Dangerous Games : Roblox and the Metaverse Exposed

États-Unis, 2025
★★★

Alors que les plus jeunes générations sont la clientèle cible de certaines plateformes de jeux vidéo, s’y rassemblant sous les traits de leurs avatars afin d’y vivre une vie parallèle, ces interfaces demeurent accessibles pour toute personne moins bien attentionnée qui peut s’y réfugier, passant inaperçue parmi tous les personnages colorés. Roblox, cette communauté virtuelle regroupant une tonne de jeux et produits créés par les utilisateurs, est une mine particulièrement fertile pour la créativité, où tout – absolument tout – est possible. Le documentaire Dangerous Games : Roblox and the Metaverse exposed d’Ann Shin s’intéresse à ce phénomène, tout particulièrement aux dangers pouvant guetter le public non averti.

On nous présentera l’univers de Roblox au-travers des yeux d’Alex, une jeune utilisatrice pour qui l’interaction jusqu’ici saine qu’elle entretient avec la communauté est salutaire. Dans sa vie alternative, elle assiste à des concerts, va au restaurant et participe à la vie sociale avec ses amis ayant également leurs avatars virtuels. Mais bien vite, on parlera d’une certaine partie de la communauté rencontrée en ligne, de filles souvent mineures exploitées par des hommes, et d’une sorte d’esprit de prédation qui n’est jamais bien loin dans cette réalité.

Mais les problématiques vont bien au-delà de l’intimidation, alors que le réseau Roblox, permettant aux utilisateurs une énorme liberté de création tout en ayant des règlements et limitations légales plutôt floues, est truffé de groupes radicaux pouvant utiliser la plateforme pour y recruter des nouveaux membres. C’est donc de tout un réseau néfaste dont il est question ici, et tout particulièrement l’histoire d’un homme, concepteur de jeu vidéo amateur, s’étant créé une communauté de très jeunes fans avant que l’on puisse observer son comportement très problématique avec certaines d’entre elles. Le documentaire s’intéressera à cette histoire, du point de vue d’une de ses victimes.

Dans le cadre du film, on rassemblera donc plusieurs adolescentes, chacune ayant un vécu traumatique avec les jeux en ligne. Il est d’ailleurs intéressant d’avoir la perspective de trois personnes jouant dans des univers différents, mais pourtant témoins des mêmes séquences d’intimidation, intolérance et violence virtuelle. C’est le cas de Janae, qui abordera Minecraft et les problèmes de racisme dont son avatar, ayant une peau noire tout comme elle, en était victime au cours de ses sessions de jeu. Ce groupe de personnes partira donc en croisade non pas contre la plateforme de jeux en ligne, mais plutôt dans le but d’ouvrir les yeux à ses dirigeants par-rapport à une réglementation qui n’assure pas la sécurité de ses utilisateurs.

Le format du documentaire est somme toute plutôt conventionnel. Dans la mode actuelle, les premières minutes du film seront consacrées à montrer une sorte de teaser de tout le reste, dans un formatage on ne peut plus académique. Il aurait été agréable de dynamiser davantage, surtout dans un contexte de jeux vidéo, permettant des libertés artistiques et une narrativité qui n’est pas exploitée à son plein potentiel. On sent toujours un peu la mise en scène derrière les événements portés à l’écran, particulièrement au moment où les trois protagonistes se rencontreront et interagiront entre elles. Les discussions qu’elles ont, qui devraient sembler naturelles, sont très clairement mises en scène. Ces considérations formelles sont mineures dans le contexte, mais il aurait tout de même été intéressant d’adopter une approche plus fluide et près de l’humain dans cette partie du documentaire.

Au-delà du format, c’est le message du documentaire qui est le plus important. Et la conclusion de tout cela n’est pas nécessairement de tenir les jeunes loin de Roblox et de toutes ces plateformes qui ne sont pas prêtes de s’éteindre. Il s’agit de s’assurer que celles-ci soient mieux protégées, préparées, et surtout qu’elles prennent la responsabilité directe de ce qui peut s’y passer.

***

Durée : 1h19
Crédit photos : Fathom Films

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