Swagger, les fanfarons des RIDM 2016 [RIDM 2016]

Présenté à la 4e journée des 18e Rencontres Internationales du Documentaire de Montréal, SWAGGER, le 3e film d’Olivier Babinet, frappe non pas par sa volonté de traduire une réalité difficile comme par exemple FUOCOAMMARE, le film d’Ouverture des RIDM 2016, Swagger frappe plutôt par sa manière de mettre en scène la réalité ainsi que le quotidien de ces jeunes banlieusards de Paris. ♥♥♥½

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Film qui n’entre définitivement pas dans les critères classiques du film documentaire, Swagger étonne surtout pour sa mise en scène originale dans laquelle la conversation est mise de l’avant. Ce docu-fiction se déroule en majeur parti au collège Claude Debussy à Aulnay-sous-Bois, dans la banlieue parisienne, dans ces gros immeubles inesthétiques où, comme l’une des jeunes filles nous dit d’un ton naïf, mais pourtant perspicace, les gens ne veulent pas habiter. Passés en entrevue chacun leur tour, ils nous dévoilent leurs réflexions sur une multitude de sujets. L’Amour, l’amitié, la famille, un passé parfois douloureux car issus d’une immigration, ce qu’ils aiment, ce qu’ils détestent, etc. Et comme la plupart des documentaires où l’adolescence est mise de l’avant, comme The Mask you live in ou Bienvenue à F.L.,  le réalisateur réussit d’une manière remarquable à obtenir la confiance de ces jeunes. Au point où ils se confient probablement plus qu’il ne se confieraient à leurs parents, ou même à plusieurs de leurs amis.

 

Swagger séduit évidemment par sa forme. Très esthétique par son utilisation de ralentis, de plans stabilisés à la steadycam, d’éclairages expressifs, ce film propose aussi plusieurs plans de drônes et plusieurs mises en scène à teneur oniriques ou fantasmées. Comme la séquence où l’on voit le jeune qui aime la mode marcher dans les corridors de l’école, sous les yeux écarquillés de ses amis, et portant un superbe manteau de poils. Ou la séquence chantée et dansée dans les rues de la ville, style comédie musicale.

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Mais ce qui selon moi charme le plus de ce docu-fiction, c’est la manière dont on a créée des liens entre les différentes entrevues, une forme de conversations entre les jeunes. Les entrevues sont filmées dans plusieurs lieux différents de l’école et pour chacune d’entre elles, deux étudiants sont relativement proches, mais n’entendent pas nécessairement ce que l’autre dit. Or, avec le montage, on renvoie à une conversation entre les différents étudiants en positionnant des visages d’écoute selon les sujets abordés. C’est une idée très originale, très rafraîchissante qui souligne surtout le désir de conversation que le réalisateur désire faire avec les jeunes, et le désir de communication qu’il semble vouloir leur inculquer.

 

Au final, on sort de la projection de Swagger avec un grand sourire de satisfaction aux lèvres, à la fois gorgé de joie d’avoir vu un film qui marie aussi bien le côté documentaire et la mise en scène de la fiction, mais aussi de s’être laissé divertir.

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