Un souffle de vent dans le désert. Un soleil brûlant. Un son résonne, à peine perceptible, celui d’une ogive. It’s Killing Time. L’Irak et l’Afghanistan ne semblent jamais quitter 29 Palms, ce village militaire californien où les Marines reviennent et repartent pendant que leurs enfants grandissent en leur absence. Le vide de cet endroit est lourd, le silence règne, la parole est rare, l’insidieuse solitude prend toute la place. De retour d’Afghanistan, un militaire vide l’entrepôt qu’il a rempli avant de quitter. Il y redécouvre sa moto, belle et bruyante. Son moteur gronde, évoquant dangereusement le son d’un hélicoptère. ♥♥½
Cinéma du réel.
KILLING TIME (Entre deux fronts) est le troisième film de Lydie Wisshaupt-Claudel. On sent d’ailleurs l’expérience puisque la réalisatrice laisse parler le réel. La caméra filme la vie de ces Marines et de leur famille avec un regard neutre. Sans entrevues, sans diriger notre réflexion, elle construit un magnifique film qui, dans la tradition du direct, pose un regard doux sur le quotidien de leur « entre deux fronts », qui se manifeste davantage comme une attente d’y retourner, que comme un plaisir d’être de retour.
La solitude et le vide guident le malaise.
L’auteur évite les entrevues classiques soulignant le pourcentage de combattants affectés par le stress post-traumatique, les dépressions, la solitude, les problèmes de drogues ou d’alcool, etc. Elle laisse plutôt l’image parler d’elle-même, cette réalité est déjà si puissante. La tristesse, la solitude et l’ambiance de vide généralisée se manifestent par elles-mêmes, au travers d’une multiplication des images de la ville. Le rasoir du barbier et le l’aiguille du tatoueur deviennent des motifs récurrents, comme des leitmotiv du malaise latent qui règne au 29 Palms.
Killing Time – Entre deux fronts. Seule conversation.
Puis ils quittent de nouveau, et la ville, déjà désertique, le devient davantage. Ils restent malgré tout, le seul et unique sujet de conversation.