Rédemption impossible (Unter menschen)

Retour à la vie et tentative de rédemption – ♥♥♥½

À la frontière entre Autriche et République tchèque, un ancien parc safari, hermétiquement isolé du reste du monde, abrite 40 chimpanzés de l’ancien laboratoire de la société pharmaceutique Immuno, infectés par le virus du VIH et de l’hépatite, traumatisés, bouleversés. Aujourd’hui, les infirmières mènent un projet de réhabilitation unique au monde pour ces primates et les accompagnent dans leur chemin laborieux pour sortir de leur isolement, les resocialiser … et se faire pardonner des expériences subies pendant près de 20 ans.

Unter_menschen_portraitEn commençant leur film avec une caméra déambulant de manière erratique et nerveuse dans un no man’s land indéterminé (l’ancien parc-safari Gaenserndorf), accompagné de bruits et cris assourdissants, les réalisateurs (Christian Ros et Claus Strigel) mettent le spectateur dans le quotidien de ces chimpanzés et de leurs soigneuses: dans un bâtiment retiré du monde, comme oublié de tous, où plus de 15 ans de tests médicaux ont profondément et durablement traumatisé ces animaux, enfermés dans de petites cages, sans contact avec leurs congénères et sans lumière du jour. Puis le calme se fait, une main se tend à l’extérieur d’une cage, comme demandant cette attention, si longtemps refusée et ignorée et l’on voit alors l’amour et la dévotion indéfectible de ces soigneuses, anciennes infirmières du laboratoire, qui se dévouent à ces animaux, semblant de ce fait chercher à se racheter de ce à quoi elles ont participé. Le film prend ensuite une tournure plus politique en enquêtant sur la manière dont le laboratoire IMMUNO a pu importer du Sierra Leone en Autriche près de 40 chimpanzés, pourtant alors déjà classés comme espèce en danger dans les traités internationaux. Leurs conditions de détention sont aussi interrogés, avec notamment la participation de Jane Goodall, éminente primatologue et éthologue, dont les travaux ont profondément transformé les rapports homme-animal. Extrêmement touchant et politique, ce film place le spectateur dans un profond bouleversement émotionnel tout en éveillant son regard critique sur le droit des animaux, les crimes envers ceux-ci et le rapport Homme-Animal comme la métaphore d’un capitalisme déshumanisé.

Réalisateurs : Christian Ros & Claus Strigel, image : Waldemar Hauschild, montage : Julia Furchpays : Allemagne & Autriche, son : Marcus Gruber, production : Claus Strigel, durée : 93 min.

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