Synchronicity

SYNCHRONICITY, le dernier long métrage du réalisateur américain Jacob Gentry, qui avait séduit un public avide d’horreur avec THE SIGNAL en 2007,  saisit dès les premières secondes. Le film met en place son univers froid et sombre, où la technologie est envahissante et la symétrie déconcertante. FANTASIA est choyé d’avoir pu présenté en première mondiale ce sublime film de science-fiction à petit budget.

SYNCHRONICITY raconte donc l’histoire de Jim Baele (Chad McKnight) qui, avec l’aide de son équipe de physiciens, mettent au point une machine à voyager dans le temps. L’immensité des ressources et du financement de ce système complexe amènent des tensions énormes entre l’investisseur Klaus Meisner (le parfait méchant Michael Ironside) et Jim, l’inventeur. Mais là n’est pas le seul combat, il est avant tout primordial de comprendre si le voyage dans le temps fonctionne. Et c’est l’apparition de ce spécimen rare de dahlia, comme de la magnifique Abby (Brianne Davis), qui brouillent les cartes et nous transporte dans un labyrinthe à la Christopher Nolan.

SYNCHRONICITY, un Tech-Noir.

L’atmosphère du film, les décors, les personnages ainsi que la musique font ressortir l’appellation Tech-noir, mélange hybride entre le film noir et le film de science-fiction. Un réjouissant mélange entre Chinatown, Dark City et Blade Runner. Tout y est! L’intrigue labyrinthique gorgée de rebondissements, le protagoniste à la fois scientifique, détective et séducteur, l’univers sombre où l’ombre et le double s’y manifestent sans cesse et un monde dans lequel la technologie amène à la transcendance, mais aussi aux excès. SYNCHRONICITY roule au diesel. Le film avance vite, les questions abondent pour résoudre le mystère du voyage dans le temps. Mis à part un léger ralentissement au milieu du film, histoire d’amour oblige, le film avance sans cesse, gardant le spectateur au bout de son siège. Le visuel du film est impeccable. La lumière bleutée s’y glisse souvent par les fentes des stores, ou par une ouvertures quelconque, rendant l’image parfois douce parfois rude et contrastée. Les décors se prêtent aussi au jeu. Le béton abonde dans cette architecture sublime et symétrique. Les plans de la ville la nuit se multiplient, nous propulsant rapidement dans un futur incertain et inquiétant.

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Une musique incroyable.

Ben Lovett, le compositeur de cette musique incroyablement pertinente est aux côtés de Jacob Gentry depuis ses premiers films. Les synthétiseurs et distorsions envahissent l’univers sonore jusqu’à en jouer un personnage. La présence musicale soulève le film pour l’amener sur des sommets inattendus. Michael Ironside prenait d’ailleurs le micro hier soir dans cette salle enflammée pour mentionner à quel point il ne s’attendait pas à un film aussi réussi. Bref, cette musique complètement inspirée inonde le film de sa puissance et s’empare certainement de l’attention du public. Un travail incroyable de Ben Lovett, vraiment!

SYNCHRONICITY et voyage dans le temps.

Comme dans tous bons films de voyages dans le temps, certaines caractéristiques, qu’on peut souligner comme les nuances des codes du genre, ressortent. Mais ce qui interpelle le plus, c’est avant tout les bouleversements physiques du personnage, sa dégradation. Comme dans The Fly de David Cronenberg (d’ailleurs l’un de ses meilleurs!), sous la pulsion émotive, le scientifique prend un risque énorme et essaie la machine avec son propre corps. S’en suit un dérèglement du corps, un désordre. Dans SYNCHRONICITY, la dégénérescence s’observe par l’apparition d’images de type organiques où l’on voit une sorte de boule noire vibrer dans un liquide orangé. C’est ici la présence des deux Jim dans le même univers qui provoque une sorte de caillot temporel. Puis, le scénario met davantage d’énergie sur l’intrigue du retour sur un évènement qu’on a déjà vu, que sur le voyage dans le temps au sens large du terme. Disons qu’il y a une plus grande rigueur que dans Projet Almanac (que j’avais somme toute apprécié, ce qui avait bien fait rire l’un de mes collègues qui le qualifiait de «puéril» !). Bref, SYNCHRONICITY est un film très surprenant. À la fois sombre et sublime, il rayonne par son efficacité et la jouissance que son écoute procure. Voilà un réalisateur que je suivrai, c’est certain. Merci Jacob Gentry et bravo!

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