États-Unis, 2019
Note: ★★★ ½
Présenté en première mondiale au Festival international de films Fantasia, 1BR, le premier long métrage de David Marmor (qui était présent pour le visionnement) affichait complet à ses deux représentations et le public de Fantasia s’en est régalé. Un film assurément très surprenant.
Sarah (Nicole Brydon Bloom) vient d’arriver à Los Angeles. À la recherche d’un appartement, elle découvre ce qui lui semble être l’endroit idéal. Situé dans un quartier paisible, le complexe Asilo Del Mar a un appartement de libre. Grand, lumineux et entouré de gens qui semblent si sympathiques, cet espace la fait déjà rêver d’une nouvelle vie. Seul problème, ils n’acceptent pas les animaux. Sarah emménage quand même tout en cachant la présence de son animal. Mais dès la première nuit, des bruits de métal, de tuyaux et de chaudières résonnent dans sa chambre au point où elle n’en dort pas. Personne ne semble avoir entendu ces bruits. La nuit suivante, les bruits continuent. Malgré les bouchons d’oreilles, les nuits sans sommeil s’accumulent et Sarah oublie d’appliquer à l’école de mode pour laquelle elle s’était rendue à L.A. Elle reçoit aussi des lettres qui stipulent que les animaux sont interdits et qu’elle ne respecte pas les règles. Puis, une nuit où elle semble enfin trouver le sommeil, une odeur étrange la réveille. De la fumée provient de sa cuisine. Quelque chose cuit dans son four. Elle remarque encore une note sur laquelle est inscrit « Animaux interdits ». C’est à ce moment que le cauchemar commence.
*Note de la rédaction : certains éléments du texte peuvent dévoiler des points forts de l’intrigue*
J’aimerais vous raconter la suite mais je ne ferais que tout divulgâcher. Je me contenterai plutôt de mentionner que tous ces beaux gens sympathiques qui l’entourent dans ce « trop beau pour être vrai » complexe paisible qu’est Asilo Del Mar font partie d’une secte. Et ils ont décidé que Sarah serait la prochaine membre parce qu’elle comblerait la place de la défunte femme de l’un de leur membres. C’est alors qu’après l’avoir torturée pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines, ils la forceront à lire le livre pour lequel ils prêchent tous, The Power of Community. Ils feront donc lentement mais sûrement le travail que toute bonne secte se doit de faire avec leurs nouveaux membres : les rendre vulnérables par la fatigue, les éloigner de leur famille et amis, leur faire comprendre que la communauté dans laquelle ils évoluent est mieux que celle dans laquelle ils étaient avant, etc. Le processus est long et on vient à se demander ce que Sarah va devenir, car on voit peu à peu sa transformation, même si on continue de croire qu’elle joue peut-être le jeu. Mais le réalisateur et scénariste n’a pas dit son dernier mot. Malgré la lenteur de quelques scènes, la fin du film est extrêmement jouissive, surtout pour un public aussi expressif que celui de Fantasia.
On peut se demander pourquoi David Marmor a voulu traiter de ce sujet. Rapidement, on pense au mouvement raëlien, aux Illuminatis, à la Scientologie, aux Francs-Maçons et à NXIVM (organisation qui marque ses membres au fer rouge comme dans 1BR). Par contre, et contrairement à ces mouvements sectaires, la communauté formée dans le film n’aborde pas de croyances, ni de préférences religieuses spécifiques, ni même de création particulière de l’humanité. Elle semble d’abord évoquer le phénomène de liberté. Les autres ne sont pas libres car ils sont soumis aux désirs de leur individualisme, de leur égoïsme et ils gâchent leur vie. Paradoxalement à cette liberté qu’ils prétendent offrir à leurs membres, les dirigeants de la secte surveillent leurs faits et gestes par l’entremise de caméras disposées partout dans le domaine. Leurs allées et venues sont contrôlées et notées. Big Brother is watching you.
Au final, le film nous fait surtout découvrir un réalisateur très talentueux, qui parvient à raconter une histoire de manière originale, tout en respectant les codes du film d’horreur. David Marmor est à surveiller !
Durée: 1h30
Ce film a été vu dans le cadre du Festival international de films Fantasia 2019.