Québec, 2019
Note: ★★ 1/2
Présenté dans le cadre des Rencontres internationales du documentaire de Montréal, le premier long-métrage de la réalisatrice montréalaise Oksana Karpovych se déroule dans les vieux trains d’Ukraine, son pays d’origine. Film qu’on pourrait qualifier de documentaire sociologique, il transporte le spectateur dans le quotidien des Ukrainiens ordinaires, ceux de la classe populaire et ouvrière. Les conversations de tous les jours dressent lentement un portrait social des passagers et de leur point de vue de l’état du pays, là où la dureté du quotidien et le travail façonnent des vies loin du glamour des revues de vedettes américaines.

Don’t worry, the doors will open est un film lent dans lequel le spectateur est amené à se construire lui-même son histoire. La narration est maigre, presque inexistante. Des citations de passagers viennent ponctuer les images de temps à autre, mais ne suffisent pas à soulever le projet pour l’emmener là où il aurait pu aller. Le film se construit essentiellement d’observations filmées, de passagers qui entrent et qui sortent, et de quelques commentaires. Un homme revient quelques fois. C’est le vendeur de journaux. Il nous raconte sa vie d’avant et les conditions de sa vie présente. Il est intéressant, mais la réalisatrice ne reste pas sur lui. Elle montre tout. Elle montre les gens qui débarquent du train dans un plan qui fait presque 3 minutes. On pense aux frères Lumière. Mais nos attentes ne sont pas comblées. Le film avance sans qu’un thème capte suffisamment l’intérêt de la réalisatrice. Elle préfère la légèreté des enfants qui jouent à retenir les portes.
Malgré la petitesse de la trame narrative, on arrive à saisir la situation de ces voyageurs de la classe populaire. On comprend les conditions dans lesquelles ils doivent voyager, et ceci inclut le fait que les wagons ne sont pas chauffés l’hiver. On découvre que depuis quelques années, les prix ne cessent d’augmenter, mais les salaires ne suivent évidemment pas et les emplois se font de plus en plus rares. Puis, on ressent le poids et l’ennui des jeunes qui doivent faire leur service militaire. Au final, l’accumulation de toutes ces petites séquences de vie crée le portrait d’une partie de la population qui ne bénéficie pas de la même chance que d’autres.
Don’t worry, the doors will open est oui, un film lent, où les thématiques et les protagonistes n’ont pas l’extravagance de ce qui fait de certains documentaires, des films vraiment forts. Mais le film de la réalisatrice montréalaise a la volonté de faire connaitre ce pays peu souvent représenté et de tenter d’y souligner quelques-unes des injustices qui y règnent.
Durée: 1h18
Vous trouverez aussi quelques uns des projets de la réalisatrice sur sa page Vimeo. https://vimeo.com/user17358651