Irlande, 2019
Note : ★★★ 1/2
Cette fort sympathique comédie d’une quête identitaire d’un adolescent irlandais charme aisément son spectateur. Menée par un duo d’acteurs charismatiques; Fionn O’Shea et Lola Petticrew, les deux amis prétendent à une relation pour éviter l’exclusion due à leur orientation sexuelle. Une comédie attachante sur la violence que l’on se fait pour appartenir et la solidarité qu’on y découvre.
En 1995, Eddie (Fionn O’Shea) est un adolescent ni sportif, ni séducteur, toujours son walkman aux oreilles. Comment alors ne pas se faire remarquer auprès de ses pairs? Amber (Lola Petticrew) sait exploiter les pulsions sexuelles de ses camarades en leur louant un espace discret pour procéder à leurs échanges sexuels. Chacun dans une situation familiale opposée, l’un : des parents qui questionnent leur couple, l’autre : un père absent et une mère peu présente, ils feront équipe pour acheter la paix parentale et s’épargner une ostracisation à l’école.
Dating Amber fait un portrait juvénile dans ses clichés des pairs étudiants, clichés certes, mais toujours divertissants. Ce qui permet de bien établir que ni Eddie ni Amber ne peuvent s’y identifier. Leur union usuelle leur permet alors, à travers différents malaises divertissants, de développer une amitié basée sur l’absence d’appartenance. Ce couple construit sur des démonstrations publiques ancrées dans le malaise mais nécessaires à leur subterfuge leur permet par le fait même de trouver leur identité respective qui sort de l’hétéronormativité. Une solidarité nécessaire, célébrée à travers l’humour dans le film sans jamais perdre la réalité dramatique de leur quête.
La réalisation de David Freyne n’est pas excentrique ou particulièrement originale, mais est au service de ses personnages. Son scénario est comique et sensible. Si d’emblée on pourrait ne pas vouloir regarder une énième histoire de conformité sociale d’homosexuels, Dating Amber a un charisme et une intelligence en pointant en permanence le ridicule de cette conformité que les protagonistes s’infligent (voir le repas où Eddie présente Amber à sa famille). Le ridicule de cette conformité se retrouve également dans la relation entre Hannah (l’aussi excellente scénariste qu’actrice Sharon Horgan) et Ian (Barry Ward) les parents d’Eddie qui questionnent leur bonheur d’apparence. Elle femme à la maison, lui militaire des plus hétéronormatifs.
La beauté du film repose dans ses moments de grâce où Eddie et Amber vivent leur émancipation de toutes ces contraintes, ces violences qu’ils s’infligent. Dans ces moments, la musique y est presque toujours présente. On garde en tête cette scène sensible de fascination de la liberté d’être d’une drag queen qu’Eddie fixe dans un bar gay lors d’une sortie en ville.
Dans Dating Amber, si la différence est en quelque sorte réprimée, elle est surtout célébrée dans sa narration; l’hétéronormativité devenant source de comique. Ça peut être subtil, mais ça fait un grand bien… tant pour ses protagonistes que pour ses spectateurs.
Bande-annonce originale :
Durée : 1h32
Ce film a été visionné dans le cadre du Festival Image+Nation