Phénix – La guerre de ceux qui ne la font pas

Québec, 2025
★★★1/2

Alors que la guerre en Afghanistan éclate au milieu des années 2000, plusieurs soldats canadiens, jusque-là dépêchés sur différentes bases militaires en attendant leur prochain mandat, sont sommés de rejoindre les troupes et de quitter leurs familles. C’est ce que le soldat Joël Girard (Maxime Genois) apprend au tout début du nouveau film de Jonathan Beaulieu-Cyr (Mad Dog Labine). La mission qu’il attend depuis le début de sa pratique militaire est sur le point d’arriver, mais pourtant, l’homme doit faire face à une réalité qu’il n’avait pas préparée ; faire ses adieux à ses proches, s’assurer de quitter en bons termes sa famille sans savoir s’il reviendra dans le même état qu’il est parti.

Phénix traite donc avec sensibilité de ce moment de latence, ce départ anticipé qui tourmente chaque membre de la cellule familiale, même si chacun d’entre eux ne semble pas savoir comment le vivre ou l’exprimer. Parce que c’était une finalité inévitable, on semble relayer le moment fatidique des adieux à un futur auquel on préfère éviter de penser, mais à l’approche du départ, on ne sait plus comment agir. Pour Joël, les quelques semaines restantes avant sa mission sont l’occasion de se rapprocher de son fils Jacob (Askel Leblanc), en prenant le rôle d’entraîneur de soccer pour l’équipe de ce dernier. Il espère que ses qualités de leader seront suffisantes pour se rapprocher de Jacob, qui vit lui-même l’anticipation du grand départ en s’éloignant tranquillement de son père.

La situation est tout aussi difficile pour Michelle (Evelyne Brochu), la femme de Joël. En plus de vivre l’inquiétude de la séparation tout en complétant ses études universitaires, elle est confrontée au tempérament de son mari. Ce dernier vit en effet un sentiment d’infériorité quant à ses habitudes s’apparentant davantage au corps militaire, milieu qui peut rassembler des individus semblables, n’ayant pas les mêmes réflexes en société.

Le film est une étude de personnages réussie, complexe et sensible, portée de main de maître par sa distribution et rythmée par un scénario brillant. Maxime Genois offre une interprétation particulièrement saisissante, captant la profondeur de son personnage, rendant complètement attachant cet homme qui pourrait d’abord sembler rustre et unilatéral. Le récit surprend par ses relations, même si l’intrigue ne sort jamais réellement des sentiers battus, notamment par-rapport à tout ce qui concerne l’équipe de soccer, histoire bien charmante, mais somme toute classique au niveau narratif.

On sent un travail bien personnel de la part du réalisateur, lequel commente à l’aide de quelques titres introductifs et conclusifs sa propre relation avec la réalité qu’il dépeint dans le film. Et cette proximité avec son sujet est visible par la direction d’acteurs et le traitement de l’ensemble. De ces personnages qui auraient pu s’effacer dans leurs propres clichés ressort au contraire une grande vérité, et c’est ce qui détachera Phénix de l’ensemble.

***

Durée : 1h36
Crédit photos : H264 Distributions

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