentions, il est rapidement dépassé et ne parvient ni à faire contrepoids ni à soulever les contradictions de ses compatriotes.

Ainsi, malgré la présence d’un intervenant de la république iranienne pertinent et intelligent, on peine à voir la pertinence de la présence des 3 autres qui sont muets durant la majeure partie du film. Le peu d’opinions qu’ils émettent, tranchées et difficilement défendables, n’amène pas grand-chose au débat. Le réalisateur mentionne en début de film qu’il a réussi à convaincre 3 défenseurs de la République islamique à venir discuter chez lui ; on se demande si le réalisateur a simplement accepté les 3 seuls qui ont bien voulu de participer.

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