SCARY STORIES TO TELL IN THE DARK : LES MONSTRES SUR LE SEUIL

Etats-Unis, 2019

Note: ★★★ 1/2

1968, alors que la guerre du Vietnam bat son plein, la petite ville tranquille de Mill Valley en Pennsylvanie se prépare à célébrer Halloween. Après avoir été pris en chasse par les brutes de l’école, un groupe de jeunes adolescents pénètrent dans une maison hantée et découvrent un livre maléfique. Chaque membre du groupe va alors vivre sa propre histoire macabre rédigée par le manuscrit malfaisant.

Quatrième long métrage du réalisateur norvégien André Øvredal, Scary Stories to Tell in the Dark est l’adaptation cinématographique d’une célèbre séries de livres d’épouvante pour enfants parue dans les années 80 et 90. Cette série s’est surtout fait connaitre grâce à ses terrifiantes illustrations accompagnant les récits qui ont traumatisé une génération entière de jeunes lecteurs. Le cinéaste André Øvredal, révélé en 2010 par Troll Hunter, choisit ici d’intégrer différents récits au sein d’un seul film en conservant un fil narratif commun. Choix judicieux quand on sait que de nombreux films d’horreur anthologiques souffrent bien souvent d’un déséquilibre en raison de la qualité variable de leurs segments. Scary Stories to Tell in the Dark n’échappe néanmoins pas à la règle. Certaines des histoires brillent par leur inventivité et leur audace visuelle tandis que d’autres se contentent de coller aux codes éculées de l’épouvante classique.  

André Øvredal et son producteur-scénariste Guillermo del Toro parviennent cependant à insuffler une véritable personnalité au film. En effet, le film d’horreur adolescent retrouve ici ses lettres de noblesse et le groupe de jeunes amis n’est pas sans rappeler certains des meilleurs romans de Stephen King. Scary Stories to Tell in the Dark prend alors des allures de conte initiatique où les les adolescents se retrouvent confrontés à des monstres qui matérialisent leurs peurs les plus profondes. De plus, le récit s’inscrit dans le contexte politique trouble de la fin des années 60 et le spectre du Vietnam plane tout au long du film. Il est ainsi facile de dresser un parallèle entre la perte de l’innocence de ce groupe de jeunes adultes et celle d’une nation toute entière tétanisée par les images de cette guerre insensée. Cette approche n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de certains films de Guillermo del Toro tels que L’échine du diable (2001) et Le Labyrinthe de Pan (2006) qui confrontaient eux aussi des jeunes enfants à des phénomènes surnaturels dans des contextes de conflits armés.

L’amour inconditionnel que Guillermo del Toro porte aux monstres transparaît également dans le film. Les terrifiantes créatures sont l’une des grandes réussites de Scary Stories même si l’on peut néanmoins regretter le rendu un peu trop numérique de certaines. La facture visuelle est cependant l’un des points forts du long-métrage notamment grâce à sa photographie sublime qui joue sur les textures de couleurs et donne au film toute sa dimension féerique. Il est donc assez regrettable que l’écriture ne soit pas tout à fait du même niveau. Réalisateurs de films d’horreur à petit budget, André Øvredal semble parfois un peu dépassé par l’ambition du projet. Et de fait, Scary Stories ne fonctionne que partiellement sur le plan narratif. Les scènes de transition qui entrecoupent les différents récits horrifiques font parfois office de simple remplissage créant ainsi un petit déséquilibre en termes de rythme. On peut cependant saluer la tonalité sombre du film qui s’éloigne des carcans du film d’horreur adolescent classique pour prendre des allures de conte macabre. Le parallèle astucieux avec le contexte politique lui donne également une épaisseur thématique supplémentaire. Malgré ses défauts, Scary Stories to Tell in the Dark demeure donc l’une des bonnes surprises horrifiques de cette année 2019. Année principalement marquée par le très bon reboot de Child’s Play (notre critique) et surtout par Midsommar, chef-d’oeuvre incontestable d’Ari Aster (notre critique).

Durée : 1h51

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