A Thousand Times Goodnight [Mille fois bonne nuit]

A Thousand Times Goodnight d’Érik Poppe est un drame intimiste réussi qui nous plonge dans la vie quotidienne d’une photographe de guerre. ♥♥♥½

Rebecca, parfaitement interprétée par Juliette Binoche,  est une photographe de guerre; lors d’un photo-reportage sur les kamikazes au moyen-orient, elle est lourdement secouée par une explosion. De retour à la maison pour une période de convalescence, elle tente de retrouver sa place au sein de sa famille et de son couple. Pour Marcus, son mari, rien n’est facile. Il tente de se faire accueillant et réconfortant, mais craint de voir sa femme repartir. Il voudrait même la contraindre à ne plus repartir.

L’emphase est mise sur les tentions qui se crées au sein de leur couple. La scène d’ouverture qui nous montre la cérémonie quasi-religieuse qui entoure les kamikazes est magnifique. Filmée avec beaucoup de délicatesse, le spectateur comprend rapidement que si Rebecca est si fascinée par la culture de l’attentat-suicide, du don de sa propre vie pour une cause, c’est qu’elle-même vit cette situation. Elle est convaincue que son métier et les répercutions positives que ses photos ont sur la conscience collective sont beaucoup plus importantes que sa propre vie. Il y a une scène où Juliette Binoche, dans le rôle de Rebecca, a une vidéo-conférence avec l’éditrice du magazine qui doit publier ses photos; les yeux de l’actrice montrent admirablement l’aveuglement de Rebecca envers son métier; elle semble complètement déconnectée du monde.

Des films sur le métier de photographe de guerre ou sur des journalistes qui vont au front, il y a en déjà eu des masse et des forts réussis. De Under Fire de Roger Spottiswoode à The Bang Bang Club de Steven Silver en passant par Profession: Reporter de Michelangelo Antonioni et le magnifique The Story of G.I. Joe de William Wellman basé sur les écrits du correspond de guerre Ernie Pyle, le genre est loin d’être étranger au cinéma.

C’est que ce qu’Erik Poppe, qui signe ici son 4e long métrage, réussit à faire avec son A Thousand Times Goodnight, c’est de nous montrer une autre réalité, celle de ceux qui restent au pays, la famille de ces correspondants qui doivent vivre avec le stress de voir leurs proches partir au front, souvent de façon presque volontaire.

 

On sent qu’Erik Poppe a un réel talent pour le scénario, qu’il co-signe avec Harald Rosenløw-Eeg et pour la mise en scène, qui fut récompensé au FFM en 2013. Parfois, il utilise des procédés poétiques peu convaincant, des ralentis à des moments peu opportuns et au moment de l’accident de Rebecca, il insert un plan du jeune fille dans l’eau. Mais outre cela, le film est d’une grande beauté. Il deviendra, je l’espère, un incontournable pour les admirateurs de l’actrice française.

Laurent

**class!K**

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