De nos jours, de plus en plus de films québécois sont distribués en France (il en va de même pour la Belgique, voir dossier par ailleurs). S’ils ne sont pas forcement promis au succès, il convient d’analyser combien les distributeurs prennent leur boulot au sérieux en révisant tout ou une partie de la communication déjà effectuée.
C’est pourquoi nous avons décidé de comparer un des outils de communication de deux films québécois: L’affiche !
Au crible un succès public, Starbuck, et un succès critique, Inch’Allah.
A gauche l’affiche québécoise: Simple et misant tout sur sa star provinciale, elle ressemble à un collage de diverses photos comme on avait pu le voir il y a de cela quelques années sur l’affiche du Truman Show. Terne, elle ne vendait pas grand chose de plus que la prestation du comédien/réalisateur Patrick Huard. Également au casting les très connus (et très bons) Julie Le Breton et Antoine Bertrand
A droite l’affiche française: Moderne et présentée sous forme de bande dessinée, elle apporte un look actuel et surtout dirige clairement la cible vers les jeunes (enfants ou grands enfants par exemple). Le nom des comédiens (y compris celui de Patrick Huard inconnu en France) n’est même pas visible ailleurs que dans le bandeau en bas et on peut lire une bulle interpellante: « Nous sommes les 533 enfants de Starbuck »
Verdict: Si l’affiche française est clairement mieux réussie que la québécoise, elle dirige aussi légèrement le public faussement, à savoir vers une comédie pour ado…Est-ce qu’un ciblage moins restreint aura garanti plus d’entrées ? Rien n’est moins sûr !
A gauche l’affiche québécoise: Misant tout sur son interprète principale, l’affiche place Evelyne Brochu sur une bonne moitié du cadre. A droite, le mur des discordes et un enfant au loin. Si l’image semble être une photo volée du film, elle reste suffisamment poétique et claire pour annoncer le thème: Une québécoise dans un conflit de religions…
A droite l’affiche française: Beaucoup à dire face à cette affiche. Tout d’abord le rouge du sang est omniprésent. Depuis les lettres des titres jusque la cape de l’enfant qui courre, on ressent beaucoup de violence qui se dégage de cette affiche; violence même qui se retrouve également dans l’image du bas avec les yeux pleins de colère d’Evelyne Brochu. En haut, la présence (maline) de Sabrina Ouazani, assez connue en France pour sa présence dans La source des femmes notamment et surtout un gros encart « par les producteurs de INCENDIES » placé comme un gage de qualité. Pire, le film mise complètement sur ses présences dans les festivals: Berlinale et TIFF notamment…Ce que le public sait moins c’est que la section Panorama de la Berlinale est vraiment une sous-catégorie de la compétition officielle pour l’ours d’or et que nombreux sont les films qui vont au Tiff à Toronto (entre 60 et 80 chaque année même si plus de la moitié ont vraiment marqué l’année)
Verdict: L’affiche française est vraiment vendeuse et réfléchie là où la québécoise est plus poétique. Pour la française, derrière un label « qualité » se cache en fait une volonté claire de trouver son public (et de faire des entrées). L’affiche québécoise vend peut-être moins la thématique que sa talentueuse interprète principale.
7/#/1 Reportage par Syril – 2013-04-24