Terrifier : Le renouveau du slasher

États-Unis, 2016
Note : ★★★★

Le slasher, sous-genre de l’horreur, est un type d’œuvre cinématographique dont la production a connu une forte croissance depuis plusieurs années. Pourtant, un amateur du style aura de plus en plus de mal à y trouver de la nouveauté et de l’originalité tant la plupart des films se contentent d’offrir des récits meurtriers similaires les uns aux autres. Ils sont caractérisés par la présence d’un tueur, souvent muni d’un masque ou de vêtements permettant au public de le reconnaître aisément, qui va traquer puis tuer un groupe de personnes devenus ses cibles. Parce qu’il est si codifié, le slasher donne naissance à de nombreuses œuvres qui se contentent de répéter sa formule sans pour autant faire preuve d’inventivité. C’est là que Terrifier entre en scène.

Écrit et réalisé par Damien Leone, ce film de 2016 suit deux jeunes filles, Tara (Jenna Kanell) et Dawn (Catherine Corconan) le soir d’Halloween. Après une rencontre avec un étrange clown dans une pizzeria, elles deviennent la cible de ce dernier, se révélant être un dangereux meurtrier.

Ce personnage, nommé Art, qui avait déjà été introduit dans la filmographie du cinéaste et son univers, par The 9th Circle et All Hallows’ Eve, a ici droit à son propre film. Le réalisateur nous propose un métrage gore et violent à souhait, et n’a pas peur de nous montrer de véritables monstruosités visuelles qui sauront plaire aux amateurs du genre. En effet, l’assassin est très inventif et se montre particulièrement créatif lorsqu’il est temps pour lui de prendre la vie. Il va, par exemple, jusqu’à transformer la tête d’un employé de pizzeria en citrouille d’Halloween, juste avant de tout simplement couper la main d’un autre travailleur pour l’empêcher de se saisir du téléphone.

Ainsi, ce qui rend cette fiction aussi mémorable, ce sont l’antagoniste et la position du réalisateur vis-à-vis de la tendance des clowns tueurs. Si ceux-ci étaient déjà très présents dans le domaine de l’épouvante, ils ont été d’autant plus popularisés auprès du public à la suite du succès de It (Andy Muschietti). Leone nous prouve avec Terrifier qu’il est toujours possible de réinventer cette figure, dont l’apogée ne se limite pas à Pennywise.

Ce qui prédestine l’assassin à marquer le genre horrifique est aussi sa personnalité, soit son aptitude à rester fidèle à son image clownesque en toute circonstance, même lors d’actes extrêmement violents. Il redouble de tours de magie, déguisements et farces, tout en restant muet. Art offre au public un véritable spectacle, aussi divertissant que drôle et effrayant. S’il est en voie de devenir un slasher mythique, c’est en grande partie grâce au jeu de David Howard Thornton qui livre une performance honorable et dont les expressions faciales sont d’une justesse à glacer le sang. Elles nous démontrent à quel point un sourire peut donner bien plus froid dans le dos qu’un visage marqué par la colère.

De plus, le cinéaste marque son œuvre d’une esthétique visuelle assumée. La colorimétrie est particulièrement travaillée et donne au film une teinte sombre et bleutée. Même les effets spéciaux conservent un aspect grotesque et ridicule : leur but n’est pas de tendre au réalisme mais de contribuer à l’aspect attractif de la production. Le montage appuie également le regard moqueur et averti du film sur le genre auquel il appartient. Comme l’a fait Scream (Wes Craven), en 1996, le long-métrage utilise avec brio ses codes, faisant du spectateur son complice lors du visionnage. Nous prenons un certain plaisir à voir les personnages ignorer chaque avertissement de danger pourtant si évident, et prendre des décisions de plus en plus stupides et discutables.

Ainsi, Terrifier est le terrain de jeux et d’expérimentations d’un réalisateur qui parvient à proposer une utilisation ingénieuse de la formule du slasher et qui maîtrise avec aisance les spécificités de l’horreur cinématographique. Le clown Art incarne le renouveau du sous-genre, dont les films peinent pourtant à se démarquer les uns des autres. Le film s’adresse aux amateurs de l’effroi et leur propose une œuvre répondant à leurs attentes vis-à-vis du genre, tout en mettant en scène un tueur en voie de devenir emblématique.

***

Durée : 1h26

Crédit photos : Epic Pictures Group

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